II.1.1. La situation socio-économique et
éducative des filles
Dans cette rubrique, nous avons analysé les
différents mobiles pouvant accroitre la participation des filles aux
activités domestiques et économiques. Le niveau d'instruction est
un des facteurs clé pouvant entretenir des pratiques qui sont de nature
à handicaper l'apprentissage des filles. Le tableau ci-dessous ressort
les différents niveaux d'instruction qui cohabite dans les 103
ménages dont sont issues les filles que nous avons
enquêtées.
Tableau 9 : Etat de niveau d'instruction croisé
père-mère
Père
Mère
|
Analphabète
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Analphabète
|
40
|
15
|
4
|
0
|
Primaire
|
6
|
7
|
8
|
1
|
Secondaire
|
4
|
2
|
10
|
3
|
Supérieur
|
0
|
0
|
0
|
3
|
Total
|
50
|
24
|
22
|
7
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Le tableau N° 9 montre le taux élevé de
couple analphabète 40 soit un taux de 38,83% de l'effectif total des
ménages dont sont issues les filles enquêtées (103).Nous
voyons que notre population est à domination analphabète.
56
Tableau 10 : Niveau d'instruction des parents par sexe
Père
|
Niveau
d'instruction
|
Mère
|
Niveau
d'instruction
|
Analphabète
|
49
|
Analphabète
|
60
|
Primaire
|
25
|
Primaire
|
20
|
Secondaire
|
22
|
Secondaire
|
18
|
Supérieur
|
7
|
Supérieur
|
5
|
Décédé
|
0
|
Décédé
|
0
|
Total
|
103
|
Total
|
103
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
L'analphabétisme des parents par sexe sur les 103
élèves auprès desquelles nous avons approché est
fortement présente soit 58,25% chez les mères contre 49 au niveau
des pères soit 47,57% de l'effectif des parents des filles. Les
mères sont les plus touchées par l'analphabétisme comme le
dénote le tableau ci-dessus (tableau 10).
Tableau 11 : Profession des parents des filles
Profession
|
Père
|
Profession
|
Mère
|
Cultivateur
|
58
|
Cultivatrice/ménagère
|
87
|
Fonctionnaire
|
21
|
Fonctionnaire
|
4
|
Profession libérale
|
14
|
Profession libérale
|
3
|
Commerçant
|
9
|
Commerçant
|
9
|
Eleveur
|
1
|
Eleveur
|
0
|
Décédé
|
0
|
Décédé
|
0
|
Total
|
103
|
Total
|
103
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Les agriculteurs sont les plus représentés
quand on se situe chez les pères (56,63%) de famille et les mères
(84,44%).Cette catégorie socio professionnelle représente plus de
la moitié de population d'étude. Il est à remarquer que
les mères sont les plus présentes dans les activités
domestiques et manuelles (cultivatrices et ménagère).
Tableau 12: Etendu des ménages
Membres
|
Effectif
|
Fréquence
|
Moins de 5 membres
|
8
|
7,76
|
5-9 membres
|
70
|
67,96
|
10-15 membres
|
20
|
19,41
|
16-20 membres
|
2
|
1,94
|
21 membres et plus
|
3
|
2,92
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
57
Les différents ménages dont sont issues les
filles sont dominés par ceux ayant une taille de membre compris entre 5
à 9 membres (70 soit 67,96%).La charge familiale des parents est
importante pour plus de la moitié des familles dont sont issues les
filles. Une charge familiale élevée influe nécessairement
sur le mode de gestion à adopter par les parents pour assurer la survie
des membres de la famille.
Tableau 13 : Nombre d'enfants scolarisés par sexe
Sexe
Tranche
|
Effectif de garçons
|
Effectif de filles
|
1-2 élèves
|
58
|
46
|
3-4 élèves
|
18
|
49
|
5-6 élèves
|
1
|
6
|
7-8 élèves
|
0
|
0
|
9 élèves et plus
|
0
|
0
|
Sans réponse
|
2
|
2
|
Total
|
79
|
103
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Ce tableau montre que les filles sont plus présentes
en termes de scolarisation dans les familles par rapport à celui des
garçons qui sont présents dans les 79 familles soit 76,66% des
familles. La tranche d'élèves les plus dominants sont celles
ayant entre 1 à 2 élèves et 3 à 4
élèves tout sexe confondu.
