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Incidence de la privatisation sur la performance des entreprises publiques au Cameroun

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par Eliot Franklin DJOUFACK NGUEFACK
Université de Dschang Cameroun - Master 2 2013
  

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2.1.3.2 La notion de rentabilité et sa mesure

2.1.3.2.1 La notion de rentabilité

Le concept de rentabilité est parfois difficile à appréhender compte tenu de la diversité des approches liée à la pluralité des notions de capitaux (capitaux propres, capital économique, etc.) et de résultat (résultat comptable, résultat d'exploitation, excédent brut d'exploitation, etc.). Cette diversité correspond en réalité aux différentes "vues" des différents acteurs (associés, dirigeants, prêteurs, etc.).

Le dictionnaire Larousse 2009 définit la rentabilité comme étant la capacité d'un capital à procurer des revenus, soit par placement (dans une logique purement financière), soit par investissement en intégrant dans un système productif dont on attend un bénéfice supérieur au capital investi. Dans le lexique d'économie, Silem et Albertini (1999) ont défini la rentabilité comme étant la capacité d'un capital investi à procurer des revenus exprimés en termes financiers. C'est dire que la notion de rentabilité peut être appréhendée tout au plus pour ce qui est de l'entreprise comme l'aptitude de cette dernière à créer plus de richesses nouvelles

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qu'elle ne dépense de salaires, et cela en quantité suffisante par rapport à la quantité de capital qu'elle immobilise ( Duval, 2000).

La rentabilité constituant ainsi un bon indicateur pour mesurer l'efficacité de l'entreprise, il convient ainsi de s'appesantir sur ses indicateurs de mesure.

2.1.3.2.2 Mesure de la rentabilité

Deux indicateurs usuels sont privilégiés dans la littérature économique pour appréhender la rentabilité des entreprises : il s'agit en l'occurrence de la rentabilité économique et de la rentabilité financière.

La rentabilité économique mesure la capacité de l'entreprise de dégager un résultat en utilisant l'ensemble des moyens.

La rentabilité financière mesure quant à elle la capacité des capitaux investis par les actionnaires et associés (capitaux propres) à dégager un certain niveau de profit.

Si la rentabilité financière est supérieure à la rentabilité économique, on dit que l'entreprise bénéficie d'un effet de levier. Une analyse des taux de ces deux indicateurs peut du reste être faite en termes de taux de rotation et de taux de marge.

Le taux de rotation met en rapport les ventes avec l'actif; c'est-à-dire l'ensemble des moyens mis en oeuvre.

Le taux de marge quant à lui est le rapport entre le bénéfice net et les ventes. Ce taux augmente quand l'entreprise parvient à augmenter la marge réalisée sur chaque produit vendu, soit en augmentant le prix de vente moyen, soit en limitant le coût de revient moyen. Une entreprise peut ainsi améliorer sa rentabilité économique de deux manières :

- soit, à volume de ventes constant, en augmentant la marge réalisée sur chaque produit

- soit, à marge unitaire constante, en augmentant le montant des ventes, c'est-à-dire la rotation.

De même, une entreprise peut améliorer sa rentabilité financière de deux manières :

- Soit en améliorant la rentabilité économique dégagée par l'utilisation de l'actif. - Soit en modifiant la composition du passif, dans le sens d'un recours plus important à

des moyens financiers empruntés et une limitation relative des ressources risquées par

les associés.

Nous pouvons donc mettre en liaison ces notions (rentabilité économique, rentabilité financière, taux de marge, taux de rotation etc.) par le graphique suivant :

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Figure 2.2 : Analyse du taux de rentabilité en taux de marge et taux de rotation

Source : X. Berterretche, IUT Bayonne

Il faut néanmoins préciser qu'il existe d'autres indicateurs de rentabilité qui permettent aussi d'avoir une idée de l'évolution de la rentabilité de l'entreprise. Il s'agit de :

? la rentabilité commerciale qui mesure la capacité de la société à générer du chiffre d'affaires en fonction des volumes de ventes qu'elle réalise. Concrètement, elle donne le taux de marge que la société réalise sur ses ventes et ainsi permet d'estimer ses résultats futurs en fonction des volumes de ventes prévus (chiffre d'affaires) ;

? la rentabilité globale qui mesure quant à elle la rentabilité de l'ensemble des actifs utilisés par l'entreprise. Tous ces indicateurs sont généralement mesurés par le calcul de différents ratios mentionnés dans le tableau suivant :

Tableau 1: Les ratios de rentabilité (Profitability ratios)

1. ROS : Return On Sales ou taux de marge nette (= Résultat net / Chiffre d'affaires)

2. ROA : Return On Assets ou rentabilité des actifs (= Résultat net / Actif total)

3. ROE : Return On Equity ou rentabilité des capitaux propres (= Résultat net / Fonds propres)

4. ROIC: Return On Invested Capital (= Résultat net / Capital investi)

5. EBIT/A : Earnings Before Interests and Taxe / Assets (= Résultat d'exploitation / Actif total)

Source : M. Albouy et H. Obeid, 2007

Nous pouvons donc constater que la notion de rentabilité varie selon l'approche que l'on retient. C'est la raison pour laquelle il serait utile de calculer plusieurs ratios pour avoir la vision la plus précise possible de la rentabilité de l'entreprise étudiée.

