3.3. Inflation
L'épargne répond également au taux
d'inflation. L'effet de l'inflation sur l'épargne dépend de la
manière dont les agents économiques réagissent à
l'augmentation du taux d'inflation. Un taux d'inflation élevé
conduit à un taux d'intérêt nominal élevé.
L'inflation peut affecter l'épargne en sens opposé :
i) L'inflation augmente l'incertitude sur le revenu futur, et
diminue la valeur réelle de la richesse financière. Les
ménages en tentant de rétablir leur position richesse-revenu vont
augmenter leur niveau d'épargne. De même, lorsque l'incertitude
liée au revenu futur est élevée, les gens sont
poussés à épargner une part importante de leur revenu
actuel pour des motifs de précaution.
ii) Mais dans la mesure où un taux d'inflation
élevé va de pair avec une grande incertitude sur le taux
d'intérêt réel, cela peut avoir un effet répressif
sur la décision à épargner. Les anticipations d'inflation
peuvent favoriser les dépenses durables au détriment de
l'épargne.
La littérature empirique sur l'effet de l'inflation sur
l'épargne présente une vaste preuve qui soutient les deux
opinions. La plupart des modèles analysant l'effet de l'inflation sur
l'épargne trouve un effet bien négatif. Si les revenus ne sont
pas indexés, une inflation non anticipée va causer des
réductions dans les revenus et par conséquent, réduire les
taux d'épargne (Deaton, 1997). Contrairement à ces
prédictions, une autre théorie propose que si le revenu
réel est correctement anticipé soit par indexation ou par
inflation salariale, l'inflation non anticipée va augmenter le taux
d'épargne. Dans une étude menée sur un groupe de pays
asiatique, Gupta (1987) a trouvé que les tensions inflationnistes ont un
effet positif sur l'épargne, alors les résultats de Lahiri (1988)
sont peu concluants sur la question. Par ailleurs, on peut penser que dans la
super-neutralité de la monnaie dans un sens extrême, l'inflation
peut ne pas avoir aucun effet sur l'épargne sur le long terme.
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
3.4. Facteurs démographiques
L'hypothèse de cycle de vie montre que les variables
démographiques affectent le comportement d'épargne des
ménages (Ando et Modigliani, 1963).
La théorie analyse comment les individus qui
étalent leur consommation sur leur durée de vie en accumulant de
l'épargne durant leur période d'activité et en maintenant
leur niveau de consommation stable pendant la retraite. Elle prédit que
dans une population donnée, les jeunes gens auront une épargne
très faible (parce qu'initialement, le revenu est bas ou même nul,
et ce groupe d'individus emprunte pour répondre aux besoins de
consommation). L'hypothèse de cycle de vie suppose donc que, quand il y
a plus de jeunes gens à supporter, la consommation augmente et
l'épargne diminue. Les adultes en âge de travailler constituent le
groupe d'individus qui épargnent plus. Les personnes âgées
ont tendance à avoir un niveau bas ou même négatif du taux
d'épargne. En d'autres termes, ils désépargnent afin de
maintenir la consommation proche des besoins jusqu'à la fin de leur
vie.
Il apparaît clairement que la structure d'âge
influence le comportement d'épargne de l'ensemble de la population.
Ainsi, plus la population inactive (et donc le ratio de dépendance) d'un
pays est élevée, plus bas sera son taux d'épargne et vice-
versa.
D'après Deaton (1989), les ménages disposent des
moyens leurs permettant de modifier le revenu de temps à autre pour que
leur consommation puisse être garantie. Pour cette raison, les
ménages épargnent pendant les périodes de revenus
élevés et les ménages désépargnent durant
les périodes de faibles revenus par rapport à une consommation
élevée : on parle de lissage de la consommation sur la
durée.
La théorie distingue le ratio de dépendance de
la croissance de la population. Elle indique que bien qu'une augmentation du
taux de croissance de la population peut augmenter le nombre d'actifs
(épargnants potentiels) par rapport au nombre de retraités
(désépargnants potentiels), elle peut toute fois s'accompagner
d'une augmentation du ratio des jeunes (désépargnants formels)
dans la population. Ainsi, l'effet net de la croissance de la population sur
l'épargne globale n'est pas théoriquement identifié
(Athukorala et Sen, 2004).
Outre le ratio de dépendance, d'autres variables
démographiques peuvent avoir un effet sur le comportement
d'épargne, surtout sur celui des ménages. Il s'agit entre autre
de la taille du
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
ménage, de l'âge moyen auquel les jeunes entrent
sur le marché du travail, l'âge de la retraite, le taux
d'activité féminine, l'espérance de vie, le taux
d'urbanisation etc.
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