CHAPITRE 4
ANALYSE DES RÉSULTATS DES
SIMULATIONS
42
Ce chapitre vise l'interprétation des résultats
des différentes simulations. L'objectif de ces simulations est
d'augmenter les ressources financières mobilisées
(intérieures ou extérieures) afin d'en identifier les impacts.
Trois principales simulations sont faites. La première fait
l'hypothèse d'une augmentation de 15% des ressources extérieures.
Afin de mieux cerner l'impact de cette hausse, trois situations sont
étudiées. Dans un premier temps, la ressource mobilisée
est est utilisée pour financer les investissements dans le respect de la
configuration de la MCS 2007 ; la deuxième option consiste à
financer exclusivement les investissements privés, et enfin la
dernière politique suppose le financement des investissements publics
avec les ressources mobilisées. La deuxième simulation et la
troisième envisagent des mesures fiscales : une augmentation de 20% des
taxes sur la valeur ajoutée (deuxième simulation) et une hausse
de 25% des taxes sur le revenu des ménages. Dans la suite, les analyses
seront faites en termes de variation entre la situation après le choc et
la trajectoire de référence. La trajectoire est
référence ou encore scénario de base est le comportement
de l'économie en l'absence de tout choc ou de toute modification de
politiques économiques. Pour un modèle d'équilibre
général dynamique, un certain nombre d'hypothèses sont
faites sur la situation de référence. En ce concerne notre
étude, on suppose une croissance économique égale à
celle de la population (3%). Ce qui permet de maintenir le revenu tête.
Afin de maintenir le niveau des dépenses publiques par tête, on
considère aussi qu'elles croissent dans la même proportion que la
population.
43
4.1 Impact d'une hausse des ressources
extérieures
Une augmentation des ressources extérieures dans
l'économie influe sur la plupart des grandeurs macroéconomiques
et aussi sur le bien-être des ménages. Une étude
comparée de trois possibilités d'orientation de ces ressources
est faite dans cette section. Les trois orientations étudiées
sont (i) une allocation optimale des ressources par le libre jeu du
marché (cette politique sera notée SIM1A), (ii) une augmentation
des investissements privés (SIM1B) et (iii) un accroissement des
investissements de l'Etat. Dans les trois, la totalité des ressources
mobilisées est utilisée.
Toute augmentation des investissements engendre
inéluctablement un accroissement du produit intérieur brut (PIB)
mais cet accroissement pourrait dépendre de la nature de
l'investissement (privé ou public) et des secteurs financés. Le
graphique suivant montre l'impact des trois politiques sur le PIB de
référence.
Graphique 4.1: Variation du PIB
2 4 6 8 10
1.80 1.85 1.90 1.95 2.00
SIM1A SIM1B SIM1C
Période
Source :Résultats des simulations
Lorsqu'on utilise les moyens mobilisés pour financer
l'économie béninoise suivant le schéma d'investissement de
l'année de base (SIM1A), l'écart à la situation de
référence est plus important que pour les deux autres politiques.
En effet, bien que toutes les courbes de ce graphique soient croissantes, on
sent une nette différence dans le temps (position relative des
différentes courbes). On note également un meilleur accroissement
du PIB si toutes les ressources mobilisées sont utilisées pour
financer les investissements privés plutôt que les investissements
publics. Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'en général
les entreprises privées opèrent des choix
d'investissement souvent plus efficaces que les pouvoirs publics qui ne
poursuivent pas le même objectif de profit que les premières. Mais
qu'en est-il de la production des différentes branches et de la
création de richesses?
D'abord, remarquons que la croissance du PIB
enregistrée est due essentiellement à quatre branches de
production : le secteur de la construction, la pêche, la sylviculture et
les activités extractives. Pour les trois politiques simulées, la
tendance est la même : la pêche et la sylviculture ont
enregistré une croissance assez marginale (moins de 0.3%) tandis qu'on a
une augmentation de la production du secteur de la construction de 6,85% en
moyenne et de 2,81% pour les activités extractives. On note aussi un
rattrapage du niveau de production de référence au niveau de
certains secteurs tels que l'élevage, l'eau, la santé, les autres
industries, les autres services et le secteur des transports. Le secteur de
l'élevage et celui de l'eau ont mis deux années pour rattraper
l'écart, tandis que le secteur de la santé et celui des autres
industries ont pris trois années et le secteur services et la branche
des transports ont pris respectivement quatre et sept années (voir
annexe). Ce retard de croissance constaté dans ces secteurs peut
être dû au fait que certains secteurs réagissent moins vite
aux investissements que d'autres secteurs c'est-à-dire qu'on ne remarque
l'impact d'un nouvel investissement qu'au bout d'un certain nombre
d'années. Globalement, la première année de ces
politiques, seuls quatre secteurs ont eu un accroissement de leurs produits
mais sept ans après on en compte dix sur les dix-neuf que compte
l'économie. Quant à la valeur ajoutée, le graphique
suivant donne son évolution dans les trois cas.