Tableau 14 : La distance domicile-école parcourue par les
filles par jour
Tranche de distance
|
Effectif
|
Fréquence
|
Moins de 1 Km
|
4
|
3,88
|
1-2 Km
|
41
|
39,80
|
3-4 Km
|
26
|
25,24
|
5-6 Km
|
13
|
12,62
|
7-8 Km
|
9
|
8,73
|
Plus de 8 Km
|
10
|
9,71
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Seulement 4 filles soit 3,88 % de l'effectif total sont les
plus nanties et parcourent une petite distance pour se rendre à
l'école les jours de classe. La dispersion des ménages dans
l'espace et la concentration des établissements d'enseignement
secondaire dans des zones spécifiques éloignent davantage les
élèves de leur lieu d'apprentissage. Ce tableau montre que les
filles fournissent un effort considérable pour rejoindre les classes
chaque jour. Qu'en est-il du moyen de locomotion pour se rendre en classe ?
58
Tableau 15: Moyen de locomotion
Moyen de locomotion
|
Effectif
|
Fréquence
|
À pied
|
39
|
37,86
|
À vélo
|
60
|
58,25
|
À moto
|
4
|
3,88
|
En bus/voiture
|
0
|
0
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
On remarque que le vélo et la marche sont les moyens
de locomotion les plus utilisés pour rallier les jours de cours domicile
et école. Les cyclistes représentent 58,25% contre 37,86%
d'élèves se rendant en classe à pied. Aussi bien que les
moyens de locomotion permettent un temps soit peu de réduire le temps
mis, mais qu'en est il de cette variable sur la durée journalière
pour rejoindre les classes ?
Tableau 16 : Temps de ralliement journalier
domicile-école
Tranche de temps
|
Effectif
|
Fréquence
|
Moins de 15 mn
|
14
|
13,59
|
Entre 15 et 30 mn
|
27
|
26,21
|
Entre 30 et 45 mn
|
35
|
33,98
|
Entre 45 et 60 mn
|
22
|
21,35
|
Plus de 60 mn
|
5
|
4,85
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Le tableau fait ressortir que plus de 75% des filles mettent
au moins 15 minutes pour rejoindre les classes et le pic est détenu par
quelques 5 élèves qui mettent plus d'une heure sur la route de
l'école. Ces facteurs distance-moyen de locomotion et temps mis aura une
incidence sur la ponctualité et assiduité aux cours.
Tableau 17 : Degré de ponctualité et
d'assiduité aux cours
Réponses
|
Effectif
|
Fréquence
|
Oui
|
58
|
56,32
|
Non
|
45
|
43,68
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
On voit à travers ce tableau que 45 filles soit 43,68
% des filles ont un souci de ponctualité et d'assiduité aux cours
et ce pour des raisons diverses que nous verrons dans le tableau suivant qui
fait un état sur les motifs et mobiles soutenant ces retards.
Tableau 18: Mobiles des différents retards
enregistrés
59
Raisons
|
Effectif
|
Fréquence
|
Travaux domestiques
|
16
|
35,55
|
Distance éloignée
|
9
|
20
|
Panne de vélo/moto
|
12
|
26,66
|
Maladies
|
0
|
0
|
Manque de moyen de locomotion
|
7
|
15,55
|
Obligation maternelle (allaitement...)
|
1
|
2,22
|
Total
|
45
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Ce tableau qui met en relief les effectifs des filles en
retard et différentes raisons montrent que les travaux domestiques
(35,55%) occupent le haut de l'échelle comme raison principale
occasionnant les retards chez les filles. Les travaux domestiques sont suivis
par les pannes de moyens de déplacement (26,66%) et l'éloignement
du domicile et de l'école (20%).
Tableau 19: Utilisation du temps de pause entre 12 H et 15H
Réponses
|
Effectif
|
Fréquence
|
Reste à l'école
|
43
|
41,74
|
Rentre à la maison
|
60
|
58,26
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Sur l'effectif des 43(soit 41,74%) filles qui restent
à l'école à la pause en attendant la reprise à 15
H, les mobiles de ce choix nous paraissent originaux et stratégiques. En
effet, 20(soit 46,51%) d'entre elles affirment que le choix de rester à
l'école leur permet de réviser les leçons, vu qu'à
la maison il est difficile de se concentrer contre 23(soit 53,49%) qui
associent deux mobiles comme la révision et la fuite des travaux
domestiques. Il est évident que lorsqu'une situation perdure comme ce
qui est des travaux domestiques à répétition et sans
relâche, des stratégies sont développées pour tenter
d'y remédier.
