2.2. Cycle de vie et revenu permanent
Ces deux approches, la première associée au nom
de Modigliani, la seconde à celui de Friedman, ont en commun
l'idée que les ménages ne déterminent pas leur
consommation en considérant seulement leur revenu courant, mais qu'ils
considèrent leur revenu anticipé sur une période beaucoup
plus longue. Arrivées à ce point, les deux approches divergent
légèrement en accentuant différemment les motifs de
l'épargne : la théorie du cycle de vie privilégie
l'épargne en vue de la constitution d'un patrimoine qui financera la
consommation pendant les vieux jours ; l'hypothèse du revenu permanent
retient également cette motivation mais attribue également de
l'importance au désir de laisser un héritage.
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
2.2.1. Modigliani et le cycle de vie
Figure 2 : Modèle de cycle de vie
Source : Modigliani et Brumberg (1954)
Le modèle de Modigliani et Brumberg (1954) suppose que
les consommateurs ont pour horizon temporel la durée de leur existence,
soit un horizon temporel long, mais fini. Leurs arbitrages patrimoniaux ont
pour objectif d'assurer un profil de consommation régulier sur
l'ensemble de la vie. Dans la version de base du modèle de cycle de vie,
le premier souci des ménages concerne ainsi le financement de leur
période de retraite : ils accumulent pendant leur durée
d'activité un patrimoine qu'ils consomment par la suite en
période de retraite, selon la figure 3.
L'idée fondamentale de l'hypothèse de cycle de
vie est que chaque individu cherche à maximiser la valeur
présente soumise à la contrainte budgétaire sur toute sa
période de vie. La théorie prédit que la consommation
d'une période donnée, et par conséquent la décision
d'épargner, dépend des revenus attendus.
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Selon cette théorie, la durée de vie d'un
individu est divisée en période de travail et de retraite. Les
individus sont supposés d'être des épargnants nets durant
leur période d'activité et des désépargnants en
période de retraite. Les questions de choix
intergénérationnelles sont étudiées à l'aide
du modèle à générations imbriquées. Le
modèle suppose qu'il y a, à chaque instant, deux types
d'individus : les jeunes qui sont salariés actifs et qui
épargnent ; les vieux qui sont retraités et qui consomment leur
épargne. On distingue de manière générale, la
retraite par répartition et la retraite par capitalisation. Avec la
répartition, les actifs paient des cotisations qui sont utilisées
instantanément pour financer les retraites. Avec la capitalisation, les
actifs investissent leur épargne sur les marchés financiers (soit
directement soit au travers de fonds de pensions) et cette épargne (et
les revenus qu'elle génère) est utilisée pour financer les
dépenses au moment de la retraite.
Par conséquent, la croissance du revenu par habitant
conduirait à une augmentation du taux d'épargne global parce
qu'il accroît les gains et l'épargne du groupe d'âge des
plus jeunes (les actifs) par rapport au groupe des personnes les plus
âgées (Athukorala et Sen, 2004). Ainsi, les pays qui ont taux
croissance du revenu par habitant plus élevé devraient avoir des
ratios d'épargne plus élevés que les pays à faible
taux de croissance.
En revanche, il faut remarquer qu'au niveau
microéconomique, l'agent n'effectue guère d'arbitrages
intergénérationnels : les transmissions patrimoniales ne jouent
qu'un rôle résiduel dans ses choix d'accumulation. S'il peut
laisser un héritage parfois conséquent derrière lui,
celui-ci sera de nature involontaire ou accidentelle, dans la mesure où
il résulte plus de l'incertitude de la durée de vie que d'un
véritable motif de transmission (Masson, 2003).
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