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Etude des déterminants de l'utilisation des services de santé par les ménages de la zone de santé d'Uvira, province du Sud- Kivu en RDC

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par Magnat KAKULE MUTSINDWA
Université officielle de Bukavu - Licence (BAC +5) en santé publique 2012
  

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0.4. PROBLEMATIQUE

A la Conférence Internationale sur les Soins de Santé Primaires tenue à Alma Ata en 1978, il a été déclaré que les gouvernements ont vis-à-vis de la santé des populations une responsabilité dont ils ne peuvent s'acquitter qu'en assurant des prestations sanitaires et sociales adéquates. L'un des principaux objectifs sociaux que s'étaient fixés les Gouvernements, les Organisations Internationales et la Communauté Internationale toute entière au cours des dernières décennies était de donner à tous les peuples du monde, jusqu'à l'an 2000, un niveau de santé qui leur permettrait de mener une vie socialement et économiquement productive (Manifeste d'Alma Ata, URSS, 6-12 septembre 1978).

Les deux décennies qui se sont écoulées depuis la déclaration d'Alma Ata n'ont pas connu de progression rapide et régulière vers l'idéal que l'on s'était fixé, à savoir des soins de santé de base accessibles pour tous. La situation mondiale est très hétérogène : de nombreux pays démantèlent en effet leurs mécanismes de protection sociale au lieu de les éteindre (OAKEY P., 2003).

Les inégalités d'accès aux soins sont alarmantes. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 100 millions de personnes par an sombrent dans la pauvreté à cause du coût de leurs frais médicaux. Pour 150 millions d'autres, les dépenses médicales représentent près de la moitié de leur revenu. Beaucoup de pays ne connaissent pas de système de protection sociale, d'assurance maladie abordable ou services de santé publics (OMS, 2008).

Le rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la santé dans le monde en 2008 met en avant le fossé existant entre riches et pauvres en matière de santé, d'accès aux soins et de résultats sanitaires. La façon dont les soins de santé sont organisés, financés et dispensés dans les pays riches et les pays pauvres est très critiquée par le rapport de l'OMS, qui pointe les inégalités et l'inefficacité des soin. L'accès équitable aux soins semble avoir été oublié par de nombreux systèmes de santé : les conditions «d'accès inéquitable, de coûts qui appauvrissent et d'érosion de la confiance dans les soins de santé constituent une menace pour la stabilité sociale" note le rapport OMS, inégalités criantes entre riches et pauvres en matière de santé.

Selon l'enquête EMMUS III menée à l'Haïti, 41 % des personnes sérieusement blessées ou malades n'ont pu être amenées à des institutions de soins en raison du coût très élevé. 40 % des malades ont par ailleurs déclaré que le choix de la structure de santé avait été déterminé par le coût des soins (FMI, Haiti, 2008).

La Chine gagne jour après jour des parts de marché dans le monde, mais à l'inverse, les populations chinoises des campagnes sont de moins en moins en bonne santé. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, l'accès aux soins est en recul dans les campagnes chinoise, alors que la Chine s'est engagée à fournir des soins médicaux de base d'ici 2020 pour toute la population (PIERRE M, 2007).

Les obstacles imputables au manque de connaissances, à la distance à couvrir pour se procurer les services ou aux perceptions des services par les pauvres ont pu être surmontés dans certains pays en amenant les services directement à ceux qui en ont besoin. Au Bangladesh, les assistantes sociales locales apportent depuis près de trente ans des informations sur la planification familiale et des fournitures aux femmes pauvres des zones rurales directement dans leurs foyers. Ce qui a fait passer l'utilisation des méthodes modernes de contraception de 5 % en 1975 à 43 % en 2000. Cette augmentation a été relativement constante, quels que soient les domiciles et les niveaux d'éducation (Lori S. Ashford et al., Population Référence Bureau et Banque Mondiale, 2007).

Les améliorations de la qualité des soins fournis, notamment l'amélioration du comportement du personnel, la réduction des délais d'attente et l'augmentation de la confidentialité devraient, en outre, permettre de renforcer la mise en application des services et d'améliorer la sensibilité des systèmes de santé aux besoins des clients pauvres. En Indonésie, une intervention dite du « patient astucieux » a assuré l'éducation des clientes des services de planification familiale quant à leur droit d'obtenir des informations, de poser des questions, d'exprimer leurs préoccupations et de demander des éclaircissements. Cette formation a renforcé l'assurance des femmes lors des discussions des questions

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de planification familiale avec le personnel médical et amélioré les interactions entre clientes et prestataires de services (Lori S. Ashford et al., Population Référence Bureau et Banque Mondiale, 2007).

Plus de 60 % des ménages africains vivent en dessous du seuil de pauvreté, et plus de 60 % des populations africaines vivent dans des communautés rurales ou périurbaines confrontées à l'insuffisance des infrastructures sociales, à la détérioration des services de santé et aux maladies non transmissibles (Unicef, Banque mondiale et OMS, déclaration d'Addis-Abeba, du 20 au 22 novembre 2006).

