II.1.3. André Breton
Ce chef de file du Surréalisme ne s'est pas, de
manière spécifique, intéressé à la
Négritude. Il a seulement fait référence à sa
thématique, la thématique de sa poésie, dans la
Préface qu'il a faite à l'édition Bordas de 1947 du
Cahier d'un retour au pays natal de Aimé Césaire.
Dans cette oeuvre, Breton a surtout admiré une
poésie de rupture, parce que la mission qu'elle assigne à
l'homme, c'est « de rompre violemment avec le mode de penser et de
sentir qui l'ont mené à ne plus pouvoir supporter son existence
»2.
C'est une poésie de révolte, une poésie
à travers laquelle les Noirs ont montré à la face du
monde, « l'opinion que l'émancipation des peuples de couleur ne
peut être que l'oeuvre des ces peuples eux-mêmes
»3.
En effet les situations intolérables qu'ils ont connues
rendent légitime leur revendication. « Cette revendication,
écrit Breton, on ne saurait trop faire observer qu'elle est la
plus fondée du monde, si bien qu'eu égard au droit seul le Blanc
devrait avoir à coeur de la voir aboutir »4.
C'est pourquoi Césaire, qui s'est
révélé à lui à travers le Cahier d'un
retour au pays natal, lui apparaît comme ce « Noir qui est
non seulement un
1 Diop (Alioune), cité par
Frédéric Grah Mel, Alioune Diop, le bâtisseur inconnu du
monde noir, op.cit., p.91
2 Breton (André), Préface à
l'édition Bordas de 1947, Cahier d'un retour au pays natal de
Aimé Césaire, Présence africaine, 1947, p.80
3 Breton (André), Préface à
l'édition Bordas de 1947, in Cahier d'un retour au pays natal,
op. cit. p.85
4 Breton (André), Préface à
l'édition Bordas de 1947, in Cahier d'un retour au pays natal,
op. cit. p.85
69
Noir mais tout l'homme, qui en exprime toutes les
interrogations, toutes les angoisses, tous les espoirs et toutes les excuses et
qui s'imposera de plus en plus à moi comme le prototype de la
dignité »1.
|