Section 3 : Difficultés statistiques dans la
mesure de l'épargne
L'épargne est mesurée de façon
résiduelle dans la comptabilité nationale, ce qui fait qu'elle
subit l'incidence des erreurs de mesure et des révisions
régulières affectant les deux agrégats qui servent
à la calculer , à savoir les recettes et les dépenses
courantes. Comme c'est souvent un poste de faible montant, des erreurs
relativement mineures dans la mesure des recettes ou des dépenses
risquent d'entraîner dans celle de l'épargne une erreur
relativement importante. En outre, si les erreurs que comportent ces deux
agrégats peuvent se compenser mutuellement dans l'estimation de
l'épargne, elles peuvent tout aussi bien se renforcer, de sorte que la
marge d'erreur des statistiques de l'épargne risque d'être aussi
importante que la somme des marges d'erreur affectant les recettes et les
dépenses.
Outre cette volatilité possible de la statistique
d'épargne, la comparaison internationale des taux d'épargne doit
être effectuée avec prudence. En effet, des différences de
taux d'épargne ne reflètent pas nécessairement des
différences dans le comportement des agents économiques, en
particulier des ménages.
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Premièrement, il se peut que les concepts ne soient pas
identiques. Pour cela, il faut notamment s'assurer que les amortissements sont
traités de la même façon entre pays. Ainsi, on peut
rapporter l'épargne brute au revenu disponible brut ou l'épargne
nette au revenu disponible net. Le montant des amortissements pris ou non en
compte influence le taux d'épargne.
Deuxièmement, le taux d'épargne est
influencé par les réalités institutionnelles et
coutumières des pays, d'où l'importance de retenir la
définition du taux d'épargne qui limite au maximum la
sensibilité à ces aspects institutionnels et coutumiers. La
comptabilité nationale permet d'ailleurs parfois d'apporter les
corrections nécessaires. Par exemple, l'importance relative des
impôts directs et des impôts indirects dans la fiscalité
globale a un impact sur le taux d'épargne. Que l'Etat
prélève des recettes publiques sur les ménages par la
fiscalité directe (impôts sur le revenu et cotisations de
sécurité sociale) ou indirecte (TVA, accises,...) n'influence pas
le niveau de l'épargne des ménages car les deux catégories
d'impôts entrent dans les dépenses courantes (via les transferts
ou via la consommation). Néanmoins un impôt direct réduit
le revenu disponible, alors qu'un impôt indirect réduit le pouvoir
d'achat. La santé ou l'éducation constituent un autre exemple.
Ces services sont financés en partie par le marché et en partie
par l'Etat. Lorsque l'Etat les prend en charge plutôt que les
ménages, non seulement les dépenses de consommation des
ménages se voient réduites, mais aussi leur revenu disponible car
les ménages paient des cotisations. L'épargne n'est donc pas
affectée à condition qu'il y ait un équilibre entre les
cotisations sociales et les dépenses publiques. Par contre, le revenu
disponible sera plus faible dans les pays où l'état intervient
plus. Le taux d'épargne y sera donc surestimé.
Troisièmement, même si l'impact de
réalités institutionnelles différentes est relativement
réduit par le choix de concepts et de corrections adéquates,
certains effets de composition peuvent encore affecter le taux
d'épargne. Ainsi, l'importance relative des indépendants joue un
rôle et, en particulier, la proportion d'entreprises individuelles qui
sont classées parmi les ménages en raison d'une
comptabilité incomplète (petites entreprises familiales,
professions libérales, etc.). Ce classement influence la
définition même du champ des ménages et donc leur revenu et
leur taux d'épargne. De plus, au sein de ces entreprises individuelles,
il est impossible de distinguer la part des revenus qui constitue un salaire de
celle qui est un bénéfice d'exploitation.
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