B- Les techniques d'évaluation en valeur de
marché
Il existe deux types de concepts usités pour mesurer le
risque de taux, d'abord nous pouvons parler de la duration et mesure du risque
de taux (1) et ensuite value at risque et mesure du risque de taux (2).
1- La duration et mesure du risque de taux
La duration permet de fournir une mesure de la maturité
réelle d'un actif financier48. Elle tient en compte des dates
et montants d'encaissement des flux, comme les intérêts, avant le
remboursement du principal. Ces différents éléments
peuvent permettre d'avoir un large aperçu sur la sensibilité de
la valeur d'un actif financier aux variations de taux
d'intérêt.
La duration peut correspondre à la valeur actuelle,
pondérée par la durée de tous les flux engendrés
par un actif financier ou encore à la maturité moyenne de tous
les flux, pondérée par leur valeur actuelle, engendrés par
cet actif. Notons que la duration est additive, ce qui signifie que pour son
calcul, il importera d'additionner la duration des différents actifs
pondérés par leur importance respective dans le total des actifs.
De la même façon se fera le calcul de la duration du passif. Nous
pouvons trouver à travers ces différents calculs l'écart
de duration du bilan bancaire. L'écart de duration du bilan bancaire
permet de faire ressortir trois cas de figures.
D'abord le premier cas de figure où il s'agit d'une
baisse de taux, nous notons que cette situation peut être favorable
à la banque ou établissement financier dont l'écart de
duration est positif. Ceci est dû au fait que l'actif s'apprécie
d'avantage que le passif.
En ce qui concerne le second cas de figure où il s'agit
de hausse de taux, elle sera favorable à contrario de la baisse de taux,
à la banque à écart de duration négative. Notons en
effet que dans cette situation l'actif se déprécie moins que le
passif.
Le dernier cas de figure est une situation où la
neutralité prime. L'écart de duration n'est ni positif ni
négatif, ce qui neutralise le risque de taux en ce que la valeur des
actifs et passifs
48 Il peut correspondre à des liquidités
; droit de recevoir des liquidités ou un autre actif financier ; droit
contractuel d'échanger des actifs financiers à des conditions
potentiellement favorables
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évolue dans les mêmes proportions. C'est dans ce
sens que nous parlons de l'immunisation contre le risque de taux.
Ce qu'il faut noter cependant pour la duration, c'est qu'elle
exige des mises à jour régulières car toute variation de
stock dans la structure modifie la duration.
Il existe un autre type d'évaluation à valeur de
marché à savoir le value at risque.
2- Value at risque et mesure de taux.
Cette technique d'évaluation a été
créée par la banque JP Morgan sous l'appellation risk metrics
dans les années 90. Elle s'est fixée comme objectifs de prime
abord de mesurer l'exposition aux risques de marché du portefeuille de
négociation49 d'une banque. Ensuite la législation
bancaire à décider de l'utiliser aux fins de surveillance de ces
risques. La technique de value at risque (VAR) a plusieurs rôles a
joué dont, la gestion des risques dans les établissements teneurs
de compte, la détermination du niveau de fonds propres capable de
couvrir le risque de taux d'intérêt.
Ce qu'il faut surtout retenir c'est que, la VAR permet de
savoir si le prix des actifs composant le portefeuille de négociation
baisse, quelles seront les pertes maximales que supportera
l'établissement de crédit. C'est en quantile d'une distribution
de profits et de pertes dans un temps considéré. Ce temps peut
être un horizon donné (20 jours par exemple), qui peut
correspondre au laps de temps nécessaire pour la vente des titres. Il
peut aussi correspondre à un intervalle de confiance
considéré. Nous constatons en général cet
intervalle se situe entre 90% et 99%. Dans cette période donnée
la banque ou l'établissement financier pourra estimer les pertes
maximales sur le portefeuille. Par exemple la VAR de portefeuille estimé
à 50 millions de francs CFA, à l'horizon de 20 jours avec un
intervalle de confiance de 90%, d'ici 20 jours le propriétaire du
portefeuille ne perdra pas plus de 50 millions dans 90% des cas. Cependant il
reste 10% des cas où, la perte peut être supérieure
à 50 millions, ce qui n'est pas du tout négligeable.
Pour pouvoir mettre en oeuvre cette technique,
l'établissement teneur de compte se doit de respecter certaines
exigences non négligeables. Ainsi la banque ou l'établissement
financier doit disposer de séries historiques suffisamment longues sur
le prix des actifs détenus dans le portefeuille, mais aussi sur les taux
constatés sur les marchés. Ceci étant
l'établissement de
49 Il peut s'entendre des positions sur instruments
financiers et produits de base détenues à des fins de
négociation ou dans le but de couvrir d'autres éléments du
portefeuille de négociation.
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crédit doit disposer de données indispensables
pour évaluer la volatilité ou la sensibilité d'un actif
financier. La banque doit procéder à un repérage des
positions qui sont détenues dans le portefeuille pour mettre en exergue
les variables des marchés aux quels les actifs sont sensibles.
Afin d'estimer le prix et taux futurs du marché, la
banque doit s'appuyer sur des hypothèses concernant la distribution de
probabilité de ces paramètres. De ce fait soit la distribution
suit une loi, soit elle reproduit des mouvements passés
constatés, soit elle reproduit des nombres au hasard.
L'évaluation effectuée, il importe de
procéder à la couverture du risque de taux
d'intérêt, ceci d'autant plus que cette première à
elle seule ne peut éliminer tout risque.
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