2.2.5 - conciliation du travail et des SMS
Pour la rédaction des SMS, dont l'usage est plus
aisé dans un contexte social contraint153, la
nécessité d'une zone d'intimité est moins évidente
et les échanges sont bien plus nombreux que les appels
téléphoniques. Ils sont le plus souvent réalisés
lors de la pause-café, dans la salle dédiée. Mais pour les
soignants qui ont leur téléphone dans leur poche les
échanges de messages pourront se faire rapidement depuis le poste de
travail, comme pour Samia qui dit en échanger une trentaine par jour.
L'asynchronie des relations permise par ce mode de communication est
particulièrement adaptée dans le contexte du travail. La
discrétion de la réception et de l'émission des messages
en font un outil adopté par tous les soignants et S. Broadbent justifie
ce plébiscite des SMS par le fait que « les gens considèrent
la communication par le texte plus privée que par la voix, simplement
parce qu'ils ne peuvent être entendus154. »
Chloé profite également d'avoir des patients
sous anesthésie pour rédiger ses messages durant son
activité au bloc opératoire :
« Alors ça peut-être en salle mais quand
tout "roule", vous voyez ? Quand l'anesthésie "roule" et que le patient
est stable. »
Selon l'appréciation du travail à
réaliser, des risques du moment, le soignant détermine si la
situation permet ou non de se consacrer à ses communications
privées.
Pour Carine il n'est pas envisageable de réaliser les
SMS devant les patients mais en revanche elle s'autorise à le faire
devant ses collègues à la pause du déjeuner. Cette jeune
professionnelle de la génération Y nous explique avec
espièglerie :
« Enfin, je le prends dans ma poche et puis euh, bon
ben c'est vrai que j'aime pas trop le faire quand je mange avec d'autres
personnes, ça fait pas trop, heu... Ce n'est pas trop sympa pour eux,
alors hop, je le fais vite fait sous la table euh (rire amusé) non mais
bon, c'est vrai c'est un manque de respect je trouve donc bon...mais ça
m'arrive c'est vrai. »
En revanche pour Laurent, la recherche d'intimité demeure
:
153 Op. Cit. Rivière C.A. , 2002. p.143.
154 Op. Cit. Broadbent S. , 2011, p.115.
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« C'est une petite réponse tapotée dans
le couloir ou bon non en général je m'isole quand même de
tous les regards, parce que ça fait très, très...
voilà [...] dans les toilettes, ou euh, dans la salle de pause. Enfin
voilà. Ou dans la salle de soins, mais toujours à un moment
tranquille, enfin une minute, une minute trente tranquille, le temps de
l'envoyer quoi. »
Nous voyons que sa recherche d'intimité est moins
grande que pour les appels téléphoniques et qu'il reste dans le
service de soin. Nous constatons donc qu'en fonction du contexte de travail,
des valeurs ou de la génération, les communications personnelles
écrites ou orales réalisées avec le
téléphone portable pendant le travail sont
hétérogènes et soumises au libre arbitre de chacun.
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