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Analyse des déterminants socio-économiques de la déperdition scolaire des filles issues des zones périphériques de la ville de Ouagadougou

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par Zah Marie SAWADOGO
Universite de Koudougou - Conseiller d'Education 2013
  

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IV.4.Les représentations sociales de l'école, élément explicatif de la déperdition scolaire

Les représentations sociales sont définies par un des fondateurs du concept comme « une modalité de connaissance particulière ayant pour fonction l'élaboration de comportements et la communication entre individus » (Moscovici, cité par Brigitta ORFALI, 2000, p.240).Elles forment donc un mode de connaitre et d'agir en proposant un regard sur la réalité et en orientant l'action. Historiquement et socialement déterminées, elles « investissent la vie collective et engendrent des pratiques plus ou moins différentes selon les groupes sociaux (Brigitta ORFALI, 2000, p.240).Les actions et les modes de penser propres à chaque individu en société sont déterminés par cette autre vision spécifique à chaque classe sociale. Elles représentent les premiers instants de nos jugements et dépendent de plusieurs facteurs tels la position sociale, le statut, le rôle, le niveau d'instruction, le statut économique...Pour comprendre certains phénomènes sociaux qui paraissent évidents par le spécialiste et qui rencontrent des difficultés dans son fonctionnement, il est nécessaire de se pencher sur les représentations véhiculées à propos du phénomène en question .En anthropologie, elles sont la voie de sagesse dans la compréhension des phénomènes sociaux dans leur complexité. Elles sont des construits sociaux, entretenus dans les différentes sociétés.

En ce qui concerne l'institution scolaire, elle est investie, interprétée par l'ensemble des acteurs et de manières différentes. Dans les zones faiblement scolarisées, ainsi que dans les zones où l'institution scolaire est absente, les populations qui y vivent ont une connaissance de l'école par le biais des agents de l'Etat en exercice. Ces représentations se construisent et se renforcent quotidiennement. L'école semble familière comme toute les institutions (KOHLER et WACQUANT ,1985).Tous les acteurs sociaux sans exception « connaissent » l'école, émettent des critiques, proposent des reformes : l'école a ceci de particulier qu'elle semble appartenir à tous,

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même si le plus grand nombre est exclu selon les différents processus et à différents niveaux (LANGE, 1987, p.7).

Le noyau familial demeure et reste le premier lieu de l'éducation, il est l'institution qui pense le plus l'école, qui a le plus à dire en matière d'éducation, mais en réalité, elle est la moins consultée. Sa consultation pour savoir les différents mobiles entravant la bonne marche de l'école s'avère nécessaire si l'on part du principe du développement à la base. En effet, dans ces sociétés traditionnelles, la perpétuation de l'ordre passe par la stabilité du groupe et la transmission de la norme. L'école est souvent vue d'un mauvais oeil pour les filles. Surtout lorsque la fillette se transforme en adolescente. L'école pour les parents, émancipe la jeune fille, la soumet à des risques sexuels et la soustrait à ses corvées domestiques : il s'agit d'un réflexe identitaire et reproducteur. Le maintien des filles à l'école passe aussi au second plan lorsque la survie quotidienne de la famille, comme c'est fréquemment le cas, est en jeu. Des représentations de ce type, établies et véhiculées depuis des lustres, ne sont pas de nature à favoriser la scolarisation des jeunes filles et n'en parlons pas de sa survie scolaire. Cette méconnaissance des représentations familiales et sociales de l'éducation formelle des enfants ne permet pas de cerner le problème dans sa globalité. Les critères de choix des enfants à éduquer sont fonction de ces représentations. Ces représentations sont multiples et multiformes. Elles sont d'ordre historique, social, culturel, économique, politique...et nécessitent une attention particulière car, participant à la compréhension des attitudes des parents vis-à-vis de la scolarisation de leurs progénitures. Ajoutons à cela que la quête permanente d'un emploi à tout prix dans l'optique de décharger les parents des dépenses scolaires incite les élèves et avec l'aval de certains parents à s'investir très tôt dans le marché de l'emploi. Au Burkina, les concours de la Fonction Publique semblent être l'ultime recours des enfants de conditions modestes. N'avons-nous pas coutume d'entendre que le premier mari de la femme, c'est son travail ? C'est l'ultime recours de la réussite pour les enfants de conditions défavorables. Pourtant, la représentation sociale de la réussite ou du succès dépend du milieu social d'origine.Pour les personnes de milieu social défavorisé, réussir à un concours direct de la Fonction Publique de niveau B.E.P.C ou CEPE constitue une réussite. Il n'en est point de même pour ceux issus du milieu social favorisé. C'est de facto un échec que d'arrêter ses études avant le niveau maîtrise ou le doctorat pour un quelconque concours. Donc selon l'origine sociale, le succès des uns peut être un échec pour les autres qui n'ont pas atteint leurs objectifs visés. Il est fréquent de constater des élèves arrêter les cours après le BEPC pour se consacrer aux concours directs, tout en ignorant que les sujets proposés à ces différents concours requiert une avancée dans les études secondaires voire supérieures.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus