1.1.3. Les types de malnutrition
Selon l'UNICEF, la malnutrition est, en effet, un état
complexe où peuvent se mêler des carences - multiples et
concomitantes - en calories, en protéines et en micronutriments. Les
manifestions de la malnutrition dues aux carences en calories et en
protéines sont regroupées sous le terme de Malnutrition
Protéino-Energétique (MPE) autrefois appelée Malnutrition
Protéino-calorique (Briend, 1998). Il existe trois grandes types de MPE
: la malnutrition aiguë (ou émaciation), la malnutrition chronique
(ou retard de croissance) et l'insuffisance pondérale ; chacune d'elles
pouvant être modérée ou sévère. La
malnutrition aiguë, qui se développe rapidement, en lien avec une
situation ponctuelle de manques ou de manques répétés
(période de soudure, épidémie sévère,
changement soudain ou répété dans le régime
alimentaire, conflit...), est celle qui fait l'objet de prise en charge dans
les CREN. Dans les situations d'urgence - disettes et surtout famine - on
rencontre deux types de malnutrition aiguë sévère : le
marasme et le kwashiorkor. En cas de marasme, l'enfant atteint présente
une maigreur extrême (Briend, 2003) et spectaculaire, les os sont
saillants, les yeux enfoncés, la peau distendue. Il présente
alors l'allure d'un petit vieillard et ne peut plus peser que la moitié
du poids normal pour son âge. Le marasme menace la vie de l'enfant
à brève échéance et demande une attention
médicale urgente. Quant à l'enfant atteint de kwashiorkor, il est
gonflé d'oedèmes ; ses cheveux se décolorent et tombent ;
sa peau est sèche et squameuse ; son
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comportement change également ; il ne sourit plus, ne
joue plus ; dévient indifférent à toute stimulation,
pleure et refuse la nourriture. Faute de soin, il est condamné
rapidement.
Les carences en micronutriments les plus couramment
rencontrées et préoccupant l'UNICEF sont les carences en fer, en
vitamine A, en iode, en zinc et en acide folique. Elles peuvent parfois se
révéler aussi graves que le manque de calorie et de
protéines, et être particulièrement néfastes au
développement de l'enfant.
1.1.4. Les complications liées à la
malnutrition infantile
Des complications métaboliques, infectieuses et
immunitaires surviennent souvent au cours du traitement de la malnutrition
(Golden, 1995). Leur prévention et/ou leur traitement impose un suivi
médical (Briend, 1998).
Les infections récurrentes chez les malnutris sont la
fièvre, les vomissements, la diarrhée et les infections
respiratoires aigües (IRA) dont la toux est prédominante
(Compaoré, 2006). Elles sont fréquentes au cours de la
malnutrition grave et passent parfois inaperçues. En effet, la
réaction inflammatoire qui engendre les signes cliniques diagnostiques
habituels (et notamment la fièvre) est très souvent absente ou
atténuée. Une anorexie profonde est parfois la seule
manifestation apparente d'une infection. La tuberculose doit également
être suspectée chez les enfants ne répondant pas au
traitement diététique (Briend, 1998). Les infections
représentent un facteur pouvant influencer l'issu de la
récupération (Traoré, 2007). L'infection, surtout la
diarrhée, a un effet négatif sur l'état nutritionnel en
réduisant l'appétit et l'absorption intestinale, en augmentant le
catabolisme et la séquestration des micronutriments nécessaires
à la synthèse des tissus et à la croissance (ACF,
2007).
Le dysfonctionnement du système immunitaire,
appelé Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise Nutritionnelle
(SIDAN) a été également mise en évidence par de
nombreux travaux (Chevalier et al., 1996). La réhabilitation de
ce SIDAN est plus lente que celle clinico-nutritionnelle, alors qu'il est
rarement pris en compte au cours de la réhabilitation nutritionnelle
(Chevalier et al., 1996). Ainsi, l'atteinte d'une valeur
anthropométrique seuil comme seul critère de sortie ou de fin de
traitement, sans prendre en compte les séquelles au niveau du
système immunitaire ou du développement mental, expliquerait le
nombre élevé de rechutes et la faillite à moyen ou long
terme du traitement (Chevalier et al., 1996). Mais il a
été prouvé qu'une supplémentation en zinc au cours
de la prise en charge permettait que la réhabilitation immunitaire
coïncide avec la réhabilitation nutritionnelle (Chevalier et
al., 1996).
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