1.1.2.2. Les causes sous-jacentes
Les causes immédiates sont influencées par
quatre causes sous-jacentes qui se manifestent au niveau du ménage. Ce
sont : la sécurité alimentaire adéquate des ménages
(disponibilité et accès), les soins adéquats aux
mères et aux enfants (spécifiquement pertinents dans le cas de
l'état nutritionnel des enfants), un environnement sanitaire
adéquat ainsi que l'accès aux services de santé.
La disponibilité alimentaire est dépendante de
l'autoproduction des ménages, de l'approvisionnement du marché
qui se compose lui-même de stocks alimentaires nationaux, d'importations
alimentaires, de l'aide alimentaire et de la production alimentaire
intérieure (INSHA, 2008). En 2005, au Burkina Faso, 42,36 % de la
population agricole (majorité de la population nationale) n'arrivaient
pas à couvrir leurs besoins de consommation sur la base de leur
production céréalière domestique, on les qualifie de
populations pauvres céréalières autonomes. 32,23 %
étaient pauvres céréaliers apparents et 34,10 %
étaient pauvres céréaliers réels (MAHRH, 2005). En
prenant en compte les autres produits vivriers (tubercules et
légumineuses) ainsi que l'autoconsommation en viandes, 44,98 % des
populations agricoles sont pauvres vivriers tandis que 46,61 % sont pauvres
énergétiques (MAHRH, 2005). En zones rurales,
l'insécurité alimentaire est souvent liée à la non
disponibilité des terres cultivables et/ou la mauvaise
pluviométrie tandis qu'en milieu urbain, elle est essentiellement due
à la faiblesse des revenus (Doumbia, 2009). Ainsi, les familles n'ont
pas accès aux vivres malgré leur relative abondance sur le
marché. Cette situation entraîne une insécurité
alimentaire quasi chronique dans de nombreux ménages au Burkina Faso
(Doumbia, 2009).
Les soins adéquats aux mères pendant la
grossesse et l'allaitement et aux enfants correspond à l'apport dans les
ménages et communautés de temps, d'attention et de soutien
destinés à satisfaire les besoins physiques, mentaux et sociaux
de l'enfant qui grandit (INSHA, 2008). L'absence de ces soins favorise
l'installation de la malnutrition chez les enfants. A titre d'exemples, pour
les enfants en sevrage, les pratiques d'alimentation complémentaire
observées ne sont pas toujours adéquates. On observe
généralement une introduction tardive des aliments de
complément, qui sont souvent de qualité nutritionnelle
très peu satisfaisante (faible densité énergétique,
mauvais équilibre en macro et micronutriments) et par ailleurs
faiblement consommés par les enfants (DN, 2009). En effet, seulement 38%
des enfants âgés de 6-9 mois reçoivent des aliments de
complément (DN, 2009).
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Les premiers aliments généralement donnés
aux enfants, en complément du lait maternel, sont des bouillies
préparées à partir de farines, de mélange de
farines ou de produits fermentés, de consistance liquide et ayant une
faible densité énergétique d'environ 40 kcal/100 g
(Traoré, 2005). En plus la capacité gastrique réduite des
nourrissons (30-40 ml/kg/repas), la faible fréquence journalière
de consommation (2 bouillies par jour) font que la consommation de telles
bouillies ne peut généralement pas apporter les
compléments au lait maternel nécessaires à la couverture
des besoins nutritionnels (Traoré, 2005). Pour les mères, lorsque
leurs régimes alimentaires sont inadéquats durant la grossesse,
cela engendre un retard de croissance intra utérine conduisant au faible
poids de naissance des bébés. Ces bébés seront
affectés par divers problèmes de santé et sont davantage
susceptibles à mourir à bas âge. Aussi, les pratiques de
sevrage inadéquates de l'enfant peuvent être liées au
manque d'éducation nutritionnelle des mères qui conduit à
la méconnaissance des groupes alimentaires utiles à l'organisme,
surtout pour le développement de l'enfant (Doumbia, 2008).
L'environnement sanitaire joue un rôle fondamental en
influençant l'état nutritionnel via les principaux facteurs tels
que, la disponibilité d'eau potable, l'assainissement, le respect de
l'environnement et l'hébergement (INSHA, 2008). C'est ainsi qu'un
environnement sanitaire précaire est la cause de la mort de 1,5 millions
d'enfants par an dans le monde dont 88% de ces décès dus à
des diarrhées (ACF, 2007). Cela est dû au fait que les
diarrhées sont attribuées aussi à une quantité
d'eau insuffisante pour assurer un minimum d'hygiène comme le lavage des
mains. Ce manque d'hygiène est aggravé souvent par une absence
d'infrastructures sanitaires souvent responsable de la ré-contamination
des ressources en eau. La diarrhée peut être
considérée comme étant une cause et une conséquence
de la malnutrition, car elle empêche les enfants de rattraper un retard
de croissance et la malnutrition en retour, augmente la fréquence et la
durée des épisodes diarrhéiques entretenant ainsi un
cercle vicieux (ACF, 2007). La diarrhée a un effet négatif sur
l'état nutritionnel pour plusieurs raisons : elle réduit
l'appétit et l'absorption intestinale et augmente le catabolisme et la
séquestration des micronutriments nécessaires à la
synthèse des tissus et à la croissance (ACF, 2007).
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