2.1.2 Définition du concept de privatisation
Dans son étymologie, le mot privatisation vient du
latin « privare » qui signifie priver ou mettre à part. Elle
est l'opération consistant à transférer totalement ou
partiellement les activités relevant du secteur public au secteur
privé (The New Palgrave Dictionary of Money and Finance, 1992: 206).
La définition de la privatisation est donnée au
Cameroun par l'ordonnance no 90/004 article 1er, al
1er : « aux termes de la présente ordonnance, La
privatisation est l'opération par laquelle l'Etat ou un organisme public
ou parapublic se désengage totalement ou partiellement au profit du
secteur privé des entreprises, quelle que soit leur forme juridique
(établissement public, société d'Etat,
société d'économie mixte ou autre), dans laquelle il
détient tout ou partie du capital ».
En effet, l'Etat qui détient la propriété
d'une entreprise, se désengage progressivement ou en bloc en
cédant les droits de propriété à des particuliers
qui deviennent alors les nouveaux patrons. Pour exercer efficacement le
contrôle de l'entreprise, le nouveau propriétaire doit pouvoir
détenir la majorité du capital. Ce qui fait dire à
certains auteurs que la privatisation
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est la cession par l'Etat de plus de la moitié du
capital aux privés. C'est donc un transfert du contrôle de
l'entreprise à des agents privés.
Cette conception du phénomène de privatisation
justifie l'analyse faite par de nombreuses recherches sur les effets du
transfert de propriété sur la performance de la firme. En effet
pour la majorité d'entre elles, l'accroissement de performance attendue
après chaque privatisation est dû au seul changement de
propriétaire (public/privé). Mais les critiques de certains
auteurs tels que Williamson (1991) et Chatelin (2001) amènent à
penser que la privatisation ne saurait se limiter à la seule nature de
la propriété mais qu'elle est d'avantage à l'origine d'un
changement organisationnel plus complexe.
2.1.3 Concept de la performance
Le concept de performance suscite aujourd'hui d'énormes
passions et de vives polémiques dans le champ de la pensée
managériale. En effet, il apparaît davantage comme une notion
fourre-tout, un mot-valise, sujet à de nombreuses polémiques,
dépendamment des disciplines ou écoles de pensée
auxquelles appartiennent les auteurs, et selon les critères et la
perspective d'analyse choisie. La réalité est qu'aujourd'hui, il
n'existe pas de consensus ou d'unanimité autant sur ce qu'est la
performance que sur la façon de la mesurer, car chaque culture, chaque
contexte sociopolitique et chaque entreprise peuvent amener des réponses
différentes (Lebas, 1996).
Mesurer la performance disait Roover (1991) est une
tâche complexe frustrante, difficile qui représente un vrai
défi. Et pourtant, selon Lord Kelvin il y a fort longtemps, « [...]
ce qui ne se mesure pas, n'existe pas ». Autrement dit, si la
performance existe, nous devrions non seulement être capables de la
définir, de l'appréhender, mais aussi et surtout de la
mesurer.
2.1.3.1 Définition et indicateurs de mesure de
la performance
La définition de la performance est un exercice
difficile car c'est une notion qui recouvre plusieurs acceptions, ce qui laisse
présumer qu'une définition opérationnelle de la
performance serait donc encore plus ardue. « Peut-on définir la
performance ? », s'interrogeait Annick Bourguignon, en 1995, du fait
de la polysémie qui a toujours entouré cette notion, tant dans le
domaine des sciences économiques que dans celui des sciences de la
gestion. Et pourtant, comme le dit si bien Lebas (1995) dans un article fort
controversé, « Il faut définir la performance
», même si l'on admet que l'exercice est risqué et assez
périlleux. Dans la littérature, plusieurs définitions ont
été données :
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Pour Bourguignon (1995, 2000), la performance peut être
définie à partir de trois sens généraux à
savoir : la performance résultat, la performance action et la
performance succès.
La performance résultat est mesurée en comparant
les résultats à l'objectif fixé. La performance action est
appréhendée à partir des moyens, des processus, des
compétences et des qualités mise en oeuvre pour atteindre ces
résultats. Enfin, la performance succès est fonction des
représentations de la réussite (Bessire, 1999) et varie donc en
fonction des représentations que s'en font les acteurs, et de
manière plus générale, l'organisation toute
entière.
Albanes (1978) définit la performance comme la raison
des postes de gestion, impliquant l'efficacité et l'efficience. Il
définit par la suite l'efficacité comme le résultat obtenu
par rapport au niveau du but recherché et l'efficience comme le
résultat obtenu par rapport aux moyens mis en oeuvre. L'efficience
permet de répondre à des questions telles que : « est-ce que
les résultats sont suffisants compte tenu des moyens mis en oeuvre ?
» ou « les ressources mobilisées par l'action ont-elles
été exploitées de manière rentable ? ».
Frioui (2001) associe à ces deux axes de la
performance, un troisième axe à savoir, la pertinence, qui est le
rapport entre les moyens détenus et les objectifs fixés et
poursuivis. Schématiquement on peut concevoir les composantes de la
performance comme suit :
Figure 2.1: Les composantes de la
performance
Objectifs
Pertinence
Efficacité
Ressources Résultats
Efficience
Source: Jean-Bernard Ducrou, Hachette Technique,
2008
E.M. Morin et al. (1994) recensent quatre grandes approches
théoriques de la performance : une approche économique, une
approche sociale, une approche systémique et une approche politique.
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L'approche économique repose sur la notion centrale
d'objectifs à atteindre. Ces derniers traduisant les attentes des
propriétaires dirigeants, ils sont donc souvent énoncés en
termes économiques et financiers.
L'approche sociale met l'accent sur les dimensions humaines de
l'organisation. E. Quinn et J. Rohrbaugh (1981) indiquent que cette approche ne
néglige pas les aspects précédents mais intègre les
activités nécessaires au maintien de l'organisation.
L'approche systémique est développée par
opposition aux approches précédentes considérées
comme trop partielles met l'accent sur les capacités de
l'organisation.
L'approche politique repose sur une critique des
précédentes. En effet, chacune des trois approches
précédentes assigne certaines fonctions et certains buts à
l'entreprise. Or, d'un point de vue distancié, tout individu peut avoir
ses propres critères pour juger la performance d'une organisation.
(Lebas, 1996).
Vu donc le caractère disparate de cette notion de
performance, nous nous appesantirons dans notre étude sur les aspects
microéconomiques de celle-ci en nous inspirant notamment de la
définition de Millward et al.(1983) pour qui la performance peut
être appréhendée en termes de rentabilité, de
productivité et de coût ; cependant, nous nous limiterons dans
notre travail au aspect rentabilité et productivité de la
performance.
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