2. EVOLUTION DU TAUX DE BANCARISATION
Le niveau de bancarisation d'une économique peut
être mesuré à travers plusieurs indicateurs.
· La proportion de la monnaie scripturale utilisée
dans le règlement des transactions commerciales ;
· Le taux de bancarisation qui correspond au rapport
entre le nombre de comptes bancaires et le total de la population ;
· La densité bancaire qui représente le
nombre d'habitants par guichets bancaires ;
Le conseil pour la recherche en relations économiques
internationales, basé à New Dehli a élaboré un
indicateur composite qui permet de mesurer le niveau de bancarisation il s'agit
de l'inclusion financière(IFI), publié annuellement et qui est
calculé sur base d'une batterie d'indicateurs comme le volume de
dépôts, le nombre d'agences pour 1.000 habitants.
Les modes de calcul du taux de bancarisation, il en existe
plusieurs ; trois d'entre eux sont exposés ici, le choix
dépend de l'objectif visé :
Tb=Pc/Pa*100 ; avec n Pc comme nombre des personnes ayant
un compte bancaire et Pa comme taille de la population active
Tb=Mc/Mt*100 ; avec Mc comme nombre des
ménages ayant un compte bancaire et Mt comme total de ménages
Tb=Nc/Pa*100 avec Nc comme nombre des comptes bancaires de
particuliers et Pa comme taille de la population active.
Le raisonnement ci-dessus peut être valablement repris
s'il s'agit de définir la population cible des services bancaires.
Devra-t-elle être la population active occupée, l'ensemble des
ménages, l'ensemble des adultes ou l'ensemble des personnes de plus de
15 ans ou l'ensemble de la population, etc. Chaque définition a un
impact sur le résultat, plus la population considérée est
importante, plus le taux est bas. Quant à nous, c'est la méthode
suivante que nous utilisons :
Tb=Pc/Pt*100
Tableau n°4 EVOLUTION DE TAUX DE BANCARISATION DE
2011à2013
|
2011
|
2012
|
2013
|
Nombre des comptes bancaires
|
1.400.000
|
3.000.000
|
4.900.000
|
Population totale estimée
|
69.200.000
|
69.800.000
|
7.000.000
|
Taux de bancarisation
|
2%
|
4,3%
|
7%
|
Source : Nous-même à partir des rapports
annuels de BCC/2012 et2013
Commentaire : Ce tableau indique
clairement comment le taux de bancarisation est en hausse vertigineuse durant
la période sous étude soit de 2011 à 2013 quittant de 2%
en 2011 à 7% en 2013 ; bien qu'il soit en dessous de la moyenne
africaine qui gravite autour de 18% , cette augmentation très
spectaculaire dénote du dynamisme de l'économie congolaise et
prouve le retour progressive de la banque au centre du quotidien congolais mais
aussi le changement d'habitude dans les moyens de paiements. Ceci
démontre aussi que la population congolaise commence à redonner
sa confiance dans le système bancaire, c'est qui est une condition de
base d'un développement financier qui a comme corolaire la croissance
économique et le développement économique de la RDC dans
la mesure où le système bancaire sera présent et saura
jouer son rôle d'intermédiation et de contrôle pour un
financement efficace de l'économie.
Il importe de souligner que l'amélioration de taux de
bancarisation n'est seulement due à la bancarisation des fonctionnaires
de l'Etat même si son apport reste très déterminant soit
à hauteur de 20%.
Tableau n°5 La part des banques des dépôts
provenant de la bancarisation
|
Nombre des comptes bancaires
|
Frais de tenue des comptes (5%)
|
2011
|
1.400.000
|
7.000.000
|
2012
|
3.000.000
|
1.500.000
|
2013
|
4.900.000
|
24.500.000
|
Total
|
9.300.000
|
33.000.000
|
Source : Nous-même à partir du tableau
n°4
Commentaire : Nous remarquons dans ce tableau une part
très importante que les banques commerciales tirent de ces
opérations de bancarisation de la paie des fonctionnaires de l'Etat,
elles ont vu leurs chiffres d'affaire augmenter de l'ordre de 4.875.000 USD
soit 20% de l'ensemble des comptes bancaires ouverts en 2013, cette situation
est une aubaine pour l'intensification de l'activité bancaire dans la
mesure où l'amélioration des chiffres d'affaires des banques
peut améliorer et augmenter leur capacité d'octroi des
crédits à l'économie ; plus de crédits
à l'économie favorise la consommation et l'investissement ce qui
génère la production et la production diminue le chômage,
ce qui permet aux banques de mobiliser encore plus de ressources, c'est ainsi
que le processus de croissance peut s'amorcer. En outre l'Etat peut tirer
profit en termes de fiscalité.