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Ainsi présenté la notion de rentabilité et ses mesures, il convient maintenant de nous appesantir sur le deuxième aspect de la performance à savoir la productivité.

2.1.3.3 La notion de productivité et sa mesure 2.1.3.3.1 La notion de productivité

La productivité peut être considérée globalement comme une mesure qui permet de saisir la relation entre output et input et plus précisément une relation d'efficience ou d'économie des ressources qui existe entre des résultats et les moyens mis en oeuvre pour atteindre ces résultats (Arena, Benzoni, De Brandt et Romani, 1991). La productivité de l'entreprise apparaît clairement comme le rapport entre une production valorisée, les extrants et l'ensemble des facteurs mis en oeuvre qui sont les intrants (Coulaud, Croce et Dervaux, 1986).

Ainsi, selon Leray (1983), la productivité, contrairement à la rentabilité qui est une mesure exogène de l'efficience, est une mesure endogène au processus de production. Mais, il est possible de donner une dimension plus opératoire au concept. En fait, la productivité pourrait aussi se définir comme le taux d'accroissement de l'output moins la moyenne pondérée des taux de croissance de différents input, ou les pondérations représentent la part de chaque input dans le coût total (Selon Hartely, Parker et Martin, 1991).

Soulignons d'ores et déjà que le but recherché dans l'étude de la productivité d'une firme est, de façon implicite de saisir le degré d'efficacité de celle-ci. D'où la nécessité de s'appesantir sur la notion d'efficacité productive.

? L'efficacité productive

Une fonction de production donne le montant maximum d'output que nous pouvons obtenir à partir d'un vecteur d'inputs, étant donné une certaine technologie de production (Agnier, Lovell et Schmidt, 1977). Cette fonction constitue une frontière. La comparaison du vecteur outputs-inputs d'une firme avec sa frontière de production nous informe sur sa productivité (Farell, 1957 ; Sadoulet et De Janvry, 1995). Dans les deux paragraphes qui suivent, nous allons faire ce type de comparaison selon deux cas de production différente.

? Cas mono-output (y) mono-input (x)

Il s'agit du cas où la production d'un type d'output nécessite un seul type d'input. La fonction de production f(x) est représentée sur le graphique ci-dessous.

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Figure 2.3 : Fonction de production mono-output/mono-input

Source : FARELL, 1957

Les points sous les courbes (tels que D et C) correspondent à des états réalisables, mais qui pourraient être améliorés. En effet, avec une plus faible quantité d'input. Il est possible de produire la même quantité d'outputs. En revanche les points au-dessus de la courbe (tel que E) ne peuvent pas être atteints. Ces états ne sont pas réalisables avec la technologie de production existante.

La distance entre le niveau d'input réalisable et la frontière de production donne une mesure de l'inefficacité de la firme étudiée. Cette quantité, tout simplement qualifiée de distance d'input, sera utilisée par la suite.

Le passage de l'état D à l'état B signifie un accroissement d'efficacité dans l'utilisation des inputs avec la technologie existante. En revanche le passage à l'état E nécessite un changement dans la technologie de production.

? Cas mono-output multi-inputs

Désormais, nous étudions le cas où la production de l'output unique se fait à partir de plusieurs inputs. Nous illustrerons par souci de simplification la configuration dans laquelle

Y= f (X1, X2), c'est-à-dire celle où l'output s'obtient à travers la combinaison de deux inputs X1 et X2.

L'efficacité économique est le fruit de la combinaison de l'efficacité technique et de l'efficacité allocative (Farell, 1957), comme l'illustre la figure ci-dessous.

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Figure 2.4 : Fonction de production mono-output/multi-inputs

Input X2

 

Input X1

 

Source: Farrell, M. J., p. 254

Sur le graphique ci-dessus, l'ensemble des points techniquement efficaces correspond à l'isoquant TT'. Ainsi, tous les points au dessus de l'isoquant TT' sont techniquement inefficaces à l'exemple du point P. Au point P l'inefficacité technique est représentée par le segment QP. Il est possible de produire le même niveau d'output avec une diminution de tous les inputs dans la proportion QP/OP. Ainsi, Farrell (1957) a proposé de mesurer le degré d'efficacité technique (ET) par le rapport OQ/OP, qui varie entre zéro et l'unité

Bien qu'ils soient techniquement efficaces, tous les points sur l'isoquant ne le sont pas allocativement. Une combinaison de facteurs est dite allocativement efficace si le taux marginal de substitution est égal au rapport des prix des facteurs. Ainsi, le point Q', déterminé par la tangente de l'isocoût AA' à l'isoquant TT', est allocativement efficace. L'efficacité allocative (EA) ou l'efficacité prix des points P ou Q est mesuré par le rapport OR/OQ. La distance RQ représente la réduction de coût si la production correspondait au point Q'. Ce dernier est efficient du point de vue allocatif, puisqu'il est déterminé par la tangente de l'isocoût AA' à l'isoquant TT'. Le produit des efficacités techniques et allocatives est appelé efficacité totale (ETT) ou économique.

