CHAPITRE V : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Etant donné les deux indicateurs retenus de la
performance à savoir la rentabilité et la productivité,
les résultats vont comprendre les effets statiques et dynamiques
correspondant respectivement à chacun des dits indicateurs.
5.1 Effets statiques de la privatisation sur la
rentabilité des entreprises
Les premiers résultats de calcul des moyennes trois
années avant et cinq années après la privatisation des
ratios de rentabilité de chaque entreprise ainsi que les
représentations graphiques de l'évolution du ROS et des tests
effectués sur les trois indicateurs de rentabilité sont
illustrés dans les paragraphes suivants.
Tableau 6: Comparaison de la rentabilité des
entreprises publiques trois ans avant et cinq ans après leur
privatisation (t = -3 à +5, variante 1)
Mesure
Entreprise
|
ROS (RN/CA)
|
ROE (RN/CP)
|
ROA (RN/AT)
|
|
MOYa
|
MOYb
|
MOYa
|
MOYb
|
MOYa
|
AES-SONEL
|
-0,099
|
0,127
|
-0,263
|
0,312
|
-0,067
|
0,136
|
CAMRAIL
|
-0,162
|
0,027
|
-0,306
|
0,125
|
-0,025
|
0,006
|
CDC
|
-0,084
|
0,033
|
-0,282
|
0,074
|
-0,057
|
0,018
|
CHOCOCAM
|
0,037
|
0,066
|
0,186
|
0,261
|
0,059
|
0,079
|
HEVECAM
|
-0,075
|
0,102
|
-0,037
|
0,062
|
-0,014
|
0,019
|
SEPBC
|
0,032
|
0,120
|
0,143
|
0,555
|
0,019
|
0,103
|
SOCAMAC
|
0,049
|
0,071
|
0,220
|
0,312
|
0,048
|
0,069
|
SOCAPALM
|
0,001
|
0,044
|
0,001
|
0,046
|
0,001
|
0,041
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Légende
ROS : Return On Sales ou rentabilité commerciale
(= Résultat net / Chiffre d'affaires)
48
ROE : Return On Equity ou rentabilité
financière (= Résultat net / Capitaux propres) ROA : Return
On Assets ou rentabilité globale (= Résultat net / Actif
total)
MOYa : moyenne « after privatization »,
après privatisation MOYb : moyenne « before privatization »,
avant privatisation
L'observation de ce tableau, nous montre que la privatisation
a été source d'amélioration de la rentabilité pour
chacune des entreprises de notre échantillon. Ceci vient corroborer les
allégations théoriques de Yarrow (1986) et Boyko et al. (1996)
qui stipulent que la rentabilité des entreprises nouvellement
privatisées (anciennement publiques) devrait augmenter pour plusieurs
raisons. D'abord, les nouveaux actionnaires vont chercher à augmenter
leurs profits et les nouveaux dirigeants vont devoir se conformer à cet
objectif. La privatisation transférant les droits de contrôle aux
actionnaires privés, les dirigeants vont devoir s'intéresser au
compte d'exploitation de l'entreprise plutôt que de se conformer aux
directives du gouvernement qui cherche, entre autres, à protéger
l'emploi ou, plus généralement, à atteindre ses propres
objectifs plutôt que la rentabilité de l'entreprise.
Ces résultats viennent également en
conformité avec les allégations de Ehrlich, Gallais-Hammond et
Lutter (1990) selon lesquelles l'entreprise privatisée est plus rentable
que l'entreprise publique parce que le propriétaire privé,
pouvant facilement vendre ou échanger ses droits de
propriété, se préoccupe davantage d'augmenter la
qualité et la rentabilité de son bien.
