Annexe 3 :
Article du Nouvel Observateur avec AFP Publié le 20-07-11
à 11:52
Alors qu'a été dévoilé mercredi 20
juillet le plan national d'adaptation au réchauffement climatique, on
est en droit de s'interroger sur ce à quoi ressemblera l'Hexagone une
fois soumis à cette hausse des températures annoncée comme
inéluctable par certains scientifiques. Voici quelques
éléments de réponse.
A quoi faut-il s'attendre en France ?
"Actuellement le réchauffement est perceptible mais pas
dangereux. Le vrai danger, c'est plutôt pour après 2050", rappelle
le climatologue Jean Jouzel. Selon ce scientifique, la température en
France devrait encore gagner 0,5°C à 1°C d'ici à 2050,
mais surtout 3 à 3,5°C en moyenne d'ici à la fin du
siècle "si rien n'est fait contre les émissions de gaz à
effet de serre". On prévoit aussi une modification du régime des
pluies et la montée du niveau de la mer.
Y aura-t-il de l'eau pour tout le monde ?
"L'eau est l'une des questions prioritaires", estime
Stéphane Hallegatte, économiste de Météo-France. On
risque de voir se multiplier des printemps secs comme cette année, avec
une pluviométrie moindre dans des régions déjà
déficitaires, comme le Sud-Ouest, et une possible montée des
conflits entre les différents usagers (agriculteurs, industriels,
particuliers, etc.). Le plan d'adaptation doit comporter des mesures pour
lutter contre les fuites d'eau potable dans les réseaux ou
réutiliser les eaux usées afin de réduire la consommation
globale d'eau de 20% d'ici à 2020.
Faudra-t-il cultiver le maïs dans le nord ?
Pour certaines espèces, le changement climatique
pourrait être bénéfique. Néanmoins, le manque d'eau
va poser des problèmes pour nombre de cultures dépendant
fortement de l'irrigation, comme le maïs. L'une des pistes est de diminuer
la surface consacrée à cette culture au profit de cultures comme
le blé ou le sorgho, moins consommatrices en eau, une autre étant
de délocaliser ces cultures dans des régions un peu plus
septentrionales. Le changement climatique n'est pas non plus bon pour les
viticulteurs, les obligeant à s'adapter à une maturation beaucoup
plus rapide.
Comment alimenter les climatiseurs ?
Moins d'eau globalement, donc moins
d'électricité produite par les barrages et des difficultés
pour refroidir les centrales nucléaires. La production d'énergie
devra elle aussi s'adapter au changement
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climatique, et ce alors que pourrait apparaître
progressivement un inédit "pic de consommation" estival provoqué
par l'usage de climatiseurs.
Faudra-t-il moins d'asphalte en ville ?
Le changement climatique devrait accentuer en ville le
phénomène d'îlots de chaleur urbain, qui fait que la
température est plus élevée en centre-ville qu'en
périphérie en raison du plus grand nombre de surfaces
bétonnées, qui accumulent la chaleur. Les pistes envisageables:
villes plus ouvertes, maillage végétalisé, voire
remplacement de l'asphalte noir par des surfaces captant moins le soleil.
Les médecins auront-ils plus de travail ?
En France, l'un des principaux risques sanitaires sera
vraisemblablement lié à la probabilité de voir se
multiplier les épisodes de canicule, comme en 2003, dans un contexte de
vieillissement de la population. Les allergies devraient aussi devenir plus
nombreuses en raison de pollens plus présents dans l'air, indique Michel
Thibaudon, directeur du Réseau national de surveillance
aérobiologique. En revanche, la possible arrivée en France de
maladies tropicales comme le paludisme est encore quelques chose de mal
identifié.
Les vacanciers préféreront-ils passer
l'été à la montagne ?
Les stations de moyenne montagne semblent "condamnées"
pour le ski en raison d'une diminution de l'enneigement, selon Stéphane
Hallegatte. Mais elles pourraient en revanche devenir la nouvelle destination
à la mode durant l'été, pour permettre aux vacanciers
d'échapper à des températures pouvant atteindre 45°C
dans le sud. Les stations balnéaires vont elles devoir s'adapter
à une érosion accrue de leur littoral avec la hausse du niveau de
la mer. Le Languedoc-Roussillon est ainsi considéré
comme une région à risque.
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