Paragraphe II : La couverture du risque de taux
d'intérêt
Parler de la couverture du risque de taux
d'intérêt revient à étudier les exigences en fonds
propres, qui sont une donnée non négligeable pour anéantir
ce risque. La convention de Bale a établi une réglementation
concernant les exigences en fonds propres afin de se prémunir contre le
risque de taux d'intérêt. Les fonds propres seront établis
suivant le type de risque de taux que nous avons en face. En effet il y a lieu
de distinguer trois niveau de risque de taux : d'abord nous pouvons citer le
risque spécifique relatif à chaque titre de créance,
ensuite il existe le risque général de marché et pour
finir les instruments dérivés sur taux
d'intérêt50.
Il sera donc question de prime abord de l'exigence de fonds
propres pour risque spécifique (A), en deuxième lieu nous
aborderons l'exigence de fonds propres pour risque général de
marché (B) et enfin pour terminer nous étudierons l'exigence de
fonds propres pour instruments dérivés sur taux
d'intérêt (C).
A- L'exigence de fonds propres pour risque
spécifique
Nous pouvons distinguer plusieurs types de risques
spécifiques, mais nous pourrons les distinguer selon qu'ils sont
relatifs ou non à l'émetteur. En somme nous nous proposons
d'étudier d'une part l'exigence de fonds propres pour risque
spécifique relatif à l'émetteur (1), d'autre part
l'exigence de fonds propres pour risque spécifique non relatif à
l'émetteur (2).
50 Ce sont les produits dérivés et
instruments de hors bilan sur taux d'intérêt du portefeuille de
négociation dont le prix est sensible aux variations de taux
d'intérêt.
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1- L'exigence de fonds propres pour risque spécifique
relatif à l'émetteur
Il y a lieu de distinguer deux types d'émetteur, d'une
part l'émetteur peut être éligible d'autre part il peut ne
pas l'être.
Dans le premier cas nous pouvons distinguer les emprunts d'Etat
des titres éligibles.
Les emprunts d'Etat concernent toutes les formes de fonds
d'Etat y compris les obligations et bons de trésor ainsi que les
instruments à court terme. Nous pouvons aussi y inclure les emprunts des
collectivités locales qui bénéficient d'une
pondération de zéro. Notons que les autorités nationales
sont un peu réticentes à l'idée d'appliquer une
pondération de risque spécifique au titre de dette émises
par un gouvernement ayant une monnaie étrangère. Cependant ces
autorités nationales ont la possibilité de diminuer l'exigence de
fonds propres au titre de risque spécifique si le titre d'Etat est
libellé en monnaie locale et financé par la banque dans la
même monnaie. En ce qui concerne l'exigence au titre du risque
spécifique, elle peut variée selon l'évaluation du
crédit externe qui est faite par les agences de notation, et selon
l'échéance résiduelle de la dette. Ainsi les pourcentages
peuvent varier entre 0% et 12%.
S'agissant des titres éligibles, ils concernent les
titres de dettes émis par les agents du secteur public et les banques
multilatérales de développement. Il faut y inclure aussi les
titres notés de bonne qualité par au moins deux agences de
notations désigné par l'autorité nationale. Aussi les
titres notés de bonne qualité par une agence de notation et de
qualité supérieure par toute autre agence de notation
désigner par l'autorité nationale, mais sous réserve d'un
suivi prudentiel. Sont aussi éligibles les titres non notés mais
jugés de bonne qualité par la banque, mais à condition que
les titres soient côtés sur une place reconnue et sous
réserve de l'approbation de l'autorité de contrôle. Les
pourcentages concernant l'exigence de fonds propres peuvent tourner autour de
0,25% à 1,60% selon l'échéance résiduelle de la
dette.
Les titres émis par les émetteur
éligibles sont moins risqués que ceux des émetteurs non
éligibles. En effet les titres émis par un émetteur non
éligible sont assujettis à une exigence de fonds propres pour
risque spécifique égale à celle des titres d'entreprises
de qualité inférieure. Mais notons que chaque autorité
nationale à plein pouvoir pour appliquer une exigence pour risque plus
élevé et/ou refuser toute compensation avec les autres
catégories d'instruments de dette. Les pourcentages pour l'exigence de
fonds propres, pour risque spécifique relatif à un
émetteur non éligible, ne peuvent en aucun cas être
inférieurs à 8% et supérieures à 12%. Ceci
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est dû au fait que les titres sont mal notés ou
non notés d'après l'évaluation du crédit
externe51.
L'exigence de fonds propres, peut être
appréhendée pour risque spécifique, non relatif à
l'émetteur.
2- L'exigence de fonds propres pour risque spécifique non
relatif à l'émetteur
L'exigence de fonds propres pour risque spécifique non
relatif à l'émetteur va concerner les risques spécifiques
sur titres de dettes non notés, et les risques spécifiques sur
positions couvertes par des dérivés de crédit.
Les titres de dettes non notés concernent les titres
éligibles sous réserve de l'approbation de l'autorité de
contrôle lorsque la banque concernée estime qu'ils ont une
qualité équivalente et que le débiteur ait émis des
titres côtés sur une place reconnue. Notons cependant que cet
état de fait concerne l'approche standard. S'agissant de l'approche
NI52 pour un portefeuille les titres non notés peuvent
être reconnus comme des titres éligibles selon deux conditions :
les équivalents à BBB- selon le système de notation
interne de la banque, dont l'autorité de contrôle a
confirmé qu'il répond aux critères d'agreement pour
l'approche NI. Ensuite le débiteur doit avoir émis des titres
côtés sur une place reconnue.
En ce qui concerne l'exigence de fonds propres au titre du
risque spécifique sur positions couvertes par des dérivés
de crédit, les positions longue et courte auront leur importance. En
effet lorsque les deux volets (long et court) évolue tout le temps en
sens opposé et à un degré globalement identique, une
reconnaissance intégrale de la protection est reconnue. Dans ce cas
l'exigence de fonds de propres ne sera nécessaire ni pour l'un ni pour
l'autre des deux volets de la position. Mais une compensation à hauteur
de 80% est recommandée si la valeur des deux volets évolue
toujours en sens opposé, mais à un degré identique.
Dans tous les cas où, la compensation partielle est
reconnue lorsque la valeur des deux volets est habituellement en sens
opposé, ou lorsque la valeur des deux volets évolue toujours en
sens opposé et à un degré globalement identique, il n'est
pas exigé d'additionner les exigences de fonds propres pour risque
spécifique se rapportant à chaque volet de la transaction. En
effet seul la plus élevé des deux exigences s'applique. Notons
cependant que dans tous les autres
51 Comité de Bale sur le contrôle
bancaire : convergence internationale de la mesure et des normes de fonds
propres, juin 2006.
52 Le titre de dette à une probabilité
de défaut à un an inférieur ou égale à la
probabilité de défaut à un an inférée de la
moyenne sur longue durée de la probabilité de défaut
à un an d'un titre noté BBB- ou plus par une agence de notation
reconnue.
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cas, une exigence de fonds propres pour risque
spécifique est calculé au regard de chacun des deux volets de la
position53.
Nous en arrivons au risque général de
marché pour lequel les positions longues et courtes sur
différents titres ou instrument peuvent se compenser.
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