4.2 Le modèle d'analyse et ses
spécifications
L'étude empirique s'est déroulée en deux
étapes et évaluera la performance à la lumière de
deux indicateurs regroupés sous une batterie de ratios que sont les
ratios de rentabilité et de productivité.
La méthodologie utilisée dans la
première étape est inspirée de celle utilisée par
Megginson et al. (1994). Elle a permis principalement de tester
l'efficacité statique, en évaluant l'incidence de la
privatisation sur les deux variables de performance retenue dans cette
étude (rentabilité et productivité). En effet, cette
étape a consisté d'abord en un simple calcul à partir
d'Office Excel 2010 des ratios de rentabilité et de productivité
entreprise par entreprise et, en moyenne, sur des périodes de trois
années, avant et cinq années après la privatisation,
l'année de privatisation étant considérée comme
l'année d'origine et donc prenant la valeur O. Ensuite, nous avons
comparé la moyenne des ratios avant la privatisation à ceux
après la privatisation pour chaque entreprise. Une récapitulation
des ratios d'analyse est présentée dans le tableau suivant :
Tableau 5: Présentation des ratios
d'analyse
Indicateurs de performance
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Outils de mesure des variables
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Résultats prévisionnels
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Indice
d'appréciation
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Rentabilité
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ROS = Résultat net/Chiffre d'affaires
ROE = Résultat net/Fonds propres ROA = Résultat
net/Actif total
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ROSa > ROSb ROEa >
ROEb ROAa> ROAb
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+
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Productivité
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SPE = Ventes réelles/Nombre d'employés IPE =
Bénéfice net/Nombre d'employés
|
SPEa > SPEb IPEa > IPEb
|
+
|
|
Source : l'auteur
42
Légende
ROS : Return On Sales ou taux de marge nette
ROA: Return On Assets ou rentabilité des
actifs
ROE : Return On Equity ou rentabilité des
capitaux propres
SPE : Sales Per Employee ou productivité
commerciale
IPE : Income Per Employee ou bénéfice par
employé
L'indice a signifie « after privatization» ou
après privatisation
L'indice b signifie « before privatization» ou avant
privatisation
Enfin, nous avons fais recours au test de différence
de médiane (test de Wilcoxon), afin de mettre en exergue les
éventuels changements qui ont prévalu dans la performance des
entreprises publiques privatisées et de dire si ces changements sont
significatifs.
? Description du test de différence de
médiane
Ce test non paramétrique nous permet de cerner l'effet
statique de la privatisation sur la performance des huit entreprises publiques
camerounaises. De manière plus explicite, quatre étapes
permettent de parcourir le test dans le cas où N, le nombre de paire
d'observations non nulles est inférieur ou égal à 30.
- Etape 1 : on détermine les
différences DI et on les classe dans l'ordre croissant de leur valeur
absolue en écartant les différences nulles.
Si nous revenons à notre étude, DI = MOYai -
MOYbi
Avec : MOYai, la moyenne du sous échantillon après
la privatisation pour l'entreprise i
MOYbi, la moyenne du sous échantillon avant la
privatisation pour l'entreprise i
- Etape 2 : on fait la somme des
rangs des différences positives qu'on note T+, et celle des
différences négatives en valeur absolue notée T-.
- Etape 3 : pour la suite du test,
nous prenons la valeur minimale entre T+ et T-. Cette valeur notée T
sera utilisée pour prendre notre décision.
- Etape 4 : on décide. On
lit dans la table de Wilcoxon, la valeur critique de T correspondant à N
et à un seuil de significativité.
Si T est inférieur ou égal à la valeur
critique lue sur la table, on rejette l'hypothèse nulle.
En prenant l'exemple de notre première
hypothèse : "la privatisation améliorerait la
rentabilité des entreprises publiques camerounaises", nous aurons
:
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HO : pas de différence entre les situations avant ou
après la privatisation. (Dans ce cas notre hypothèse n'est pas
vérifiée).
H1 : il y a une différence entre les deux situations. Et
particulièrement dans notre étude, cette
différence doit être positive pour signifier un
accroissement. Il faudrait ainsi que T+ soit supérieur à T-.
Ainsi après lecture dans la table de la valeur critique
de T, nous pouvons nous prononcer de la manière suivante :
T > valeur critique lue sur la table
|
On accepte HO
|
T = valeur critique lue sur la table
|
On accepte H1
|
|
De façon à mieux rendre compte de la dynamique
temporelle, des tests complémentaires (test de Wilcoxon) ont
été conduits sur la valeur des mêmes indicateurs
(rentabilité et productivité) en opposant successivement les
années extrêmes - 3/+ 5, puis - 3/0 (période de
pré-privatisation) et, enfin, 0/+ 5 (période de
post-privatisation). Cette deuxième variante de la procédure de
Megginson et al. (1994) présente deux avantages :
Premièrement, l'effet éventuel de la
privatisation risque d'être plus accentué et plus apparent, s'il
est évalué en opposant les données des années - 3
et + 5, plutôt qu'à partir des moyennes avant et après
privatisation. Les changements de niveaux de performance mettent habituellement
un certain temps à apparaître de façon significative
à travers les données comptables.
