III.3.5. DIAGNOSTIC
Les causes de l'effondrement de notre monnaie sur les quinze
dernières années sont multiples. Au-delà de la crise
financière internationale, il convient d'incriminer l'absence de vision
de développement du secteur financier, le manque de distance suffisante
entre la Banque centrale et la branche exécutive du Gouvernement, les
écarts de gouvernance et les conflits d'intérêts entre
l'autorité monétaire et certaines institutions financières
de premier plan, la qualité insuffisante des produits et services de la
Banque centrale, l'absence d'incitations appropriées pour le personnel
de la Banque centrale, le comportement affairiste de certains de ses dirigeants
et enfin, les ressources inadaptées de la Banque (notamment
infrastructures physiques, systèmes d'information, procédures de
fonctionnement et de gestion de risques).
Ces déficiences amplifient les conséquences dans
un contexte national marqué par un environnement politique instable
durant plusieurs années, le manque de cohésion entre les
politiques monétaire et budgétaire, l'absence de stratégie
cohérente de développement du pays et de politiques
économiques et financières saines, l'absence de discipline
budgétaire et fiscale, l'insuffisance de la production nationale et la
mauvaise gestion des ressources à maints niveaux.
III.3.6. MARGINALISATION DE NATIONAUX DANS LE
SYSTÈME BANCAIRE NATIONAL
La perte de contrôle national du système
bancaire, due à la marginalisation de la participation congolaise dans
l'actionnariat des banques et établissements financiers, résulte
aussi de l'absence de stratégie de promotion claire visant l'implication
des institutions et citoyens congolais dans l'actionnariat et le contrôle
de ces entités.
Bien que nous saluions la formation et le développement
récents de banques et établissements financiers au Congo, la
question fondamentale reste celle de l'adéquation du système
financier tout entier aux besoins de développement du pays. Pour cela,
nous appellons à une prise de conscience nationale pour que la
République Démocratique du Congo se dote sans délai d'une
politique claire de développement du secteur financier soutenant les
ambitions de croissance économique accélérée et
d'un développement économique et social fondé sur le
dynamisme du secteur privé. Sans cette vision, la multiplicité
des petites banques étrangères dotées de maigres fonds
propres, et concentrées pour l'essentiel à Kinshasa et à
Lubumbashi, restera sans impact tangible et réel sur le vécu
quotidien des Congolais et sur l'économie nationale.
|