I.3.6. La Micro Finance un
Instrument approprié où non
C'est surtout au niveau du crédit que la micro finance
montre ses limites. En effet, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, le
micro crédit, comme tout crédit d'ailleurs, doit être
remboursé. Il nécessite donc au niveau de l'emprunteur une bonne
capacité de remboursement, aptitude qui bien entendu s'amoindrit si la
personne est très pauvre, sans revenus pour lui permettre de rembourser
un prêt. Octroyer un prêt à de tels individus risque
plutôt d'aggraver leur situation d'endettement et de pauvreté.
Souvent les gouvernements et les agences de coopération
souhaitent utiliser la micro finance comme un outil de résolution de
divers problèmes sociaux.
Victimes d'inondations ou d'autres catastrophes naturelles,
réfugiés fuyant les conflits, nouveaux diplômés de
la formation professionnelle, chômeurs, autant de types d'individus se
trouvant dans une situation de précarité que les
gouvernements sont tentés de vouloir aider par le micro crédit
depuis que celui-ci a été ``vendu'' comme un excellent outil de
lutte contre la pauvreté.
Les programmes de micro crédit conçus pour ce
type de situation fonctionnent cependant rarement. Ils enregistrent le plus
souvent des taux d'impayés ou de non remboursement très
élevés.
L'utilisation dirigée de la micro finance pour
résoudre des défis de développement dans des situations
où la base de la subsistance des populations est détruite ou
très précaire a rarement été un succès.
Le micro crédit se révèle par contre le
plus utile pour ceux qui ont identifié une opportunité
économique et qui sont en situation de faire fructifier cette
opportunité s'ils ont la possibilité de se procurer une petite
somme d'argent au moment où ils en ont besoin.
Ainsi, les personnes pauvres qui travaillent dans des
économies stables ou en croissance, qui ont démontré leur
capacité à conduire les activités proposées dans un
esprit d'entreprise et leur engagement à rembourser leurs dettes, sont
les meilleurs candidats pour le micro crédit.
L'univers des clients potentiels s'élargit cependant de
manière exponentielle si l'on prend en compte le concept plus large de
la ``micro finance''.
Par exemple, au niveau de l'épargne ou de la
sécurisation des petites économies, il est encore difficile
aujourd'hui dans beaucoup de pays d'ouvrir un simple compte dans une
institution bancaire faute de remplir toutes les conditions exigées
(carte d'identité, dépôt minimum qui est souvent un maximum
pour les populations pauvres etc.).
De plus, les banques n'ont bien souvent de guichets ou
d'agences que dans les capitales ou les villes secondaires importantes, ce qui
exclut directement une bonne partie de la population.
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