Les lieux de restauration quant à celles qui restent
à l'école sont variés, la cantine pour les unes et
marché de Saaba, kiosques et vendeuses de met à l'école
pour les autres. Sauf une minorité de filles(5) qui déclarent ne
pas déjeuner à la pause par manque de moyens financiers.
Pour ce qui est du gouter de la recréation, 41 d'entre
elles (soit 39,80%) déclarent ne pas en prendre contre 62 (soit 60,20%)
qui mangent à la recréation. Cette abstinence ou privation de
manger à la recréation est soutenu par le manque d'argent de
poche donné aux élèves. La pauvreté des
ménages fait que certains parents sont dans l'incapacité de
subvenir à quelques besoins élémentaires de leur
progéniture.
60
Les charges scolaires étant une des conditions de
scolarisation, beaucoup de personnes interviennent dans la cellule familiale
pour porter mains forte dans la scolarisation des enfants en prenant en charges
les dépenses liés à l'éducation des filles. Le
tableau ci-dessous montre la part de contribution des différents
intervenants dans les charges scolaires des filles.
Tableau 20 : Prise en charge des dépenses scolaires des
filles
Intervenants
|
Effectif
|
Fréquence
|
Père
|
39
|
37,86
|
Mère
|
14
|
12,59
|
Père/Mère
|
33
|
32,03
|
Tuteur
|
13
|
12,62
|
Frère/soeur
|
3
|
2,91
|
Parrain/marraine/ONG
|
1
|
0,97
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Les pères restent les plus gros intervenants dans les
charges scolaires (37,86%) contre les mères dont la contribution n'est
guère négligeable (12,59%) et qu'il faut saluer à sa juste
valeur. La plus grande contribution vient de l'association père et
mère et cela pour 33 filles soit 32,03% des interventions. Ne perdons
pas de vue la contribution des tuteurs, frère, soeur et ONG qui prennent
en charge ces filles dans leur éducation. Cela montre que
l'éducation en général, concerne tous les membres de la
famille et même des individus extérieurs à la famille.
Le parcours scolaire des élèves en
générale, et des filles en particulier ne se fait pas sans
difficultés. Le parcours de certaines d'entre elle se fait sans
obstacles c'est-à-dire de promotion mais d'autres par contre connaissent
un état de redoublement, d'abandon et d'exclusion. Le tableau qui va
suivre montre le parcours scolaire des 103 filles.
Tableau 21 : Parcours scolaire des filles
enquêtées
Cursus
|
Non
|
%
|
Oui
|
%
|
Total
|
Redoublemen t
|
48
|
46,6
|
55
|
53,4
|
100
|
Abandon
|
102
|
99
|
1
|
1
|
100
|
Exclusion
|
102
|
99
|
1
|
1
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Le tableau récapitulant le parcours scolaire des
filles fait ressortir que 53,4% d'entre elle ont déjà
redoublé, une exclusion et un abandon avant de revenir sur les bancs.
Tout en sachant que chaque élève a la possibilité de
redoubler plusieurs fois, il suffit de changer d'établissement surtout
privé pour continuer sa scolarité. L'analyse de la
fréquence de redoublement fait ressortir que sur les 55
61
filles ayant déjà redoublé : 43 d'elles
(soit 78,18%) ont redoublé une fois, 11 autres deux fois (soit 20%) et
une seule trois fois (soit 1,81%).
Les cours de soutien sont une alternative permettant de
renforcer certains cours non assimilés en classe avec des exercices
d'applications. Les répétiteurs sont dans une certaine mesure un
appui nécessaire aux élèves en difficulté. En ce
qui concerne notre échantillon aucune élève ne
bénéficie de cours de soutien ni à l'école, ni
à domicile.
Les devoirs de classe permettent aux enseignants
d'évaluer le niveau des élèves mais il arrive que des
élèves manquent à un devoir pour une raison ou une autre.
