Les représentations sociales sont définies par
un des fondateurs du concept comme « une modalité de connaissance
particulière ayant pour fonction l'élaboration de comportements
et la communication entre individus » (Moscovici, cité par Brigitta
ORFALI, 2000, p.240).Elles forment donc un mode de connaitre et d'agir en
proposant un regard sur la réalité et en orientant l'action.
Historiquement et socialement déterminées, elles «
investissent la vie collective et engendrent des pratiques plus ou moins
différentes selon les groupes sociaux (Brigitta ORFALI, 2000, p.240).Les
actions et les modes de penser propres à chaque individu en
société sont déterminés par cette autre vision
spécifique à chaque classe sociale. Elles représentent les
premiers instants de nos jugements et dépendent de plusieurs facteurs
tels la position sociale, le statut, le rôle, le niveau d'instruction, le
statut économique...Pour comprendre certains phénomènes
sociaux qui paraissent évidents par le spécialiste et qui
rencontrent des difficultés dans son fonctionnement, il est
nécessaire de se pencher sur les représentations
véhiculées à propos du phénomène en question
.En anthropologie, elles sont la voie de sagesse dans la compréhension
des phénomènes sociaux dans leur complexité. Elles sont
des construits sociaux, entretenus dans les différentes
sociétés.
En ce qui concerne l'institution scolaire, elle est investie,
interprétée par l'ensemble des acteurs et de manières
différentes. Dans les zones faiblement scolarisées, ainsi que
dans les zones où l'institution scolaire est absente, les populations
qui y vivent ont une connaissance de l'école par le biais des agents de
l'Etat en exercice. Ces représentations se construisent et se renforcent
quotidiennement. L'école semble familière comme toute les
institutions (KOHLER et WACQUANT ,1985).Tous les acteurs sociaux sans exception
« connaissent » l'école, émettent des critiques,
proposent des reformes : l'école a ceci de particulier qu'elle semble
appartenir à tous,
29
même si le plus grand nombre est exclu selon les
différents processus et à différents niveaux (LANGE, 1987,
p.7).
Le noyau familial demeure et reste le premier lieu de
l'éducation, il est l'institution qui pense le plus l'école, qui
a le plus à dire en matière d'éducation, mais en
réalité, elle est la moins consultée. Sa consultation pour
savoir les différents mobiles entravant la bonne marche de
l'école s'avère nécessaire si l'on part du principe du
développement à la base. En effet, dans ces
sociétés traditionnelles, la perpétuation de l'ordre passe
par la stabilité du groupe et la transmission de la norme.
L'école est souvent vue d'un mauvais oeil pour les filles. Surtout
lorsque la fillette se transforme en adolescente. L'école pour les
parents, émancipe la jeune fille, la soumet à des risques sexuels
et la soustrait à ses corvées domestiques : il s'agit d'un
réflexe identitaire et reproducteur. Le maintien des filles à
l'école passe aussi au second plan lorsque la survie quotidienne de la
famille, comme c'est fréquemment le cas, est en jeu. Des
représentations de ce type, établies et véhiculées
depuis des lustres, ne sont pas de nature à favoriser la scolarisation
des jeunes filles et n'en parlons pas de sa survie scolaire. Cette
méconnaissance des représentations familiales et sociales de
l'éducation formelle des enfants ne permet pas de cerner le
problème dans sa globalité. Les critères de choix des
enfants à éduquer sont fonction de ces représentations.
Ces représentations sont multiples et multiformes. Elles sont d'ordre
historique, social, culturel, économique, politique...et
nécessitent une attention particulière car, participant à
la compréhension des attitudes des parents vis-à-vis de la
scolarisation de leurs progénitures. Ajoutons à cela que la
quête permanente d'un emploi à tout prix dans l'optique de
décharger les parents des dépenses scolaires incite les
élèves et avec l'aval de certains parents à s'investir
très tôt dans le marché de l'emploi. Au Burkina, les
concours de la Fonction Publique semblent être l'ultime recours des
enfants de conditions modestes. N'avons-nous pas coutume d'entendre que le
premier mari de la femme, c'est son travail ? C'est l'ultime recours de la
réussite pour les enfants de conditions défavorables. Pourtant,
la représentation sociale de la réussite ou du succès
dépend du milieu social d'origine.Pour les personnes de milieu social
défavorisé, réussir à un concours direct de la
Fonction Publique de niveau B.E.P.C ou CEPE constitue une réussite. Il
n'en est point de même pour ceux issus du milieu social favorisé.
C'est de facto un échec que d'arrêter ses études avant le
niveau maîtrise ou le doctorat pour un quelconque concours. Donc selon
l'origine sociale, le succès des uns peut être un échec
pour les autres qui n'ont pas atteint leurs objectifs visés. Il est
fréquent de constater des élèves arrêter les cours
après le BEPC pour se consacrer aux concours directs, tout en ignorant
que les sujets proposés à ces différents concours requiert
une avancée dans les études secondaires voire
supérieures.
30