Prenons le cas de la SONEL et de la REGIFERCAM pour essayer
de comprendre ces résultats. En effet, pour ce qui est de la SONEL, nous
constatons que la moyenne du taux de marge nette est passée de -0,099
(trois années avant la privatisation) à 0,127 (cinq années
après la privatisation) ce qui traduit une augmentation des
bénéfices réalisés par l'entreprise suite à
une augmentation du volume d'activité ; de même nous pouvons noter
une amélioration de la rentabilité des capitaux propres (ROE) de
-0,263 (trois années avant la privatisation) à 0,312 (cinq
années après la privatisation) traduisant ainsi une incidence
positive des fonds propres dégagés par les nouveaux actionnaires
suite à l'ouverture du capital. On peut aussi remarquer une
amélioration de la rentabilité des actifs (ROA) qui est
passée de -0,067 (trois années avant la privatisation) à
0,136 (cinq années après la privatisation) traduisant une
amélioration significative de l'ensemble des actifs utilisés par
la SONEL après sa privatisation. Cette amélioration de la
rentabilité de l'entreprise n'est que la résultante d'un ensemble
d'aménagements effectués au sein de la société lors
de sa privatisation.
49
En effet, la production d'énergie électrique de
la SONEL est passée de 2417 Gwh en 1988 à 3536 Gwh l'année
de sa privatisation c'est-à-dire en 2001 ceci étant dû
à une augmentation de la puissance installée qui est
passée de 757 Méga watt (Mw) en 1988 à 843,5 Mw en 2001.
En outre, la SONEL exploitait jusqu'en 1994, 480 km de lignes 225 kilovolt
(kv), 100 km de lignes 110 kv, 1064 km de lignes 90 kv et en 2001, la longueur
des lignes 110 kv est passée à 337 km, les autres étant
restées inchangées. Le segment de distribution comprenait quant
à lui en 1988, 7918 km de lignes répartis de la manière
suivante : 3864 km de lignes moyenne tension à 33, 30, 15, 10 et 5,5 kv
; 4064 km de lignes basse tension et 3299 postes de transformation. Les
aménagements effectués dans ce segment lors de la privatisation
ont permis l'augmentation des lignes et des postes de transformation
d'où en 2001, on recensait 19033 km de lignes et 6444 postes de
transformation.
Grâce à ses aménagements, le chiffre
d'affaire d'AES- SONEL passe de 67 milliards de FCFA en 1995/96 à 90
milliards de FCFA au cours de l'exercice 2001, soit une croissance de 34% au
cours de la période ou 6,8% par an pour l'entreprise publique. De son
coté, l'entreprise privée fait passer son chiffre d'affaires de
90 à 203 milliards en 2007, soit une croissance de 125% et donc 20,8%
par an (Touna Mama, 1996). La progression de l'activité sous la gestion
privée est ainsi trois (3) fois plus rapide que sous la gestion publique
résultant certainement d'une approche plus dynamique et plus
volontariste dans le but de maximiser le profit au contraire de l'entreprise
publique.
Il en va de même en ce qui concerne la REGIFERCAM, le
chiffre d'affaire de celle-ci atteint un plafond de 31,5 milliards de FCFA au
cours de l'exercice 1984/85 ; puis il chute à 21,5 milliards en 1987/88
avant de remonter et de se stabiliser à 29,7 milliards de francs CFA
à partir de l'exercice 1994/95, soit une baisse de 6% au cours de la
période publique. Sous la gestion de l'opérateur privé
CAMRAIL le chiffre d'affaire atteint un pic de 46,2 milliards dès
l'exercice 2002 avant de connaitre un léger repli pour se situer
à 44,4 milliards, l'exercice suivant soit une croissance de près
de 50% (Touna Mama, 1996). Ce qui traduit une approche plus dynamique de la
part de l'operateur privé au contraire du gestionnaire public.
Tous ces aménagements effectués au sein de
l'entreprise SONEL suite à sa privatisation peuvent expliquer
l'amélioration de sa rentabilité. Il en est de même pour
les autres entreprises de notre échantillon qui doivent
l'amélioration de leur rentabilité aux différentes
restructurations mais aussi aux changements d'objectifs qui ont suivi leur
privatisation.
50
5.1.1 Présentation graphique des évolutions
du Return On Sales (ROS) et
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