Chapitre II
Admirateurs et détracteurs de la
Négritude
II.1. Points de quelques admirateurs
II.1.1.Paulin Joachim
La Négritude est saluée par le béninois
Paulin Joachim comme une idéologie qui a permis aux Africains de renouer
avec le passé, de relever ses splendeurs et misères, en vue d'une
meilleure compréhension de la personnalité nègre
authentique.
« La Négritude, écrit-il,
m'aide à retrouver mes sources, non pour les pleurer, mais pour y puiser
cette sève somptueuse dont le monde a besoin »4.
Donc, à travers elle, il s'agit de retrouver les
valeurs négro-africaines originelles, non pour s'y complaire mais pour
trouver les ressources
1 Sartre (J.-P.), « Orphée noir », in
Anthologie de L.S.Senghor, op. cit. , P.XLIII
2 Sartre (J.-P.), « Orphée noir », in
Anthologie de L.S.Senghor, op. cit. , P.XLII
3 Sartre (J.-P.), « Orphée noir », in
Anthologie de L.S.Senghor, op. cit. , P.XLII
4 Joachim (Paulin), cité par Jacques Chevrier,
Littérature nègre, op-cit, P-44
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susceptibles d'aider l'Afrique et les Noirs à
répondre conséquemment aux exigences du monde moderne,
donc à « participer, comme le dit Marc Rombaut,
à la parturition de peuples qui portent la promesse du monde
»1.
Ce qui va d'ailleurs dans le sens de ces propos
mitigés de René Depestre : « la
vérité n'est peut-être pas un
assujettissement aveugle au concept de négritude, ni dans sa
négation systématique »2.
II.1.2 Alioune Diop
Il est appelé par Frédéric Grah Mel
« le bâtisseur inconnu du monde noir». En effet,
présenté comme celui qui « a donné au monde noir
la revue et la maison d'édition Présence Africaine
»3, Alioune Diop, selon Mel, reste
l'intellectuel négro-africain dont on parle le moins,
alors qu'il s'est imposé comme « figure de
proue de l'émancipation des peuples noirs
»4.
Il a très tôt compris la
nécessité qu'il y avait pour les Noirs du monde entier de
s'impliquer dans la construction d'une culture commune en
créant les conditions qui permettent, « face à un
Occident négateur »5, de sauver la culture noire,
les valeurs culturelles du monde noir pour parler comme Senghor.
Alioune Diop considère que «
l'Européen (...) est partout à l'aise parce
qu'il a écrasé la langue des autres,
violé la spiritualité des autres, falsifié
l'histoire des autres, dévalorisé l'expérience
technologique ou artistique des autres, humilité et
étouffé la créativité des autres
»6.
Par conséquent, pour lui, « la
négritude n'est autre que le génie nègre
et en même temps, la volonté d'en révéler la
dignité »7. C'est une
perception positive de l'idéologie de la
Négritude, qui ne l'a pas empêché, en 1947,
c'est-à-
1 Rombaut (Marc), La Poésie
négro-africaine d'expression française, op-cit, P-56
2 Depestre (René), cité par Marc
Rombaut, La Poésie négro-africaine d'expression
française, op-cit, P-45
3 Mel (Frédéric Grah), Alioune Diop,
Le bâtisseur inconnu du monde noir, PUCL, ACCT, 1995, P-11
4 Mel (Frédéric Grah), Alioune Diop,
Le bâtisseur inconnu du monde noir, op-cit, P-12
5 Mel (Frédéric Grah), Alioune Diop,
Le bâtisseur inconnu du monde noir, op-cit, P-89
6 Mel (Frédéric Grah), Alioune Diop,
Le bâtisseur inconnu du monde noir, op-cit, P-95
7 Diop (Alioune), cité par Marc Rombaut, La
Poésie négro-africaine d'expression française,
op-cit-, P-31
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dire dès le premier éditorial de
Présence Africaine, de se prononcer contre toute logique
partisane.
« Cette revue ne se place sous aucune
obédience idéologique, philosophique ou politique. Elle veut
s'ouvrir à la collaboration de tous les hommes de bonne volonté
(blancs, jaunes ou noirs), susceptibles de nous aider à définir
l'originalité africaine et de hâter son insertion dans le monde
moderne »1.
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