Sur les 103 élèves, seulement 19 ont manqué à des
devoirs pour cause de maladie.
Pour ce qui est de la non-participation à une
journée de cours et plus, le tableau ci-dessous relate cet état
de fait chez les filles de la commune de Saaba.
Tableau 22: Non-participation à au moins une
journée de cours
Réponses
|
Effectif
|
Fréquence
|
Oui
|
36
|
34,95
|
Non
|
67
|
65,05
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Pour ces cas d'absence, 36 filles soit 34,95% de la
population déclarent avoir manqué à au moins une
journée de cours contre 67 filles qui sont assidues. Les raisons de
cette non-participation sont essentiellement la maladie (77,78%), raisons
sociales (8,33%), activités familiales (8,33%) et l'expulsion pour
non-paiement de frais de scolarité à 5,55%.Meme si toutes les
conditions sont réunies pour une scolarité sans problème,
qu'en est il du temps libres les soirs réservés à
l'apprentissage et la révision ?
Tableau 23 : Disposition du temps libre les soirs pour la
révision
Réponses
|
Effectif
|
Fréquence
|
Oui
|
66
|
64,07
|
Non
|
37
|
35,93
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
On remarque qu'une part non négligeable (35,93%) de
filles qui ne disposent pas d'assez temps les soirs pour se consacrer à
la révision une fois à domicile. Parmi ces 37 filles qui ne
disposent pas d'assez de temps à la révision, 36 d'entre elle en
sont empêchées à cause des travaux domestiques. Seulement
une fille consacre son temps du soir aux activités commerciales. Pour
celles qui avouent
62
avoir du temps libre pour la révision, le domicile
reste le lieu privilégié (73,78%) suivi des abords de la route
sous les lampadaires (15,89%) et chez les voisins (10,33%).
Les parents ont un rôle essentiel à jouer dans
l'apprentissage de leurs enfants. Plus ceux-ci accordent un grand
intérêt à travers une bonne implication, plus les
élèves se verront dans l'obligation de s'appliquer dans
l'apprentissage. Les tableaux ci-dessous (tableau 24 et 25) relatent la
répartition par degré d'implication et par intérêt
accordé aux résultats scolaire de leurs filles. Tableau 24 :
Implication des parents dans l'apprentissage de leurs filles
Réponses
|
Effectif
|
Fréquence
|
Oui
|
39
|
37,86
|
Non
|
64
|
62,14
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Tableau 25 : Intérêt accordé aux
résultats scolaires par les parents
Réponses
|
Effectif
|
Fréquence
|
Oui
|
98
|
95,14
|
Non
|
5
|
4,86
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Les résultats montrent que les parents accordent un
intérêt sans précèdent aux résultats
scolaires de leurs filles (95,14%), mais ne s'impliquent pas suffisamment dans
leur apprentissage (62,14%).Cette non implication dans les apprentissages
s'explique par l'analphabétisme des géniteurs. L'idéale
serait que l'implication soit la même que l'implication pour le bien
être de la vie scolaire des filles. Les soutiens que les filles
reçoivent de la part de leurs parents sont de divers ordres et peuvent
être combiné pour rechercher l'adhésion des filles et les
permettre de mieux s'appliquer dans les études.
-Soutien moral concerne 54 filles, représentant 52,42% de
l'effectif des filles ;
-Soutien matériel concerne 7 filles avec un pourcentage
de 6,79 % de l'effectif ;
-Le soutien financier intéresse 11 filles soit 10,67 % de
l'effectif ;
-Seize(16) filles reçoivent des soutiens financiers,
moraux et matériels et représentent 15,53% ; -Seulement 10
d'entre elles bénéficient de soutiens matériels et moraux
soit 9,70%.
Les personnes principales soutenant les filles dans leur
scolarité sont les pères qui occupent la première place
avec 43,68% des intervenants. Les mères qui sont au nombre de 37
à soutenir leurs filles et représentent 37,92 % du soutien. Les
frères et soeurs ne sont pas à négliger car ils sont 12
à soutenir leurs soeurs et cela représente 11,65 % des
interventions. Les tuteurs jouent un rôle
63
important en termes de soutien scolaire, 9 filles
bénéficient de soutien de la part de leurs tuteurs
représentant 8,73 %.
