PREMIERE PARTIE :
LA DISCIPLINE DES COMPORTEMENTS SEXUELS INDIVIDUELS.
Le Fils d'Agatha Moudio renferme des lois conjugales
qui sont plus ou moins coercitives. Les lois contraignantes astreignent les
personnages à s'y soumettre faute de quoi ils ne peuvent être
mariés. Elles sont relatives notamment à l'endogamie et à
l'implication prééminente des parents dans le processus du
mariage. La communauté a donc une influence notoire sur les choix et les
décisions des actants. A l'opposé, il existe des lois qui se
révèlent plus souples. Il n'en demeure pas moins que toute
violation, dans un cas comme dans l'autre, expose à de
sévères sanctions.
Cette partie s'intéresse à la catégorie
de lois qui militent pour le libre-arbitre, sans toutefois minorer le
self-control. Il est alors question de montrer que la société du
texte promeut les valeurs qui visent la discipline des comportements sexuels
individuels. Pour y parvenir, le travail est organisé en trois
chapitres. D'abord il s'attache à démontrer la valeur de la
stabilité dans le flirt, c'est-à-dire une union
illégitime. Ensuite il prouve que le récit promeut la
virginité de la fiancée. Enfin l'analyse montre comment l'oeuvre
fait l'éloge de la fidélité. La stabilité, la
virginité et la fidélité sont des valeurs dont
l'incarnation dépend de l'individu en fonction de son self-control. On
peut choisir de ne courtiser que des êtres non frivoles, de rester vierge
avant le mariage, d'être fidèle à son conjoint.
L'organisation des trois chapitres prend en compte les
étapes respectives qui aboutissent au mariage. C'est pourquoi le flirt,
considéré comme l'ancêtre des noces, est d'abord
examiné à partir de la stabilité qui assure l'harmonie de
la relation. La virginité est examinée au deuxième
chapitre parce que le moment où elle est constatée est proche du
mariage. L'épreuve de virginité à laquelle la
fiancée est soumise a lieu le jour du versement de la dot22.
La fidélité est analysée en dernier lieu parce qu'elle se
vit pendant le mariage. A notre sens, on ne saurait parler de cette valeur si
l'union n'est pas légitimée.
L'antéposition de cette partie est relative à
l'inféodation de la conscience individuelle à la mémoire
clanique. L'individu ne se définit que par rapport à son groupe
de parenté. La société a préséance sur lui.
Il est donc normal de parler de l'influence de la communauté en seconde
partie dans le but d'entériner son pouvoir.
17
22- Bureau, René, Recherches et études
camerounaises, Yaoundé, Editions Clés, 2001, P.171.
|