Tableau n°6 : EVOLUTION DES DEPOTS A VUE ET A TERME(en
milliards de CDF)
|
2011
|
2012
|
2013
|
DEPOTS A VUE
|
1637,2
|
2249,4
|
26263,67
|
DEPOTS A TERME
|
167,6
|
222,1
|
39464,23
|
TOTAL
|
1804,8
|
2471,1
|
302103,9
|
Source : BCC/Bulletin d'information statistique Janvier
2014
Tableau n°7 Evolution des dépôts à
vue et à terme en %
Catégorie des dépôts
|
2011
|
2012
|
2013
|
DEPOTS A VUE
|
90,7
|
91,0
|
86,9
|
DEPOTS A TERME
|
9,3
|
8,9
|
13,0
|
TOTAL
|
100
|
100
|
100
|
Source : Nous-même à partir du tableau
n°6
Figure n° Evolution des dépôts à vue
et à terme en milliards de CDF
Commentaire : Les dépôts
bancaires dans l'économie congolaise sont essentiellement à vue.
En effet la part de ces derniers dans l'ensemble de dépôts
mobilisés par le système bancaire reste autour de 90% , ce
qui signifie que le système bancaire congolais a une marge de manoeuvre
de 9,2% en 2011 ; 8,9% en 2012 et 13% en 2013 pour pouvoir réaliser
l'intermédiation bancaire, alors qu'en moyenne 89% des
dépôts constituent les dépôts à vue, ce qui
est difficile pour financer l'économie étant donné que
pour financer l'économie il faut mobiliser beaucoup plus les
dépôts à terme.
La progression de dépôts notée en 2013 est
positivement corrélée à l'évolution des
dépôts à vue, ces derniers ont représenté 86%
de l'ensemble de dépôts contre 91% une année plus
tôt. Quant aux dépôts à terme, ils ont
augmenté de 4 points d'une année à l'autre, quittant de
8,9% en 2012 pour s'établir à 13,0% en 2013. Cette situation est
due au dynamisme de l'économie congolaise et dénote de la faible
mobilisation des ressources par les banques congolaises. Néanmoins ceci
prouve aussi que la culture d'épargne revient de façon
progressive et cela doit sans doute s'inscrire dans la durée ;
OPPORTUNITES OFFERTES A LA BANQUE CENTRALE
Tableau n°6 Evolution des agrégats
monétaires
|
2011
|
2012
|
Variation
|
Circulation fiduciaire
|
647,5
|
642,6
|
26,9
|
-0,8
|
Dépôts des banques
|
142,6
|
199,7
|
43,6
|
40,0
|
Base monétaire au sens strict(BM)
|
798750
|
849236
|
_
|
_
|
Dépôts des entreprises privées et
particuliers
|
1541
|
2378
|
_
|
_
|
Dépôts des institutions financières non
monétaires
|
7073
|
4575
|
_
|
_
|
Masse monétaire M2
|
2443614
|
2956675
|
|
|
Multiplicateur monétaire (M2/B M)
|
3,06
|
3,48
|
|
|
SOURCE : BCC/ Rapports annuels 2012
Commentaire : L'accroissement de la base monétaire
au cours de l'année 2012 a été localisé au niveau
des dépôts des banques. En effet, ces derniers ont
augmenté de 40% après s'être accrus de 43% une année
plus tôt. Quant à la circulation fiduciaire, elle a connu une
baisse de 0,8% alors que l'année précédente elle avait
augmenté de 26,9%. Il convient de noter que la baisse de la circulation
fiduciaire est due notamment à la hausse des dépôts des
banques s'expliquant principalement par la bancarisation de la paie des
fonctionnaires de l'Etat. Ce qui prouve le changement dans habitudes de
paiement et l'utilisation de nouveaux moyens de paiement dans le chef de la
population.
L'évolution du multiplicateur monétaire
témoigne de l'augmentation de crédits accordés par le
système bancaire en général à l'économie et
le renforcement de l'intermédiation bancaire qui peut être facteur
de croissance économique.
La banque centrale profite encore de cette situation pour
promouvoir les nouveaux moyens de paiement et habituer la population aux
réalités de la mondialisation mais aussi ceci permet à la
banque centrale de mieux piloter sa politique monétaire étant
donné qu'aujourd'hui environ 100 millions USA passent par les banques
chaque mois pour payer les agents de l'Etat au lieu de circuler dans des
mallettes comme c'est fut le cas dans le passé avec toutes les
conséquences incalculables sur la politique monétaire. En outre
le comité de suivi de la bancarisation fait état d'environ
1millions d'USD de crédits bancaires accordés aux fonctionnaires
de l'Etat. Le concours à l'économie s'est élevé
à 1661,6 milliards de CDF en 2012 contre 1217,9milliards en 2011 ;
le ratio des crédits à l'économie rapportés au PIB
s'est situés à 9,7% contre 7,1%
L'évolution de l'encours global des dépôts
prouve que les banques ont été très dynamiques en
matière de mobilisation des dépôts, en effet, elles ont
mobilisé 2471,5 milliards de CDF, soit 36,9% de plus que les
années précédentes. Néanmoins, la capacité
de collecte de dépôts au sein de l'économie congolaise
demeure encore faible en moyenne avec un taux de 14,3% du PIB.
|