Ces différents soutiens sont appréciés
positivement et à l'unanimité par les 103 filles qui en
bénéficient. Ces différents soutiens dont nous faisons cas
visent à permettre aux filles de rester le plus longtemps possible et
d'aller le plus loin possible à l'école.
En terme de poursuite et de niveau d'arrêt des
études pour les filles, 101 filles soit 98,05 % pensent qu'une fille
devrait aller jusqu'au supérieur contre deux d'entre elles qui pensent
qu'elles devraient arrêter les études au secondaire. Pour celles
qui pensent qu'elles devraient arrêter les cours au secondaire, elles
évoquent les raisons de mariage surtout.
Par moment, des filles pour une raison ou une autre
abandonnent l'école. Nous avons demandé aux 103 filles si elles
ont connaissance des filles qui ont abandonnées les classes. Et les
réponses que nous avons enregistré démontrent que 76
d'entre elles ont connaissance d'au moins une fille de cette situation contre
27 qui n'en connaissent pas. Sur les 76 filles ayant répondu
positivement, les mobiles occasionnant ces abandons sont
récapitulés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 26 : Raisons d'abandon des filles
Raisons
|
Effectif
|
Fréquence
|
Non-paiement de scolarité
|
37
|
48,68
|
Grossesses précoces et indesirées
|
18
|
23,68
|
Mariage précoce ou forcé
|
9
|
11,84
|
Maladies
|
0
|
0
|
Discorde avec les parents
|
5
|
6,57
|
Quête d'emploi (domestique)
|
3
|
3,94
|
Manque de soutien
|
4
|
5,26
|
Total
|
76
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Les différents taux récapitulés
auprès des filles montrent que la responsabilité des parents est
grande dans l'abandon scolaire de leur progéniture. Le non-paiement des
frais de scolarité occasionne des renvois temporaires mais peut
constituer un des mobiles si cela se fait à répétition et
sur les mêmes élèves. Les grossesses indesirées et
mariages précoces occupent une place de choix dans l'abandon scolaire
des filles. Les autres mobiles tels la discorde avec les parents, le manque de
soutien et la quête d'un emploi rémunérateur ne sont pas
à négliger.
Les travaux domestiques jouent un rôle majeur dans
l'éducation de la jeune fille, ces travaux préparent les filles
à bien jouer leur rôle dans leur vie future de femme au foyer. Il
faut savoir que tout excès est nuisible et c'est le cas des
activités domestiques dont les filles exercent à longueur de
journée. Il nous est paru nécessaire de demander aux filles leur
appréciation sur les travaux
64
domestiques. Les opinions recueillis auprès des filles
montrent que 42 filles soit 40,77 % de filles qui apprécient les travaux
domestiques de façon négative contre 61 filles soit 59,23 % qui
les trouve positif et contribuant à leur éducation.
Les différents stéréotypes
véhiculés dans nos sociétés confinant la femme
à des tâches domestiques donc il est compréhensible que les
filles trouvent certaines activités normales et spécifiquement
féminines.
En dehors des heures de classes, les filles s'investissent dans
diverses activités que nous pouvons voir à travers ce tableau
ci-dessous.
Tableau 27 : Occupation des filles en dehors des heures de
cours
Activités concernées
|
Effectif
|
Fréquence
|
Commerciale uniquement
|
1
|
0,97
|
Domestique uniquement
|
17
|
16,50
|
Scolaire uniquement
|
26
|
25,24
|
Commerciales et domestiques
|
0
|
0
|
Commerciales et scolaires
|
1
|
0,97
|
Domestiques et scolaires
|
45
|
43,68
|
Domestiques-scolaires-commerciales
|
13
|
12,61
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Une analyse de la participation des filles à des
activités domestiques, commerciales et scolaires montre une part
importante de temps réservée aux activités scolaires et
domestiques en dehors des heures de classe. Mais une participation
simultanée à deux activités(domestiques et scolaires)
concerne près de la moitié de notre
échantillon(43,68%).Par contre, on enregistre 26 filles qui ne
participent à aucune des corvées domestiques et activités
commerciales, mais consacrent tous leurs temps aux activités
scolaires(révisions, exercices...).Les filles dans ce cas de situation
représentent les 1/4 de l'échantillon (25,24%).Aussi, une partie
importante de filles (13) cumulent les trois activités en dehors des
heures de cours. Il est tout à fait évident que ces derniers ne
bénéficient d'aucun repos en dehors des cours.
