L'on ne peut pas explorer les différentes pistes
explicatives du succès et de l'échec scolaire sans situer la
responsabilité de l'acteur clé qu'est l'élève
lui-même. Il est vrai, le domaine du succès et de l'échec
scolaire est vaste et a été exploré par bon nombre de
chercheurs en sciences de l'éducation et chacun situe les
responsabilités selon son mode opératoire de recherche, ses
hypothèses et ses théories. Il est courant de constater que
même toutes les conditions ci-dessous citées réunies, il y
a des élèves qui échouent quand même. Dans d'autres
circonstances, des élèves ne réunissant aucune des
conditions propices à une scolarité épanouie s'arrangent
pour tirer leur épingle du jeu et surpassent même ceux issus des
conditions normales de vie et d'apprentissage. Comme pour dire que
l'élève lui-même est au centre de sa réussite et de
son échec scolaire. Parlant d'éducation inclusive et non
discriminatoire, toutes les couches de la société ont droit
à cette éducation et sans distinction et la seule
conditionnalité serait la compétence. Pour le cas du Burkina
Faso, où l'analphabétisme et la pauvreté sont la chose la
mieux partagée, il serait impensable de voir le fils du pauvre se hisser
et bien se positionner dans le monde intellectuel, économique et social
car ne réunissant pas les conditions optimales d'une éducation de
qualité. Mais force est de constater que le monde universitaire,
administratif, financier, intellectuel etc. est inondé de cadres issus
de classes sociales défavorisées. Ce constat nous amène
à croire comme certains chercheurs que la réussite scolaire et
sociale est avant tout question d'individualité. La réussite
scolaire est une question d'application et d'efforts personnels
renforcés par une assiduité et une attention en classe. Les
élèves qui exécutent convenablement les différentes
activités (exercices) en classe avec une dose de curiosité et de
recherche parviennent à de bons résultats. En effet, les
élèves qui ont conscience de l'importance de l'école dans
l'amélioration de leur condition de vie future auront une
appréciation différente de l'école et de ses bienfaits que
ceux ne savant pas pourquoi ils sont à l'école.
L'analyse du phénomène du succès et de
l'échec scolaire intéresse plusieurs spécialités
qui interviennent dans le domaine éducatif. Les sociologues et les
psychologues ont développé des théories pour cerner le
problème. Les psychologues expliquent le phénomène par des
théories mettant un accent particulier sur les considérations
individuelles, mettant ainsi l'élève au centre de sa
réussite. Cette théorie fait appel à des
considérations individuelles (intelligence, attitude face à
l'école...) car même si on parle de réussite ou
d'échec, elle est personnelle d'abord.
L'approche sociologique de la déperdition scolaire met
l'accent sur les inégalités de chances d'accès à
l'éducation pour une certaine frange de la population. Un accent
particulier est mis sur l'origine familiale qui entretient de pratiques qui ne
favorisent pas la scolarisation et la survie scolaire des filles. Ces
inégalités apparaissent à travers l'analyse des taux de
scolarisation, d'abandon, d'échec et de redoublement. Ces
différentes variations de taux sont fonction de
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l'origine sociale qui entretient certaines pratiques faisant
obstruction au succès. Les théories défendues par les
sociologues dans l'explication de l'échec d'une certaine frange de la
population se focalisent en grande partie sur le capital économique,
culturel et social. Le capital économique étant constitué
par le patrimoine et les revenus. Le capital culturel qui comprend aussi bien
la maitrise de la langue pédagogique facilitera la réussite
scolaire. Et enfin, le capital social qui est constitué par l'ensemble
du réseau de relations d'un individu ou de sa famille. Un enfant
réunissant toutes ces conditions est prédisposé à
la réussite scolaire.
Au Burkina Faso, la théorie de la reproduction
de Pierre BOURDIEU et Raymond BOUDON expliquerait le mieux, selon nous, la
situation éducative des enfants issus de milieux pauvres en
général, et des filles en particulier. En effet, le contexte
social dans lequel vit un enfant lui transmet un ensemble de dispositions,
façons de voir, façons de se comporter que BOURDIEU nomme
Habitus. L'habitus influence les pratiques sociales, tant à
l'école que dans la vie professionnelle .L'habitus de classe des milieux
les plus favorisés est plus favorable à la réussite
scolaire et professionnelle que l'habitus des classes sociales
défavorisées qui est marqué par un instinct de survie.
Bourdon a fait une analyse qui cadre le mieux avec la situation
éducative du Burkina. Pour lui, l'attitude des parents vis-à-vis
de l'école s'explique selon leur milieu social et statut
économique :
-les probabilités de réussite sont plus grandes
dans les milieux aisés car ils ont des dispositions culturelles mieux
adaptées et qu'ils sont mieux disposés à l'égard
des longues études que les milieux moins favorisés ;
-à résultats scolaires égaux, la
probabilité de poursuivre des études est d'autant plus forte que
l'on appartient à un milieu aisé. La perception des avantages
liés à un diplôme donné est plus forte lors que l'on
appartient à un milieu aisé. La motivation de faire des
études est en moyenne plus faible dans des catégories sociales
les plus défavorisées comme c'est le cas de la majorité
des ménages Burkinabè vivant en dessous du seuil de
pauvreté (43,9%).