Graphique 4.2: Évolution de la VA
2 4 6 8 10
-0.4 -0.2 0.0 0.2 0.4 0.6
SIM1A SIM1B SIM1C
Période
Source :Résultats des simulations
44
La première année de la mise en ?uvre des
politiques simulées, la valeur ajoutée a baissé
45
par rapport à la situation de référence
de 0,4% quelle que soit la politique cette année; mais la dynamique est
différenciée selon le choix de politique. Le rattrapage de la
valeur ajoutée de la situation de référence s'est fait
après quatre ans de mise en ?uvre de la troisième politique
(SIM1C), cinq ans pour la deuxième (SIM1B) et sept ans pour la
première. Ce qui pourrait amener à conclure que l'investissement
public permet de créer plus de richesses.
Une autre grandeur importante est le revenu des agents dont la
variation suite aux différentes politiques est consignée dans le
tableau suivant.
Tableau 4.1: Variation du revenu des agents (%)
Période
|
Firmes
|
Gouvernement
|
Ménages
|
|
SIM1A
|
SIM1B
|
SIM1C
|
SIM1A
|
SIM1B
|
SIM1C
|
SIM1A
|
SIM1B
|
SIM1C
|
1
|
1.165
|
1.165
|
1.165
|
2.088
|
2.088
|
2.088
|
1.796
|
1.796
|
1.796
|
2
|
1.308
|
1.289
|
1.252
|
2.152
|
2.141
|
2.121
|
1.810
|
1.802
|
1.786
|
3
|
1.446
|
1.407
|
1.336
|
2.213
|
2.191
|
2.152
|
1.823
|
1.807
|
1.777
|
4
|
1.577
|
1.519
|
1.415
|
2.271
|
2.239
|
2.182
|
1.836
|
1.812
|
1.769
|
5
|
1.702
|
1.625
|
1.491
|
2.327
|
2.285
|
2.211
|
1.849
|
1.816
|
1.761
|
6
|
1.822
|
1.726
|
1.562
|
2.381
|
2.328
|
2.238
|
1.861
|
1.820
|
1.754
|
7
|
1.937
|
1.822
|
1.631
|
2.432
|
2.368
|
2.264
|
1.872
|
1.824
|
1.748
|
8
|
2.047
|
1.913
|
1.696
|
2.481
|
2.407
|
2.290
|
1.884
|
1.828
|
1.743
|
9
|
2.152
|
2.000
|
1.759
|
2.527
|
2.444
|
2.314
|
1.894
|
1.831
|
1.738
|
10
|
2.252
|
2.082
|
1.818
|
2.572
|
2.479
|
2.337
|
1.905
|
1.834
|
1.733
|
Source :Résultats de nos simulations
L'augmentation des ressources pour le financement de
l'économie accroît le revenu de tous les agents économiques
en particulier le gouvernement qui enregistre une augmentation de plus de 2%
dans les trois cas. Quant aux ménages, on constate que la variation (en
%) du revenu change très peu d'une catégorie à une autre
(entre 1,7% et 1,9%). En ce qui concerne les firmes, elles connaissent un gain
de revenu supérieur dans la première situation.
Cette politique engendre une hausse du niveau
général des prix de 1,22% la première année.
Malgré le maintien de la hausse de ces ressources sur toute la
période, l'écart de prix à la situation de
référence diminue progressivement. Toutefois, la dynamique
dépend de la politique menée. En effet, la diminution de cet
écart varie assez rapidement dans les deux premières situations
que dans la troisième.
Les revenus des ménages ont connu une hausse
sensible(1,8% en moyenne) de même que l'indice des prix à la
consommation, ce qui amène à s'interroger sur la variation du
bien-être des ménages. Pour ce faire, nous recourons à la
variation équivalente pour chaque type de ménages.
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Pour les trois politiques simulées et sur toute la
période, la variation équivalente est positive pour tous les
ménages : ce qui permet de conclure que les ménages ont eu un
gain de bien-être. Le bien-être de tous les ménages est
croissant pour les simulations SIM1A et SIM1B tandis que pour la simulation
SIM1C, le bien-être de certains ménages est décroissant.
C'est le cas des ménages inactifs, des ménages non agricoles, des
salariés du public, ceux du privé formel et ceux du secteur
informel. Or, la plupart de ces ménages sont concentrés dans les
villes. On peut donc dire que la troisième situation profitent plus aux
ménages ruraux.
Au terme de cette analyse, on retient que la première
hypothèse est vérifiée. En effet, la mobilisation
supplémentaire des ressources extérieures pour financer les
investissements accroît, sur toute la période, le PIB. Cette
hausse est plus accentuée lorsque cet investissement respecte la
structure de l'économie béninoise en 2007 (MCS 2007). Ces
politiques occasionnent une hausse du niveau général des prix de
plus de 1% sur la période. Le revenu de tous les agents augmente
relativement à la situation de référence. On remarque que
ces politiques sont assez favorables aux ménages en ce sens qu'elles
entraînent une amélioration de leur bien-être. Mais comme on
le constate la troisième politique (hausse des investissements publics)
est moins favorable aux ménages urbains que les autres politiques.
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