Nous avons tenté de comprendre si les garçons
vivaient le même traitement que les filles en termes de participation aux
différentes activités. Les réponses se lisent à
travers le tableau suivant.
65
Tableau 28: Participation des garçons aux
activités domestiques et commerciales
Réponses
|
Effectif
|
Fréquence
|
Oui
|
47
|
45,63
|
Non
|
56
|
54,37
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Ces différentes réponses des filles montrent
une grande implication des filles dans les activités domestiques et
commerciales que les garçons. Plus de la moitié des filles
(54,37%) déclarent qu'elles sont laissées à elle seule
dans l'exécution de ces tâches domestiques et commerciales contre
47 filles soit 45,63 % de l'effectif qui bénéficient d'un
accompagnement des garçons dans ces activités.
A la question de savoir s'il existerait des activités
spécifiquement féminines, les filles déclarent 58,26 % par
l'affirmative contre 41,74 % qui pensent que les garçons peuvent
exécuter les mêmes taches qu'elles. Pour celles qui pensent qu'il
y aurait des activités spécifiquement féminines, elles
font allusion à la garde des enfants, cuisine, lessive, vaisselle,
aménagement, entretien et éducation des enfants comme si les
garçons étaient exemptés de ces tâches. Cela met en
valeur les stéréotypes sexistes véhiculés dans nos
sociétés confinant ainsi les jeunes filles à des
tâches domestiques. En effet, ces activités ne sont pas sans
conséquences sur l'éducation des filles, voire même leur
assiduité aux cours.
Il faut ajouter que la totalité des filles
enquêtées (100%) s'investissent plus dans les mêmes
activités ci-dessus énumérées (Tableau 27) pendant
les weekends, moment supposé être de repos pour elles.
Les congés et les vacances sont pour elles le moment
propice pour s'investir dans des AGR (Activités
Génératrices de Revenus) à leur propre compte ou à
coté de leurs parents. On enregistre 62 filles sur les 103 qui exercent
une activité commerciale les congés et vacances. Les
différentes destinations des retombés issus de ces
activités lucratives sont compilées dans le tableau suivant
(tableau 29).
66
Tableau 29 : Destination des économies
Destination
|
Effectif
|
Fréquence
|
Paiement de scolarité
|
3
|
4,83
|
Achat de fournitures
|
7
|
11,29
|
Paiement de loyer
|
1
|
1,61
|
Aide des parents en dépenses scolaires
|
28
|
45,16
|
Achat d'habillement
|
22
|
35,48
|
Aider le tuteur dans ses dépenses
|
1
|
1,61
|
Total
|
62
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Dans l'optique de savoir ce que pensent les filles sur leurs
conditions d'apprentissage en rapport à celles des garçons, les
différentes réponses sont présentées dans ce
tableau (tableau 30).
Tableau 30 : Degré d'appréciation de la condition
d'étude fille-garçons
Degré d'appréciation
|
Effectif
|
Fréquence
|
Moins bonne
|
19
|
18,44
|
Passable
|
26
|
25,24
|
Bonne
|
33
|
32,03
|
Meilleure
|
25
|
24,27
|
Total
|
103
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Pour les filles ayant une condition d'étude passable
et moins bonne que celle des garçons soit 45 filles et
représentent 43,68 % de l'effectif des filles enquêtées.
Comme solutions proposées par ces filles pour
améliorer leur rendement et leur permettre de travailler dans de bonnes
conditions, elles préconisent la réduction des travaux
domestiques. En effet, elles affirment que les différents travaux les
empêchent de se concentrer et d'être assidues et attentives aux
cours, la fatigue les en empêchent à plus forte raison la
révision des leçons qui se trouve être compromise.
Dans l'optique de mieux cerner le phénomène de
la déperdition scolaire chez les filles, nous avons étendu notre
population aux parents d'élèves de la commune de Saaba et ayant
leurs enfants qui fréquentent les établissements dont nous avons
enquêté les filles. Toutes nos hypothèses prennent en
compte les parents d'élèves car ceux-ci entretiennent des
pratiques qui sont de nature à faire obstruction à la
scolarisation des filles.