Deuxièmement, cette variante permet de savoir si
l'incidence s'est produite avant la privatisation, après la
privatisation ou, progressivement, au cours des neuf années
d'observation. De cette façon, on peut mettre en évidence, au
moins de façon grossière, la dynamique du processus de
privatisation. Toujours dans le même objectif, nous avons mesuré
ensuite, pour les deux méthodes, le pourcentage d'entreprises pour
lequel la variation de l'indicateur a été conforme aux
prédictions théoriques, et nous avons testé (test non
paramétrique du signe) la significativité de cette proportion. Ce
test permet d'échapper aux biais qui entachent les tests
effectués sur les moyennes. Cependant, quelque soit la méthode
retenue, l'effet dynamique de la privatisation n'est mesuré que
très imparfaitement.
Pour répondre à cette critique, nous avons dans
une deuxième étape, eu recours à l'aide du logiciel EVIEWS
7 à la procédure proposée par Villalonga (2000) : le
modèle économétrique SUR
44
? le modèle économétrique SUR
(Seemingly Unrelated Regressions)
Il s'agit de mesurer, dans un modèle de
régression, les taux d'accroissement de la performance après la
privatisation. Pour cela, les principaux indicateurs de performance ont
été régressés sur trois variables :
- une première variable, le temps T (les valeurs 1
à 9 désignant les neuf années) ;
- une seconde variable muette P traduisant la privatisation
valant 0 quand l'entreprise est publique et 1 lorsqu'elle est privatisée
;
- une troisième et dernière variable,
dénommée TP, égale au produit de la variable temps et de
la variable muette « privatisation ».
Compte tenu de la double dimension des données,
transversale et temporelle, la régression a porté sur 72
observations (8 entreprises sur 9 ans) et se présente sous la forme
générale suivante :
PERFit = ái + D1i Tit + D2iPit + D3iTPit + D4
tailleit+ D5 cycleit +åit (1)
Avec:
PERFit : la variable mesurant la performance de
l'entreprise i à l'année t
Tit : le temps t pour la firme i (valeurs
allant de 1 à 9 pour les neuf ans considérés pour chaque
entreprise).
Pit : une variable muette de privatisation
qui prend la valeur 1 lorsque l'entreprise i est devenue privatisée et 0
avant la privatisation.
TPit : une variable exprimant l'interaction des
deux variables précédentes ;
tailleit : la taille de l'entreprise
(mesurée par le chiffre d'affaires) de l'entreprise i à
l'année t. cycleit : le taux de croissance du PIB
(Produit Intérieur Brut), l'année t pour la firme i.
En effet, dans son étude, Villalonga (2000) teste dans
l'équation (1), l'effet du temps T, de la privatisation P et TP (le
produit de la variable temps et de la variable P et qui nous donne la
période post privatisation) sur l'efficacité. Il est à
noter que le temps T couvre les années d'observation (neuf
années) ; la variable P est une variable indicatrice qui prend la valeur
0 lorsque l'entreprise est encore publique et la valeur 1 lorsqu'elle est
privatisée. La variable TP est une variable qui traduit l'horizon de
temps dans lequel l'entreprise est privatisée. Le coefficient de la
variable TP permet de mesurer et de tester l'effet sur l'accroissement de la
performance au cours de la privatisation c'est-à-dire sur six
années,
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l'année de privatisation et les cinq années qui
suivent pour chacune des entreprises. Les coefficients de la variable P
permettent de mesurer et de tester, pour chaque entreprise l'effet seuil de la
privatisation.
L'équation (1) suppose que la performance de
l'entreprise (exprimée par le ROS, le ROE, le ROA, le SPE et l'IPE) est
expliquée par la variable temps (T), la privatisation (P), la
période post privatisation (TP), la taille (mesurée par le
chiffre d'affaires) et la croissance du produit intérieur brut
(cycle).
A l'instar des travaux de Villalonga et Charreaux,
l'équation (1) suppose que les effets de la taille et du cycle
économique sur la performance sont identiques quelle que soit la firme.
A la suite de Villalonga (2000) et de Charreaux (2004), nous faisons ainsi
l'hypothèse implicite que les facteurs communs : taille et
cycle9 échappent au contrôle des firmes et qu'il n'y a
pas de lien direct entre l'incidence de la privatisation sur la performance
(rentabilité et productivité) et la taille. Les effets des
variables T, P et TP sont, en revanche, spécifiques à chaque
entreprise et sont supposés fixes.
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