Les conflits armés en Afrique subsaharienne, un défi pour la communauté internationale( Télécharger le fichier original )par Simplice FEIKOUMO Centre d'études diplomatiques et stratégiques de Paris - Master d'études diplomatiques supérieures 2012 |
3.6. Les conflits transfrontaliersLes conflits armés qui partent de l'intérieur, prennent une dimension régionale voire internationale car les soutiens des pays étrangers ou des clubs financiers, contribuent à l'enlisement de la crise, par la prolifération et la circulation illicite d'armes légères et de petit calibre, lesquelles constituent le principal matériel des combats112. Prenant source dans les divisions ethniques et politiques113, les rébellions armées internes, fort de leur succès à s'opposer militairement aux forces gouvernementales mais sans atteindre leur objectif, celui de la prise du pouvoir, vont ainsi élargir leur champ d'action. Pendant cette phase d'évolution, ces groupes armés se font entendre par une brutalité, plus particulièrement sur des populations civiles qu'ils veulent neutraliser et les avoir à leur compte. Ainsi des enlèvements, des recrutements forcés, des enrôlements d'enfants constituent leurs moyens d'actions. De la période de l'insurrection interne à l'expatriation de leur mouvement, ces groupes armés adoptent la stratégie de guérilla, traduites par des attaques spontanées contre les villages et objectifs civiles. Pour vaincre l'action rebelle, le gouvernement initie des groupes d'auto-défense c'est-à-dire des organisations villageoises de sécurité qui souvent, ne répondent pas face à la tactique adoptée par la rébellion. Comme il est prouvé, derrière un conflit armé interne se trouve toujours une main extérieure114, laquelle veut se venger des rapports qu'un régime entretient avec les opposants d'un État voisin; ce pays voisin soutient la rébellion en lui accordant l'occupation d'une partie de son territoire qui sert de base arrière. Cette étape va entretenir une guerre dite « par procuration » que se livrent les pays par groupes armés interposés. Non seulement que le groupe bénéficie d'une base à partir de laquelle des attaques sont lancées contre son gouvernement, mais l'appui du pays d'accueil donne également accès aux équipements et moyens logistiques conséquents. ___________________________________________________ 112- Mussu P. FARAJA MWILHARE Z., l'ONU et le démantèlement des groupes armés dans la sous région de grands lacs, mémoire de licence en relations internationales, Université officielle de Bukavu (RD Congo), 2009 113- Hamadine FALL, contrôle des frontières et criminalité transfrontalière en Afrique de l'Ouest p.89-95. www.unidir.org 114- Collette BRAECKMAN, guerre sans vainqueur en République démocratique du Congo, le Monde, avril 2001, p.16-17 L'endurcissement des affrontements sans vainqueurs, donne lieu à des séries de négociation souvent avec des issues incertaines; d'où l'implication de la communauté internationale qui pourrait obtenir un cessez le feu mais précaire, tant que les belligérants désapprouvent l'accord. Un mouvement interne qui reçoit un soutien extérieur au départ, se radicalise ensuite et n'est pas prêt à déposer les armes même à la demande de son principal soutien. Le moyen pour le contraindre reste une coalition inter-état voire internationale pour le débarrasser de la partie du territoire qu'il occupe. Cette option oblige la rébellion à mettre le cap sur d'autres sites, ouvrant de nouveaux fronts sur un territoire dont la capacité des forces armées nationales ne permet pas de protéger les frontières. 3.6.1. L'armée de résistance du seigneur (LRA)Née au lendemain des élections présidentielles de 1986, sous l'appellation de « La Force mobile de l'Esprit Saint » (FMES) 115. Mouvement idéologique pour la libération d'une ethnie, a pour but de délivrer le peuple acholi de son mauvais passé et de renverser le président Museveni. Sa promotrice, Alice Lakwena qui se dit possédée par l'Esprit saint, ne résiste pas à l'assaut des forces gouvernementales lancé contre son mouvement devenu populaire après sa sortie officielle ; elle s'enfuit pour le Kenya. La FMES se dote d'un nouveau leader, Joseph Kony, cousin de la promotrice qui rebaptisera le mouvement du nom de la LRA116 __________________________________________________________ 115- Réseau francophone sur les opérations de recherche de paix-Initiative de Coopération régionale contre la LRA - www.opérationspaix.net Ritimo, l'Ouganda de Museveni un régime militarisé, acteur sur la scène régionale. L'Armée de Résistance du Seigneur est elle encore un facteur de déstabilisation du gouvernement ougandais? www.ritimo.org. 116. LRA= Lord's Resistance Army, armée de la résistance du seigneur est le fruit des divisions ethniques et politiques ougandaises, encouragées à l'époque coloniale, entre les populations du Nord (Acholi et Lang) qui constituaient le corps militaire et celles du Sud (région du Buganda) terre fertile où étaient recrutés les fonctionnaires et intellectuels. Les opérations militaires d'une rare violence menée par le gouvernement ougandais de 1988 à 1996 ont affaibli la LRA qui se reconstitue à chaque fois. La multiplication des offensives militaires gouvernementales entre 2003 et 2006, oblige la LRA à redimensionner sa troupe, d'où nécessité de recruter des combattants en masse, par la force, parmi les jeunes mais surtout des enfants. Des enlèvements dans les plantations, les villages, les attaques des camps de réfugiés vont se succéder. Futurs combattants pour les garçons, esclaves sexuelles pour les filles, les otages sont endoctrinés suivant l'idéologie des dix commandements, parallèlement à la formation militaire. Des assassinats, des tortures et mutilations constituent le mode d'action de la LRA. A partir de 2006, le mouvement va progressivement s'introduire dans les pays voisins tels que le Soudan, la République Démocratique du Congo et la République Centrafricaine. Avec ses bases supplémentaires, la LRA pratique meurtres, enlèvements, viols et attaques contre les populations civiles et leurs biens. Ces manoeuvres d'une extrême violence, s'éloignent de l'objectif initial, celui de déstabiliser le pouvoir central ougandais. De manière générale, en Afrique subsaharienne dans un conflit armé structuré, y participent des réseaux criminels et de trafics illicites d'armes, lesquels favorisent la diffusion régionale de ces conflits qu'ils entretiennent en retour. |
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