Les parents d'élèves sont des informateurs
privilégiés pour notre étude. Pour ce faire, nous avons
compilé le profil des parents d'élèves
enquêtés dans le tableau suivant en fonction de leur niveau
d'instruction et statut socio professionnel. Le niveau d'instruction et le
statut socio professionnel
67
sont des indicateurs pertinents dans la compréhension
de certains comportements des parents d'élèves.
Tableau 31 : Profil d'instruction des parents
d'élèves enquêtés
Niveau d'instruction
|
Effectif
|
Fréquence
|
Analphabète
|
9
|
31,03
|
Primaire
|
5
|
17,27
|
Secondaire
|
12
|
41,36
|
Supérieur
|
3
|
10,34
|
Total
|
29
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Les différentes données recueillies
auprès des parents d'élèves font état d'une
prédominance de ceux ayant le niveau secondaire à 41,36% contre
quelques parents ayant un niveau d'instruction atteint le supérieur
(10,34%).Par contre les analphabètes occupent une place de choix car
représentant plus du 1/3 de la population. On enregistre seulement 5
parents d'élèves ayant atteint le niveau primaire. Le niveau
d'instruction influencera les attitudes à l'égard de la
scolarisation des filles.
Tableau 32 : Profil professionnel des parents
d'élèves
Profession
|
Effectif
|
Fréquence
|
Cultivateur
|
12
|
41,37
|
Fonctionnaire
|
11
|
37,93
|
Profession libérale
|
3
|
10,34
|
Commerçant
|
1
|
3,44
|
Ménagère
|
2
|
6,88
|
Total
|
29
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Le profil professionnel reste dominé par les
cultivateurs (41,37%), cela s'explique par le fait que l'on se situe dans une
commune rurale et l'agriculture reste l'activité principale dans ces
zones. Une part importante de fonctionnaires (37,93%) à cause de
l'implantation des services déconcentrés et de la
proximité avec la capitale. Quelques parents d'élèves
s'exercent dans le commerce (3,44%) et autres professions libérales
(10,34%) dans la commune.
68
II.1.2.L'utilisation du temps des filles ayant des
parents analphabètes dans les activités socio-économiques
et domestiques
L'analyse de la participation des filles issues de parents
analphabètes aux activités socio-économiques et
domestiques s'intéressera à une catégorie de parents.
Etant donné que dans un ménage il est possible de rencontrer des
niveaux d'instruction différents dans un couple ; nous nous sommes
intéressé à l'analphabétisme totale des parents.
C'est à dire analphabètes de père et de mère et
cela concerne 40 ménages (tableau 9) de notre échantillon. Les
couples analphabètes représentent 38,83% de la population.
L'utilisation abusive du temps des filles au profit des
corvées domestiques se lit à travers ce graphique (graphique 3)
qui montre que sur l'effectif total des filles issues de ces ménages
type (analphabètes), une part importante de filles exerce ces
activités. Sur les 40 filles issues de ces ménages, 27 d'entre
elles soit 67,50% participent aux activités domestiques les soirs une
fois à la maison contre 13 d'entre elles qui n'y participent pas et
représentent 32,50% de l'effectif des filles. Plus de la moitié
de l'effectif n'échappe pas aux corvées domestiques pendant que
les 13 autres s'investissent dans d'autres domaines (repos, révision.
.).Parmi les 27 filles qui s'investissement après les cours dans les
activités domestiques ,21 affirment ne pas disposer d'assez de temps aux
révisions des leçons contre 6 qui affirment avoir toujours du
temps de révision après ces corvées.
Les filles ne disposant pas assez de temps pour les
révisions, les raisons qui les en empêchent sont essentiellement
les corvées domestiques (puisage d'eau, cuisine, lessive, vaisselles.
.).En effet, celles qui sont exemptées de ces activités les jours
de cours (13) participent à ces corvées domestiques les weekends
(samedi et dimanche).La totalité des filles (100%) participent aux
activités domestiques sans exception et de façon plus
renforcée. Pendant les weekends, ces derniers sont une main
précieuse aux côtés de leurs mamans ou de leurs soeurs dans
l'exécution de certaines tâches liées à leur genre.
