I.2.4. Les réseaux de
télécommunications
Les opérateurs et les industriels des
télécommunications ont une vision des réseaux très
différente de celle des informaticiens. En effet, les contraintes de
l'application de base, la parole téléphonique, sont très
sévères en ce qui concerne la synchronisation aux
extrémités et le temps de traversée du réseau, qui
doit être limite. Au lieu de partir d'un environnement asynchrone, comme
dans le cas des réseaux informatiques, et de l'adapter pour accepter des
applications synchrones, le monde des télécommunications s'est
avant tout soucie du passage d'applications fortement synchrones.
La parole étant de surcroît une application temps
réel, les signaux doivent être remis à des instants
précis dans le temps. On dit que cette application est isochrone pour
bien préciser cette demande de forte synchronisation. La solution
utilisée pour le moment pour résoudre ce problème de
synchronisation est la commutation de circuits, c'est-à-dire la mise en
place, entre l'émetteur et le récepteur, d'un circuit physique
n'appartenant qu'aux deux utilisateurs en relation.
La synchronisation correspond à la remise d'un octet
à intervalle régulier. En réception, un équipement,
le codec, ou codeur-décodeur, transforme la parole en octet a I'
émetteur et fait la démarche inverse au récepteur. Ce
codec doit recevoir les échantillons, composes d'un octet, a des
instants précis. La perte d'un échantillon de temps en temps
n'est pas catastrophique, puisqu'il suffit de remplacer l'octet manquant par le
précédent. Cependant, il ne faut pas que ce processus de perte se
répète constamment, faute de quoi la qualité de la parole
se détériore.
Les réseaux de télécommunications
orientes vers le transport de la parole téléphonique sont
relativement simples et n'ont pas besoin d'une architecture complexe. Us
utilisent des commutateurs de circuits, ou autocommutateurs. Il n'y a plus
d'une vingtaine d'années, lorsqu'on a commencé à imaginer
des réseaux intégrant la téléphonie et
l'informatique, la seule solution proposée se fondait sur des circuits,
un circuit pour la parole téléphonique et un autre pour faire
circuler des paquets de données.
Les réseaux numériques à
intégration de services (RNIS) commercialises aujourd'hui utilisent
toujours la commutation de circuits. La figure 5 illustre un réseau a
commutation de circuits et une ligne de communication RNIS, qui possède
deux circuits.
Figure 5 :
Réseau à commutation de circuits et RNIS.
Le coût de ces réseaux à commutation de
circuits, dans lesquels le taux d'utilisation des circuits est faible lorsque
des paquets de données circulent à l'intérieur, est bien
supérieur à celui d'un réseau informatique à
transfert de paquets. 11 faut cependant résoudre le problème du
temps réel impose par la parole téléphonique. Les
recherches menées au début des années 80 ont conduit les
industriels et les opérateurs de télécommunications
à réaliser que le transfert de paquets était
peut-être la bonne solution pour le transport intègre de
l'information.
C'est de là qu'est né un transfert de paquets
très particulier, appelé ATM (Asynchronous Transfer
Mode), ou mode de transfert asynchrone, qui n'est autre qu'un transfert de
paquets dans lequel tous les paquets ont une longueur à la fois fixe et
très petite. Le monde des télécommunications a connu une
véritable révolution avec l'adoption, en 1988, de cette technique
de transfert ATM.
La technique ATM n'a cependant pas su complètement
résister à l'arrivée massive d'Internet et de son paquet
IP (Internet Protocol). Les raisons en sont simples. Toutes les
machines terminales provenant du monde informatique ont adopté
l'interface proposée par I' informatique, c'est-à-dire justement
la solution IP. Ces machines terminales fabriquant des paquets IP, la vraie
question est devenue : comment transporter des paquets IP? Le monde des
télécommunications admet, depuis le début des
années 2000, que les réseaux doivent posséder des
interfaces IP, mais le débat commence lorsqu'on souhaite définir
comment les paquets IP doivent être transportes d'un terminal a un autre.
Le monde des télécommunications propose. Le monde des
télécommunications propose, comme nous l'examinerons en
détail, d'encapsuler le paquet IP dans une autre structure, telle que le
paquet ATM, puis de transporter le nouveau paquet et de décapsuler ce
paquet à l'arrivée pour retrouver le paquet IP.
Nous avons illustré cette technique à la figure
1.6 dans un cas général, ou le paquet IP est encapsulé
dans un autre qui lui-même, est transporté dans le réseau
de transfert. Le cas de l'encapsulation dans un réseau ATM demande une
étape supplémentaire, consistant à découper le
paquet IP, puisque que le paquet ATM est beaucoup plus petit que le paquet
IP.
Figure 6 :
Encapsulation d'un paquet IP.
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