IV.3. BESOIN D'UNE VISION DIFFÉRENTE DE
DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR FINANCIER
Il convient de lier le développement du secteur
financier congolais aux évolutions du secteur privé et de
l'économie dans le pays. Banques et établissements financiers
accompagnent le secteur privé ; il faut placer ce dernier dans un
environnement favorable pour que le secteur financier se développe. Il
incombe aux autorités gouvernementales d'accélérer les
réformes visant l'amélioration de l'environnement des
affaires.
Les tracasseries administratives, le manque de clarté
dans l'environnement des affaires, la cascade de taxes et autres contributions
administratives, l'imprévisibilité du système de justice,
les inerties de la bureaucratie, la corruption dans les services publics et la
mauvaise gouvernance entravent l'émergence d'un secteur
privé national dynamique et d'un système financier digne
des ambitions et potentialités du pays. Nous ne pouvons souligner
suffisamment l'importance de ces réformes, dont la mise en oeuvre est
tellement nécessaire pour la création d'emplois,
condition sine qua non à la réduction de la
pauvreté.
Le constat d'échec conduit à prendre des mesures
correctives pour relancer la machine économique de façon durable.
Pour répondre à ce défi de manière pratique et
détaillée. Il semble opportun de modifier la structure et le
fonctionnement du système financier congolais pour l'adapter aux
impératifs de développement économique du pays. La
réflexion doit nécessairement intégrer la réforme
de la Banque Centrale du Congo, à laquelle il incombe d'agir en tant
qu'autorité monétaire et catalyseur du développement du
secteur financier et de celui du marché des capitaux, mais aussi de
mener la restructuration profonde de la monnaie nationale et la
définition d'une stratégie et d'une vision de
développement du secteur financier en accord avec les ambitions de
développement économique d'un pays riche en ressources et
vaste. Un pays qui ne contrôle pas sa monnaie et son système
financier ne contrôle pas son économie. La monnaie est un levier
important de gestion macroéconomique. Une politique monétaire
crédible ne peut être menée au Congo tant que l'on n'aura
pas rétabli la confiance dans le pays et dans sa gouvernance d'une part,
et dans l'économie nationale et le franc congolais d'autre part. Le
franc congolais doit être la seule monnaie ayant cours légal dans
la République, conformément à la Constitution du pays. Les
législateurs et rédacteurs de la Constitution de la
troisième république avaient conçu les choses sous cet
angle afin de mettre le levier de la politique monétaire souveraine dans
les mains de la Banque Centrale du Congo au service du pays et du peuple
congolais.
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