La seule différence dans la participation se lit au niveau du temps
réservé à ces activités. Pendant que certaines
filles consacrent moins de temps, d'autres au contraire consacrent tout leur
temps au détriment de la distraction, repos et révision.
Pour celles qui s'investissent le plus dans les
corvées domestiques et activités commerciales après les
cours, le tableau ci-dessous (33) détaille le temps
réservé à ces différentes activités.
69
Tableau 33 : Tranche de temps réservé aux
activités commerciales et domestiques les jours de cours
Tranche de temps
|
Effectif
|
Fréquence
|
Moins d'une heure
|
3
|
11,11
|
Entre 1 et 2 heures
|
5
|
18,52
|
Entre 3 et 4 heures
|
13
|
48,14
|
Entre 5 et 6 heures
|
6
|
22,22
|
Plus de 7 heures
|
0
|
0
|
Total
|
27
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
La répartition par tranche de temps
réservée à ces activités montre que les
activités domestiques occupent une place importante dans le quotidien de
certaines filles. Pendant qu'une grande partie de files(19) y consacrent au
moins 3 heures à ces activités, d'autres par contre y participent
mais de façon modérée, 8 filles consacrent tout au plus 2
heures par jour à ces mêmes activités.
Pour ce qui est de l'apprentissage de ces filles
concernées à plein temps par ces différentes tâches,
elles trouvent dans leur grande majorité qu'elles
préfèrent rester à l'école après les cours
pour consacrer le temps de pause pour repasser les leçons que de rentrer
à la maison. En effet, le domicile ne leur offre pas la
possibilité d'étudier compte tenu du quotidien qui les attend une
fois à la maison. L'école devient le lieu idéal pour ces
filles en termes de repos et d'apprentissage et elles y consacrent en moyenne
1,85 heure aux apprentissages à l'école contre 3,68 heures
à ces activités domestiques à domicile. Soit le double du
temps réservé aux activités scolaires.
Pour ce qui est de l'appréciation des parents
d'élèves sur la participation des filles à ces
activités, les réponses sont diverses. Sur les 29 parents
d'élèves auprès desquels nous avons administré le
questionnaire sur la participation des filles aux différentes
activités, les réponses sont ainsi présentées dans
le tableau suivant.
Tableau 34 : Appréciation des travaux domestiques et
commerciaux des élèves filles par les parents
d'élèves
Niveau d'instruction
|
Appréciation
|
Effectif
|
Fréquence
|
Analphabètes
|
Positive
|
5
|
38,46
|
|
8
|
63,54
|
Total
|
|
13
|
100
|
Scolarisés
|
Positive
|
11
|
68,75
|
|
5
|
31,25
|
Total
|
|
16
|
100
|
|
Source : résultat de nos enquêtes
Que l'on se situe du côté des parents
analphabètes ou scolarisés, certains parents trouvent que la
participation aux activités domestiques et commerciales est positive sur
la scolarité des filles. Ceux-
70
ci avancent comme mobiles que les travaux domestiques
contribuent à forger la jeune fille pour qu'elle puisse jouer pleinement
son futur rôle de femme au foyer. D'autre même diront que ces
activités participent à l'éducation et l'éveil de
la jeune fille.
Ceux qui pensent négatif l'impact de ces
activités sur le rendement scolaire des filles, trouvent qu'à
petite dose elles ne sont pas mal en soit mais à un certain degré
empêche les filles de réviser et de se concentrer en classe. Ces
activités à forte dose empêche la jeune fille d'être
attentive en classe, car croupissant tous les jours sous le poids de ces
activités. Finalement, nous comprenons que chaque parent
d'élève à sa compréhension des tâches
domestiques que l'on soit averti ou pas. Le niveau d'instruction ne permet pas
de trancher le problème car même si pour certains, ces
activités sont nuisibles et incompatibles avec la vie scolaire, d'autres
par contre trouvent en elles un rôle éducateur des filles. Chacun
y va de sa compréhension du phénomène des travaux
domestiques.
Quant aux concernées par ces travaux domestiques,
elles les trouvent négatifs à l'unanimité sur leur
rendement scolaire et sont cause de leur échec par la réduction
du temps consacré aux études.
|