ETT = (OR/OP) = (OQ/OP) x (OR/OQ) = ET x EA

Après avoir étudié le sens du terme productivité, nous allons désormais voir comment l'évaluer.

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2.1.3.3.2 Mesure de la productivité

Il existe différentes méthodes de mesure de la productivité. Celles qui peuvent être fondées sur les indices de productivité (Arena et al. 1991), celles fondées sur le calcul de différents ratios (Megginson et al.1994) et celles économétriques (Rouabah, 2001).

? Les méthodes fondées sur les indices de productivité

Plus récemment la littérature sur la productivité a développé des approches non paramétriques qui utilisent comme indicateurs de performance des indices calculés directement à partir des données discrètes sur les inputs et les outputs (Raffarin, 1999). La productivité consiste alors en un rapport d'un indice des outputs sur un indice des inputs. Nous allons nous intéresser à la distinction qui existe entre ces deux grandes catégories de mesures de la productivité.

La première est qualifiée de mesure partielle de la productivité. Elle met en rapport la croissance de l'output avec le volume d'un seul input (Single Factor Productivity : SFP). Cependant, cette croissance peut également être comparée avec le volume d'une partie des inputs, l'autre partie n'étant pas prise en compte. Toutefois, la productivité partielle soulève un certain nombre de difficultés dont le fait qu'elle ne tient compte que d'un seul input ou d'une partie d'inputs alors que la firme peut améliorer la productivité d'un input aux dépend d'un autre ; mais aussi le fait que la nature hétérogène des inputs est négligée car en effet, concernant la main-d'oeuvre par exemple, certains travailleurs peuvent être plus productifs que d'autres.

La seconde est qualifiée de mesure totale de la productivité. Sadoulet et De Janvry (1995) la présentent comme la quantité totale d'output agrégée obtenue à partir d'une unité d'input total agrégé (Total Factor Productivity : TFP). Le problème posée par l'existence de plusieurs facteurs de production et (ou) d'output est résolu par l'usage d'indices agrégés, pondérés par la part des différents inputs et outputs respectivement dans le coût total et la recette totale. Cette méthode permet de parer au fait que plusieurs outputs sont produits à partir de plusieurs inputs. Un autre avantage par rapport à la mesure partielle est que cette mesure peut répondre aux questions soulevées quand on s'intéresse à la productivité : elle évalue les différences de productivités entre les entreprises et elle mesure la croissance de la productivité au cours du temps. Le tableau suivant présente un aperçu de quelques formules d'indices de productivité.

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Tableau 2: Typologie et mesure de la productivité

Source : Extrait du tableau 1 p.517 d'Arena et al. (1991)

A côté des méthodes fondées sur les indices de productivité, on retrouve les méthodes comptables.

? La méthode fondée sur le calcul de différents ratios de productivité

Cette approche qui se base sur les mesures comptables, évalue la productivité à l'aide du calcul d'une batterie de ratios mentionnés dans le tableau suivant :

Tableau 3: Les ratios de productivité (Productivity ratios)

1. SPE : Sales Per Employee ou productivité commerciale (= Ventes Réelles / Nombre d'Employés)

2. IPE : Income Per Employee ou bénéfice par employé (= Bénéfice net / Nombre d'employés)

3. APE : Assets Per Employee ou productivité des actifs (= Actif total /Nombre d'employés)

Source: M.Albouy et H. Obeid, 2007

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? Les méthodes économétriques

La productivité s'évalue à travers des changements techniques que connaît le système de production de la firme considérée. Ces modifications peuvent porter aussi bien sur la fonction de production que sur celle des coûts. Cependant, ces deux fonctions ne sont pas données et doivent de facto être estimées à l'aide de paramètres. On parle alors d'approche paramétrique (Lovell, 1993).

De façon concrète, une estimation de la fonction de production est faite à différents instants. On peut ainsi savoir s'il y a eu modification des paramètres de la fonction. Un déplacement de la fonction de production vers le haut caractérise une augmentation de la productivité, dans la mesure où les gains de productivité sont le fruit d'une amélioration de la technique de production. De la même manière, l'on estimera à divers instants une fonction de coût. Une amélioration de la productivité se traduira par un déplacement de la fonction de coût vers le bas, puisque la firme est d'autant plus productive que ses coûts sont bas.

Ainsi présenté les contours de la notion de privatisation et de performance, il serait temps de nous appesantir sur les théories supportant la thèse de la supériorité de la forme privée de propriété.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway