2- Les coûts
Les coûts dans leur ensemble - frais
généraux, coûts opératoires, etc. - constituent un
manque à gagner que la banque essaye de combler en accentuant ses marges
d'intérêt. C'est ainsi que les coûts opérationnels
sont positivement corrélés au spread des taux
d'intérêt bancaires [Barajas, Steiner et Salazar (1999)]. Il est
également établi que les coûts induits par la constitution
des provisions pour créances douteuses ont un impact positif sur le
spread [Randall (1998)]. En effet, la constitution de ces provisions limite les
ressources disponibles pour l'octroi des crédits et constitue un manque
à gagner que les banques comblent en élevant leur taux
d'intérêt débiteur.
Dans la gamme des coûts, un accent particulier est
accordé aux réserves obligatoires. Puisque le coût
d'opportunité de la détention des réserves à la
banque centrale où elles sont peu ou pas
rémunérées, est si grand qu'il apparaît comme une
taxe financière implicite que les banques répercutent sur leur
clientèle au moyen de marges d'intérêt
élevées [Chirwa et Mlachila (2004)].
Les banques répercutent également sur leur
clientèle les taxes financières explicites auxquelles elles sont
soumises. En effet, plus le taux de taxation des transactions
financières est élevé et plus le spread des taux
d'intérêt bancaires est grand [Demirgüç-Kunt et
Huizinga (1998)].
Les coûts d'une banque sont étroitement
liés au segment de marché dans lequel elle exerce ses
activités. En effet, les banques qui exercent leurs activités sur
le segment des personnes physiques ont généralement des
coûts plus élevés que celles qui ciblent le segment des
entreprises. Cela est dû au fait que les activités de banque de
détail nécessitent un grand réseau d'agences et un
investissement important aussi bien en matériel qu'en personnel. Ces
coûts élevés contribuent de manière mécanique
à élever le spread des taux d'intérêt bancaires
[Brock et Rojas Suarez (2000)].
En somme, l'importance accordée à un coût
quelconque relativement à un autre, dépend essentiellement de
l'environnement économique dans lequel l'étude est menée.
C'est ainsi que les réserves obligatoires, les coûts
opérationnels et les provisions pour créances douteuses
contribuent à hauteur de 75% à l'explication du spread dans les
pays caribéens [Randall (1998)]. Alors qu'au Malawi, les réserves
obligatoires sont le seul type de coût affectant significativement le
spread des taux d'intérêt bancaires [Chirwa et Mlachila (2004)].
Enfin, il convient de noter que dans le processus de
minimisation de ses différents coûts, la taille de la banque joue
un rôle crucial.
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