Notre étude a été effectuée sur
une période de neuf ans et porte sur (8) huit entreprises parmi les (24)
vingt-quatre privatisées actuellement au Cameroun. Pourtant, au
départ nous avions prévu de travailler avec un échantillon
composé d'au moins quinze (15) entreprises dont le choix était
régi par un souci de représentativité des trois secteurs
de l'économie camerounaise (secteur primaire, secondaire et tertiaire)
et aussi sur une période plus longue. Malheureusement, nous n'avons pas
pu le réaliser.
En effet, la non disposition d'une base de données sur
les privatisations par l'Etat camerounais, le caractère confidentiel des
informations comptables et financières, l'indisponibilité des
données dans les structures censées les détenir, la forte
réticence de la part des détenteurs des dites informations,
malgré les multiples démarches entreprises et la
présentation de la lettre de recommandation, ne nous ont pas rendu la
tâche facile. Au niveau de certaines institutions nous avons même
été considérés comme des journalistes à la
recherche d'informations sensibles et il nous a été interdit de
revenir chercher quoi que ce
9 De même que Villalonga (2000, p, 58, note
17) et Charreaux et Alexandre (2001, p22, note 21) et pour la même raison
inhérente au faible nombre de firmes retenues dans l'échantillon,
la constante n'a pas été remplacé par une variable
transformée égale à l'écart type par rapport
à la moyenne comme c'est le cas lorsqu'on estime les modèles
à effets fixes sur des échantillons de grandes tailles.
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soit. C'est la raison pour laquelle nous avons
travaillé avec le peu d'information que nous avons pu obtenir, nous
ramenant ainsi à huit (8) entreprises privatisées.
Les approches utilisées pour évaluer la
performance des entreprises privatisées sont multiples et cette
diversité explique habituellement les diverses discordances entre les
résultats des études sur la question. Il importe à cet
égard de préciser que le parti pris que nous avons fait de
recourir à des mesures comptables comporte des limites et les
indicateurs retenus ne sont pas non plus exempts de critique, ne serait-ce
qu'en raison des biais qui peuvent se situer dans la fiabilité des
informations comptables obtenues.
L'analyse des performances des entreprises avant et
après privatisation est une opération complexe et
délicate, pour deux raisons : la première est que la notion
même de performance n'est pas clairement définie par la
théorie économique et que sa mesure reste sujette à
diverses démarches et à des vives polémiques. La seconde
raison tient au fait que l'entreprise privatisée a un passé
d'entreprise publique, ce qui rend réducteurs certains instruments
d'appréciation des performances ex ante et ex post. Par ailleurs, la
problématique de la fiabilité des données recueillies peut
contrevenir à la rigueur des résultats de notre analyse. Il est
donc important à ce stade-ci, d'examiner ces résultats avec une
certaine prudence. En outre, les relations bidirectionnelles entre la
privatisation et son impact sur la performance des entreprises pour être
judicieusement vérifiées, supposent une étude
longitudinale et transversale sur un échantillon plus grand, et sur une
durée plus longue afin de ne pas perdre de vue les effets temporels
éventuels des privatisations. De plus nous n'avons pas pu prolonger
cette analyse en intégrant les variables de nature organisationnelle et
des variables de gouvernance susceptibles d'influencer les performances des
entreprises privatisées.
Cependant, malgré les insuffisances que peut contenir
cette étude, les traits dominants et les résultats de notre
recherche impliquent clairement certaines déductions, qui, nonobstant
les biais méthodologiques, sont trop fortes pour être
négligées, en raison même de leur cohérence. De
plus, l'analyse statique et dynamique effectuée nous permet de
conférer à nos résultats, une plus grande robustesse. Par
conséquent, nos conclusions (mais non l'argumentation et la
démarche) ne diffèrent pas de celles auxquelles sont parvenus
bien avant nous, des recherches similaires sur l'impact des privatisations en
Afrique de façon générale (Campbell et Bhatia 1998 ; Jones
et al. 1999).
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