2.2.2. Friedman et le revenu permanent
A la suite du travail innovateur de Keynes, Friedman (1957)
émet l'hypothèse du revenu permanent. Cette hypothèse fait
une distinction entre les composants permanent et transitoire du revenu comme
déterminants de l'épargne du ménage.
Pour Friedman, la consommation et l'épargne ne
dépendent pas du revenu courant, mais du revenu permanent. Le revenu
permanent défini comme le revenu constant au cours du temps qui donne au
ménage le même revenu actualisé que ses revenus futurs en
termes prévision du revenu de long terme et d'un taux de consommation
maintenu constant sur la période de vie étant donné le
niveau actuel de richesse (Muradoglu et Taskin, 1996).
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Selon Samuelson et Nordhaus (1995), le revenu permanent est le
niveau de revenu que les ménages reçoivent lorsque les variations
temporaires sont négligées ou supprimées. C'est le revenu
dont l'agent peut disposer à chaque période de sa vie. Le revenu
transitoire est la différence entre le revenu actuel et le revenu
permanent. Selon l'hypothèse du revenu permanent, les individus
consomment essentiellement le composant permanent de leur revenu courant, par
conséquent le revenu transitoire est systématiquement
affecté à l'épargne avec une propension marginale à
épargner de ce revenu proche de l'unité (Muradoglu et Taskin,
1996). Cette dernière peut être positive auquel cas le revenu
courant est supérieur au revenu permanent, ou négative, auquel
cas le revenu observé est inférieur au revenu permanent.
De façon similaire, Friedman (1957) définit la
consommation permanente, comme "la valeur des services qu'on prévoit de
consommer pendant la période considérée", et montre alors
que la consommation permanente (et donc l'épargne) est proportionnelle
au revenu permanent. Friedman n'exclut cependant pas que le ménage
puisse planifier sa consommation sur un horizon plus bref (de trois à
cinq ans par exemple), en réajustant progressivement sa consommation
pour tenir compte de modifications jugées durables du revenu. Mais,
à la différence du comportement de cycle de vie, le ménage
ne liquide pas son patrimoine pour assurer sa consommation à partir d'un
certain âge.
Dans la forme généralisée de
modèle de cycle de vie, développée à partir de
1985, Modigliani, Ando et Brumberg proposent de dissocier le patrimoine en deux
composantes hétérogènes, qui seraient détenues
à des fins différentes :
- le patrimoine de cycle de vie, destiné à la
consommation différée, et dont le mode d'accumulation serait
conforme à l'hypothèse du cycle de vie ;
- le capital d'investissement destiné à la
transmission, qui relèverait d'une perspective dynastique (avec un
horizon supérieur à la durée de vie).
Ces deux modèles ont pour propriété
centrale de dissocier le profil de consommation du profil de revenus sur
l'ensemble du cycle de vie, et prédisent que le taux d'épargne
dépend d'abord de l'âge et du revenu permanent. Ces deux approches
plus ou moins fusionnée, fournissent un cadre d'analyse flexible
destiné à rendre plus intelligibles les comportements
patrimoniaux.
Le modèle revenu permanent/cycle de vie, dans sa
formulation originelle, ne prenait pas en compte l'incertitude portant sur les
revenus. On supposait que les comportements reposaient sur une anticipation
parfaite du futur et qu'ils n'étaient pas contraints par des
imperfections du marché des capitaux. Néanmoins, ces
hypothèses se sont révélées trop restrictives car
elles ne pouvaient rendre compte de certains comportements observés
empiriquement, comme le motif
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de précaution. C'est pourquoi le cadre d'analyse a
été étendu à un environnement incertain et à
des marchés des capitaux imparfaits (Hall, 1978).
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