4.3 Impact d'une hausse des taxes sur le revenu des
ménages
La mobilisation des ressources intérieures par une
augmentation des taxes directes sur les ménages influence
fondamentalement les agrégats relatifs aux agents ménages et
gouvernement. Si le Bénin opte pour une telle politique, quelles en
seront les principales répercussions?
D'abord, on note un ralentissement de l'activité
économique les trois premières années de cette politique.
En effet, durant les premières années de cette mesure, le produit
intérieur brut a baissé par rapport à son niveau dans la
situation de référence. Mais dès la quatrième
année, l'économie renoue avec une croissance mitigée. La
production des biens et des services a enregistré une faible
augmentation par rapport à la situation de base (en moyenne 0,13%).
Le revenu gouvernement a évidemment augmenté
avec une croissance annuelle de près de 3%. L'État a
réduit sa consommation en volume et donc a augmenté son
épargne de plus 15% par an par rapport à la situation de
référence.
Quant aux ménages, le tableau suivant met en exergue la
variation du revenu subit suite à une augmentation des taxes
directes.
Tableau 4.4: Variation du revenu des ménages suite
à la hausse des taxes directes (%)
magrind
|
magriv
|
mchom
|
melev
|
mnagr
|
mpech
|
mpf
|
mpinf
|
mpub
|
-0.063
|
-0.07
|
-0.001
|
-0.052
|
-0.027
|
-0.061
|
0.031
|
0.013
|
0.026
|
-0.056
|
-0.063
|
0.004
|
-0.045
|
-0.021
|
-0.054
|
0.036
|
0.018
|
0.031
|
-0.049
|
-0.056
|
0.01
|
-0.039
|
-0.015
|
-0.048
|
0.04
|
0.023
|
0.036
|
-0.043
|
-0.05
|
0.015
|
-0.033
|
-0.009
|
-0.042
|
0.045
|
0.027
|
0.04
|
-0.037
|
-0.043
|
0.019
|
-0.027
|
-0.004
|
-0.036
|
0.049
|
0.032
|
0.044
|
-0.031
|
-0.037
|
0.024
|
-0.021
|
0.002
|
-0.03
|
0.053
|
0.036
|
0.048
|
-0.025
|
-0.032
|
0.028
|
-0.016
|
0.007
|
-0.024
|
0.056
|
0.04
|
0.052
|
-0.02
|
-0.026
|
0.032
|
-0.011
|
0.011
|
-0.019
|
0.06
|
0.044
|
0.055
|
-0.015
|
-0.021
|
0.036
|
-0.006
|
0.016
|
-0.014
|
0.063
|
0.048
|
0.059
|
-0.01
|
-0.016
|
0.04
|
-0.001
|
0.02
|
-0.009
|
0.066
|
0.051
|
0.062
|
Source : Résultats de nos simulations
Comme on peut constater à la lecture de ce tableau,
l'augmentation de ces taxes contrairement à une hausse des TVA n'influe
pas sur le revenu des ménages de la même façon. Si
globalement sur la période le revenu des ménages baisse
légèrement, au niveau désagrégé le constat
n'est pas le même. Les ménages salariés du public, ceux du
secteur
50
privé formel et les ménages du secteur informel
ont vu leur revenu augmenté sur toute la période en dépit
de la mesure. Cinq ans après la mise en oeuvre de cette politique, on
remarque également que les ménages non agricoles ont connu aussi
une augmentation de leur revenu. Or, la plupart de ces ménages sont
concentrés dans les grandes agglomérations; on peut dire donc que
la hausse des taxes directes sur les ménages n'a pas un impact
négatif sur le revenu des ménages urbains. Mais qu'en est-il du
bien-être des ménages? Contrairement à ce qu'on pourrait
imaginer au regard du tableau précédent, la variation de
bien-être des ménages ne suit pas forcément le signe de la
variation du revenu mais prend en compte aussi celle du prix. Le tableau
suivant donne une idée du gain ou de la perte d'utilité suite
à l'augmentation des taxes.
Tableau 4.5: Variation du bien-être des ménages
suite à la hausse des taxes directes sur les ménages (%)
magrind
|
magriv
|
mchom
|
melev
|
mnagr
|
mpech
|
mpf
|
mpinf
|
mpub
|
-1.666
|
-0.018
|
0.046
|
-0.001
|
-1.634
|
-0.005
|
-1.640
|
0.059
|
-2.608
|
-1.658
|
-0.008
|
0.056
|
0.009
|
-1.624
|
0.005
|
-1.631
|
0.069
|
-2.599
|
-1.650
|
0.002
|
0.065
|
0.018
|
-1.615
|
0.014
|
-1.622
|
0.078
|
-2.591
|
-1.643
|
0.012
|
0.074
|
0.027
|
-1.607
|
0.023
|
-1.614
|
0.088
|
-2.583
|
-1.635
|
0.021
|
0.083
|
0.036
|
-1.598
|
0.032
|
-1.606
|
0.097
|
-2.575
|
-1.628
|
0.030
|
0.092
|
0.044
|
-1.590
|
0.040
|
-1.598
|
0.105
|
-2.568
|
-1.625
|
0.033
|
0.092
|
0.046
|
-1.589
|
0.043
|
-1.598
|
0.104
|
-2.569
|
-1.615
|
0.046
|
0.108
|
0.060
|
-1.575
|
0.056
|
-1.584
|
0.121
|
-2.554
|
-1.609
|
0.054
|
0.115
|
0.067
|
-1.568
|
0.063
|
-1.577
|
0.129
|
-2.548
|
-1.604
|
0.062
|
0.122
|
0.074
|
-1.561
|
0.071
|
-1.570
|
0.136
|
-2.541
|
Source :Résultats de nos simulations
Les ménages inactifs et ceux du secteur informel ont
tiré profit de cette politique en ce sens que leur utilité a
augmenté tout au long de la période. Les ménages agricoles
« vivriers », les éleveurs et les pêcheurs ont subi en
début de période une perte de bien-être mais quelques
années après ont enregistré un gain d'utilité. Les
autres ménages ont subi sur toute la période une perte importante
de leur bien-être équivalent à plus de 1,5% de leur revenu.
Ces ménages sont ceux sur lesquels ces taxes sont
prélevées. Autrement, les ménages qui contribuent
directement à l'augmentation de cette taxe ont enregistré une
perte de leur bien-être sur toute la période. Mais ce sont les
ménages du secteur public qui ont observé la plus grande perte de
bien-être, soit une baisse de plus de 2,5% de leur revenu de
référence.
On peut conclure à partir des analyses
précédentes que cette mesure a entraîné un
ralentissement de l'activité économique les trois
premières années. Le revenu du gouvernement augmente ainsi que
son épargne. Globalement, l'augmentation des taxes sur les
51
ménages entraîne une baisse de leur revenu. Mais
de grandes disparités sont remarquées. En effet, cette politique
n'influence pas négativement le revenu des ménages urbains. On
note également un effet différencié quant à la
variation du bien-être des ménages. Ainsi, la troisième
hypothèse n'est pas vérifiée car la politique a
affecté certes la plupart des ménages urbains (ménages du
secteur public, ménages non agricoles et ménages du privé
formel) mais elle a également entrainé une baisse du
bien-être des ménages agricoles industriels qui sont
considérés comme des ruraux.
52
|