CONCLUSION
L'objectif de cette étude était d'identifier les
impacts d'un recours aux différentes sources de financement sur
l'économie béninoise. Pour ce faire, un modèle
d'équilibre général calculable dynamique a
été construit afin de tenir compte des interactions qui existent
au sein de l'économie et aussi pour suivre l'évolution des
différentes variables dans le temps. La MCS utilisée pour ce MEGC
prend en compte neuf catégories de ménages, dix-neuf secteurs de
production avec autant de produits. Trois principales simulations de politiques
de mobilisations des ressources ont été réalisées :
(i) augmentation des ressources extérieures pour financer les
investissements, (ii) hausse des taxes sur la valeur ajoutée et
(iii) hausse des taxes directes sur les ménages.
De nos simulations, il en ressort qu'une mobilisation
supplémentaire des ressources extérieures pour financer les
investissements accroît le PIB sur toute la période. Toutefois,
cette hausse dépend de la nature de l'investissement
réalisé. Cette mesure accroît le revenu de tous les agents
et entraîne également une amélioration du bien-être
des ménages. Mais le financement des investissements publics
accroît moins le bien-être des ménages en comparaison avec
les autres scénarii. Il importe de remarquer que cette mesure est source
d'inflation, soit un accroissement du niveau des prix d'environ 1.2%. En ce qui
concerne l'amélioration de la mobilisation des ressources
intérieures à travers une hausse de 20% des recettes liées
à la TVA, on constate une baisse de l'activité économique
par rapport à la situation de référence sur toute la
période. De plus, cette politique est défavorable à tous
les ménages, car ceux-ci enregistrent une baisse de leur revenu et de
leur bien-être. Mais le revenu du gouvernement augmente
considérablement au point où celui-ci parvient à
dégager un surplus d'épargne de plus de 30% par rapport la
situation de référence. Toutefois, on note que l'écart de
la plupart de ces grandeurs à la situation de référence
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diminue au fil du temps. Ainsi, à long terme,
l'économie va donc internaliser ce choc et renouer avec une croissance
supérieure à celle de la situation de base. La hausse de 25% des
taxes sur le revenu des ménages a entraîné aussi un
ralentissement de l'activité économique les trois
premières années. Le revenu du gouvernement augmente ainsi que
son épargne. Contrairement à l'augmentation de la TVA, cette
politique n'agit pas sur les ménages de la même manière.
Cette politique n'influence pas négativement le revenu des
ménages urbains. Elle affecte négativement le bien-être des
ménages qui payent ces taxes.
On peut conclure sur la base de ces résultats que :
(i) l'origine des ressources mobilisées (MRE ou MRI) a des
impacts différents sur l'économie, (ii) à court
terme, les ressources extérieures sont plus favorables à la
croissance et l'amélioration du bien-être des ménages que
les ressources mobilisées à travers les politiques fiscales,
(iii) la MRE est source d'infla-tion dans l'économie,
(iv) les politiques fiscales simulées accroissent le revenu de
l'Etat et améliorent considérablement son épargne,
(v) les effets néfastes de ces politiques fiscales sur
l'économie et les ménages s'amenuisent avec le temps : à
long terme ces effets disparaîtront, (vi) les taxes directes sur
les ménages engendrent un impact qui diffère selon le type de
ménage, (vii) les taxes sur la valeur ajoutée induisent
une hausse du niveau général des prix.
Au regard des résultats obtenus et de l'importance de
la mobilisation des ressources financières pour le Bénin, nous
jugeons nécessaire de formuler quelques recommandations à savoir
que:
- en période de récession économique, il
est préférable de recourir aux capitaux étrangers du fait
de leurs impacts à court terme;
- une fois les ressources mobilisées, il importe de
choisir de façon adéquate les secteurs à financer car
l'impact sur l'économie et le bien-être des ménages en
dépend;
- en attendant de disposer d'une épargne
intérieure suffisante seule gage de souveraineté
économique et financière surtout du point de vue de l'acquisition
d'une capacité d'autofinancement, il est nécessaire
d'accroître la mobilisation des ressources extérieures mais sans
oublier leur effet inflationniste et aussi de manière à
éviter le surendettement;
- du fait des effets néfastes des différentes
taxes, l'élaboration de taxes spécifiques à chaque
catégorie de ménages et à chaque type de produit peut
s'avérer plus optimale voire réduire les inégalités
intra-ménages dans la mesure où certaines politiques fiscales ont
un impact qui diffère selon le type de ménage;
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- les autorités doivent définir des politiques
de compensation pour les ménages qui supportent la plus grande perte de
bien-être suite à la mise en oeuvre d'une politique fiscale;
- compte tenu de la diminution des effets négatifs des
politiques fiscales dans le temps, il serait plus optimal que ces politiques
visent des objectifs de mobilisation de ressources de long terme.
Malgré les efforts de modélisation pour se
rapprocher de la réalité, nous reconnaissons que cette
étude n'est donc pas exempte de limites. Hormis les reproches habituels
adressés à l'encontre du modèle d'équilibre
général (confère Hérault (2004); Philip (2006);
Piet (2002); Le Cacheux et Touzé (2002)), cette étude
présente certaines limites qu'il importe de préciser. D'abord, la
dynamique du modèle suppose que les agents ont des anticipations myopes,
c'est-à-dire qu'ils ne révisent pas leur anticipation. Ce qui est
peu réaliste. En plus de cela, on peut aussi mettre l'accent sur le
caractère trop agrégé des ressources extérieures
dans la MCS qui permet pas de simuler des politiques plus spécifiques.
En effet, il aurait été bien de désagréger les
ressources extérieures (par exemple en APD, IDE, les emprunts sur les
marchés financiers, etc.).
Ainsi, une perspective d'amélioration de cette
étude serait d'utiliser des données plus récentes et de
chercher les impacts de chaque type de ressources extérieures sur
l'économie. De même, afin d'étudier l'impact de ces
politiques sur le niveau de pauvreté des ménages, l'association
à ce modèle d'un module de micro-simulation serait d'un apport
considérable.
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