Section 3 : Déterminants potentiels de
l'épargne
3.1. Le revenu par tête comme déterminant de
l'épargne
L'une des plus importantes innovations de Keynes dans la
Théorie Générale, était d'avoir
établi pour la première fois le lien entre la consommation (et
donc l'épargne) et le niveau du revenu à partir de la fonction de
consommation. Plus formellement, il est suggéré que la fonction
de consommation ou d'épargne est non-proportionnelle ; pour cause, les
riches (pays ou individus) moins proportionnellement et épargnent plus
proportionnellement de leur revenu que les pauvres. Une manière
d'exprimer cela est de commencer par la fonction d'épargne :
Où : est le niveau d'épargne par habitant de la
population P et
le revenu par tête.
Le signe négatif du terme constant signifie que la
propension marginale à épargner est au-dessus de la moyenne.
Ainsi lorsque le revenu par tête augmente, la propension marginale
à épargner augmente aussi. Pour transformer cette fonction pour
que le taux d'épargne soit une variable dépendante, il suffit de
multiplier les deux membres de l'équation par P et les diviser par Y. Ce
qui donne :
Où le ratio d'épargne est une fonction non
linéaire du niveau de revenu par tête, comme
représenté sur la figure 4 suivante :
Figure 3: Fonction d'épargne et le revenu par
tête
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Lorsque , b. En d'autres termes, lorsque le revenu par
habitant augmente,
le ratio d'épargne s'approche de l'asymptote. Il est
plus faible dans les pays pauvres que dans les pays développés
mais ne connaît pas la même évolution que le revenu par
tête. D'aucuns estiment qu'il commence par décroître
à des niveaux de revenu très élevés.
3.2. Taux d'intérêt
L'effet du taux d'intérêt sur l'épargne
est ambigu. Parce que les effets revenu et substitution des taux
d'intérêt élevés s'exercent en sens opposé,
l'effet des taux d'intérêt sur l'épargne ne peut être
prédit. En plus des deux effets, les taux d'intérêt
affectent aussi l'épargne à travers l'effet richesse. Selon
l'hypothèse de la consommation inter-temporelle, celle des auteurs
classiques, une augmentation du taux d'intérêt augmente
l'épargne ; la propension moyenne à épargner est une
fonction croissante du taux d'intérêt réel.
Un fort taux d'intérêt réel, correspondant
à une forte rémunération de l'épargne, incite
à diminuer sa consommation présente au profit de
l'épargne, selon un effet de substitution. Mais la relation positive
entre taux d'intérêt et épargne peut être
contrebalancée par un effet de revenu : pour un ménage qui
souhaite effectuer des placements financiers, une hausse des taux
d'intérêt signifie une hausse des revenus futurs, ce qui peut
inciter à réduire l'épargne nécessaire pour
constituer un patrimoine donné.
En toute évidence, dans les pays en
développement où les marchés financiers ne sont toujours
pas encore bien développés, l'effet substitution devrait
être plus important que l'effet revenu ; et par conséquent, le
taux d'intérêt aurait probablement un impact positif net sur
l'épargne domestique (Özcan et al, 2003). Cependant, la
complexité et les distorsions dans le secteur réel et le secteur
financier de l'économie tendent à réduire les
bénéfices d'une augmentation dans les taux
d'intérêt, et du coût l'impact positif sur l'épargne
domestique peut ne pas être observé.
L'approche keynésienne du comportement d'épargne
est tout autre : l'épargne est le résidu de la consommation. Le
niveau d'épargne n'est pas forcement déterminé par le taux
d'intérêt mais plutôt par le niveau de revenu de l'agent ;
le taux d'intérêt ne déterminant que la forme de
l'épargne (épargne thésaurisée ou épargne
financière). Celui-ci consomme d'abord et attribue le résidu de
son revenu (celui qui n'a pas été consommé) à
l'épargne ou à la thésaurisation en
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
fonction du taux d'intérêt. La grande
différence les classiques et Keynes est qu'il prend en compte le
caractère irrationnel des agents économiques qui peuvent opter
pour la thésaurisation.
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