b. DEFIS LIE AU DEFAUT DE PROCEDES DE
COERCISION
La justice à l'international pourrait-elle
connaître ses aboutissements concrets au départ du cas soudanais ?
La question mérite d'être posée, particulièrement
depuis que le président soudanais Omar Béchir s'est vu
placé sous le coup d'un mandat d'arrêt émis par la Cour
Pénale internationale. Pourtant, la polémique et les
évolutions qui ont entouré cette décision ont plutôt
tendance à exprimer la faiblesse toujours aussi intacte des corps
défendant l'idée et les principes d'une justice
internationale.
Mais ce n'est pas pour autant que la décision de la CPI
abonde dans le sens d'un scénario de sortie positif et prometteur pour
cette situation, pas plus qu'elle ne vient d'ailleurs consolider la notion de
justice internationale.
En effet, le mandat d'arrêt de la CPI avait
été anticipé par Omar Béchir bien avant son
officialisation en mars 2008. Depuis le mois de juillet 2008, il n'avait ainsi
pas hésité à entamer une tournée qui l'avait
notamment mené à divers endroits du Darfour. Déployant,
bâton en main, une rhétorique violente à l'adresse de la
CPI et de son procureur, Louis Moreno Ocampo, devant un grand nombre
d'habitants du Darfour que l'on peut néanmoins amplement supposer avoir
été triés sur le volet, le chef de l'Etat soudanais
cherchait ainsi à faire du positionnement de la CPI, une forme de
tremplin pour sa légitimation aux yeux de la population comme de la dite
communauté internationale. Stratégie aux effets limités,
évidemment, et qui n'engageait que lui, dans le même temps, qui
saurait dire pour autant que Omar Béchir serait responsable de tant
d'exactions que l'ensemble du Darfour lui serait hostile ? Il n'y a pas
là que question d'exercice par un dirigeant autoritaire d'une main
lourde à l'encontre de tous ses opposants. Si l'on peut amplement donner
crédit à ce que l'on croit savoir du ras-le-bol des Darfour
vis-à-vis de Béchir, celui-ci a pourtant trouvé
matière à contredire quiconque lui prêtait des
modalités souveraines circonscrites au cas du nord à
majorité musulmane du Soudan. Peu perceptible et
sous-médiatisée au départ de l'Occident, cette
opération de communication a pourtant eu une importance non
négligeable, elle montrait que les discours sur les droits de l'homme
s'avéraient finalement de bien peu de poids devant les évolutions
soudanaises.
Mais plus déterminant encore, s'avère
l'aboutissement concret du mandat d'arrêt de la CPI, celui-ci s'est, pour
l'heure, avéré nul. En témoigne déjà la
réaction du chef de l'Etat soudanais, qui a pris la décision
aboutie de la défier ouvertement. Egypte, Erythrée, Libye, Arabie
Saoudite, Qatar, sans oublier une Ethiopie avec laquelle il est pourtant en
tensions, ont été autant d'étapes qu'il a courues depuis
la décision de la CPI de mars 2008. On aurait pourtant pu s'attendre
à ce qu'il soit arrêté à l'occasion de l'une ou de
l'autre de ces étapes.
Non seulement son utilisation de l'espace aérien
international ne le prémunit pas, en effet, d'une arrestation sous le
coup du mandat d'arrêt en question, mais de plus, la CPI avait
été saisie sur le dossier du Darfour, en 2005, par le Conseil de
sécurité de l'ONU, ce qui rend en théorie les 192
Etats-membres de l'ONU tenus à la coopération avec les requis
pour une amélioration de la situation soudanaise en
général et du cas de Darfour en particulier. Mais même le
fait pour les motifs du Conseil de sécurité d'avoir
été formulés sur la base du chapitre VII de l'ONU,
vraisemblablement rien n'a changé. Certes, courageux mais pas
téméraire, O. Béchir n'a pas fait le choix d'étapes
susceptibles de se transformer en piège pour lui. Mais les quelques
déplacements qu'il a entrepris ont suffi pour prouver combien les
désirs de la CPI étaient peu à mêmes de
dépasser le stade du voeu pieux.
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