3.3. ANALYSE DE LA MORBIDITE LORS DE LA PRISE EN
CHARGE
La figure 2 présente la
morbidité au centre pour un échantillon de 17 enfants dont 8
garçons et 9 filles.
36
Figure 2 : Prévalence des infections
chez les enfants au cours de la PECMA au CREN du CSPS Juvénat-Filles de
Saint Camille
On observe une prévalence de fièvre (21%),
d'anorexie (17%), de diarrhée et d'IRA (chacune 15%) et de vomissement
(13%). Plusieurs auteurs ont signalé que ces types d'infections sont
observées habituellement chez les nourrissons (Traoré, 2004 ;
Compaoré, 2006 ; Soumaré, 2009). Au niveau national l'Institut
National de la Statistique et de Démographie (INSD) avait
signalé, notamment pour la diarrhée, une prévalence de 9,2
à 31% et pour les IRA 5,4 à 13,8%. Pour le cas de cette
étude, ces fréquences d'infections pourraient d'emblée
être imputées aux régimes de récupération
employés. En effet, les régimes de récupération
autres que les ATPE peuvent être des vecteurs de pathogènes chez
les enfants. Cela est possible s'il manque d'hygiène lors des
étapes de préparation. Cette condition semble être
occultée au CREN, car la préparation des repas est confiée
aux mères des enfants alors qu'elles sont très peu regardantes
sur la notion d'hygiène. On pourrait également lier la
récurrence de ces infections au défaut de respect des
règles d'emploi du peu d'ATPE dont dispose le CREN. En effet, il a
été observé que certaines mères gardaient les laits
thérapeutiques à température ambiante, jusqu'à la
fin de la journée de prise en charge pour d'autres usages à la
maison. Alors que ces conditions favorisent le développement de
bactéries pathogènes dans les laits, qui seront responsables des
infections, surtout de la diarrhée chez les enfants (Briend et al.,
2010). Toutefois, on peut également incriminer les pratiques
d'hygiène habituelles que les parents ont avec les enfants en dehors du
CREN. Car, la plupart des familles n'ont généralement pas de
cadre de vie assaini.
37
3.4. ANALYSE DES PERFORMANCES DE LA PRISE EN CHARGE
3.4.1. La performance du traitement
Les indicateurs qui mesurent les performances du traitement
respectivement de la MAS et de la MAM sont présentés par
année dans le tableau X.
Tableau X : Les indicateurs liés à
l'issue du traitement de la MAS et de la MAM au CREN au CREN du CSPS
Juvénat-Filles de Saint Camille
Indicateurs
|
Année 2010
|
|
Année 2011
|
Année 2010-2011
|
|
Indicateurs pour la MAS
|
|
|
|
Taux de guérison
|
29,16%
|
n=24
|
42,10%
|
n=19
|
39,21%
|
n=51
|
Taux de mortalité
|
4,16%
|
n=24
|
0%
|
n=19
|
3,92%
|
n=51
|
Taux d'abandon
|
58,33%
|
n=24
|
47,36%
|
n=19
|
45,09%
|
n=51
|
Taux de référence
|
8,33%
|
n=24
|
10,52%
|
n=19
|
11,76%
|
n=51
|
Taux de transfert
|
0%
|
n=24
|
0%
|
n=19
|
0%
|
n=51
|
Taux de rechute
|
0%
|
n=33
|
0%
|
n=19
|
0%
|
n=58
|
|
Indicateurs pour la MAM
|
|
|
|
Taux de guérison
|
53,33%
|
n=30
|
35,71%
|
n=14
|
55,78%
|
n=52
|
Taux de mortalité
|
0%
|
n=30
|
0%
|
n=49
|
0%
|
n=52
|
Taux d'abandon
|
43,33%
|
n=30
|
42,85%
|
n=14
|
38,46%
|
n=52
|
Taux de référence
|
2,56%
|
n=30
|
14,28%
|
n=14
|
5,77%
|
n=52
|
Taux de transfert
|
0%
|
n=30
|
0%
|
n=14
|
0%
|
n=52
|
Taux de rechute
|
0%
|
n=70
|
0%
|
n=25
|
0%
|
n=64
|
n = effectif observé
|
|
|
|
|
|
|
Pour le traitement de la MAS, les indicateurs (taux de
guérison, taux de mortalité et taux d'abandon) sont dans
l'ensemble tous alarmants en comparaison avec les références du
tableau II. Ces taux de performance pourraient s'expliquer par l'utilisation
des mets locaux au lieu des ATPE pour la récupération
nutritionnelle. En effet, les aliments locaux non lactés donnent de
moins bon résultats aussi bien en termes de gain de poids que de
mortalité surtout dans la prise en charge de la MAS. Toutefois, on peut
noter une amélioration des taux de mortalité et d'abandon entre
2010 et 2011. Les taux de rechute et de transfert sont tous nuls. Cette
observation témoignerait de la bonne qualité de la prise en
charge faite au centre. En effet le taux de rechute nul signifie qu'aucun
malnutris traités et guéris au CREN n'est retombé dans la
malnutrition. Et la nullité du taux de transfert qui voudrait signifier
que tous les patients sont satisfaits des services du CREN au point de ne
jamais demander à quitter le centre pour un autre plus accessible, ne
semble pas justifiée. Nous pensons que le taux de transfert devrait
varier de pair avec le taux d'abandon. Une partie des abandons
enregistrés serait donc des cas qui auraient rejoint d'autres services
sans faire une demande formelle de transfert. Néanmoins, on note un taux
de référence non nul, qui a malheureusement augmenté entre
2010 et 2011. Cette observation pourrait se traduire d'une part par
38
une baisse du niveau des capacités du centre à
s'occuper des cas graves de malnutrition et d'autre part par l'augmentation du
nombre de cas de malnutris à cas critiques dépassants les
capacités du plateau technique du CREN.
Concernant la MAM, les taux de guérison et d'abandon
sont situés tous dans les valeurs alarmantes définies par le
protocole national de PECMA tandis que le taux de mortalité est nul et
acceptable. On note la même tendance dans la MAS pour les taux de
rechute, de transfert et de référence. Mais le taux de
référence non nul pour la MAM et en hausse plus importante que
dans le cas de la MAS, témoigne d'une situation plus dégradante.
En effet, un enfant malnutri nécessite une référence si
les capacités techniques du CREN ne permettent pas de le prendre en
charge. Ici, la hausse importante du taux de référence pour la
MAM signifierait que la situation des enfants MAM se dégrade davantage
à leur arrivée au CREN. On pourrait attribuer cela à une
inadéquation des soins administrés.
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