Au Niger par exemple, l'accès au système de santé est très limité et marqué par des profondes inégalités (géographiques, structurelles, financières et culturelles). Le taux de fréquentation des services de santé disponibles s'est largement dégradé depuis le milieu des années 90 et l'instauration du paiement direct par les usagers. La qualité des soins et l'accès payant aux services de santé sont identifiés comme les principaux obstacles pouvant expliquer ces difficultés d'accès aux structures sanitaires (CNESS-Bozari, Niger, 2003).

Au Burundi, l'accessibilité financière des populations aux soins de santé est un grand défi pour le système de santé. Selon l'enquête menée en 2004 par MSF, plus de 17% de la population ne se rend pas à une simple consultation, principalement pour des raisons financières (82% de ces malades ne consultent pas par manque d'argent). Pour payer la consultation et se soigner, la majeure partie des Burundais est contrainte de recourir à des moyens extrêmes, tel l'endettement ou la vente d'un bien, les poussant dans une pauvreté encore plus grande. Dans les régions concernées par le système de recouvrement des coûts, 81.5% des patients sont en effet obligés de s'endetter ou de vendre leurs récoltes, leurs terres, ou leurs bétails, pour payer les soins de santé (MinisantéBurundi, Cadre Stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté, septembre, 2004).

En RDC, comme un peu presque dans tous les pays en développement, malgré les efforts fournis pour l'implantation des Soins de Santé Primaires au cours de 30 dernières années, l'accessibilité et l'utilisation des services par la population demeurent très faible pour l'ensemble d'interventions du Paquet Minimum dans l'aire de santé (PNUD, 2010).

Le taux d'accès aux soins de santé oscille entre 40 et 50%, d'après une enquête démographique et de santé menée par l'Organisation mondiale de la santé en 2007 et actualisée en 2009. En clair, plus de 30 millions des Congolais n'accèdent pas à des soins de santé de qualité. A côté de ces chiffres, il faut ajouter le délabrement des infrastructures sanitaires, construites pour la plupart à l'époque coloniale et peu après l'accession de la RDC à l'indépendance (OMS, CTB, 2007).

Selon une étude réalisée par l'Ecole de Santé Publique de l'Université de Kinshasa en 2003, parmi les membres de familles qui sont tombés malades, 30% sont allés dans un Centre de Santé public ou confessionnel, 40% ont pratiqué l'automédication, 21 % n'ont reçu aucun traitement et 9% ont consulté un guérisseur traditionnel. Ceci correspond à environ 70% des malades qui n'ont pas accès aux services de santé modernes (Minisanté RDC, SRSS, juin 2006).

Les données tendancielles de certaines Zones de Santé montrent que l'utilisation des services peut augmenter de façon significative lorsque le tarif des consultations et le prix des médicaments baissent (et que leur qualité augmente) grâce à la mise en place de programmes d'aide extérieurs (Rapport d'Etat Santé et Pauvreté en RDC, Banque Mondiale, 2005).

Bien conçu théoriquement, comme c'est le cas dans tout le pays, le système de santé au Sud-Kivu connaît quelques défis à savoir : la mise en oeuvre de la stratégie de décentralisation, le fonctionnement du système de financement du secteur de la santé, le renforcement des ressources humaines qualifiées dans tous les coins, la présence des certains partenaires sans protocole d'accord, le fait que certains appuis ne sont pas valorisés, le retard dans le décaissement des fonds, le non respect du timing dans les approvisionnements en intrants et médicaments, la faible motivation du personnel et le fonctionnement de certaines structures dans des bâtiments à contrat de location et d'autres nécessitant la réhabilitation, etc. Cet état de chose, associé à d'autres facteurs négatifs tels que l'inaccessibilité géographique, la désorganisation du système de santé, le manque d'information et l'insuffisance des ressources allouées au secteur de la santé, est à la base de la faible utilisation des services de santé et

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de la détérioration de la situation sanitaire qui se caractérise par des faibles accès aux soins de santé par la population (Solidarité Santé Sud-Kivu 2006 et PASS Sud-Kivu 2009). Dans le rapport du Bureau Diocésain des Oeuvres Médicales (BDOM) du 10 février 2011 de Bukavu et Kinshasa, le taux d'utilisation du curatif dans leurs formations sanitaires est respectivement de 49% et 24% pour l'année 2010.

Dans la ZS d'Uvira, comme toutes les ZS de la Province du Sud-Kivu, malgré les multiples efforts consentis par les responsables pour l'amélioration de l'accès aux soins de santé, on observe ce dernier temps des baisses des indicateurs de santé suite à des nombreux facteurs négatifs, où le taux d'utilisation des services curatif est estimé à seulement 45,2% en 2011.

Au vu de ce qui précède, nous nous posons la question de savoir quels seraient les principaux déterminants de l'utilisation des services de santé dans la ZS d'Uvira, une des ZS du système de santé du Sud-Kivu. Telle est la question à laquelle nous tenterons de répondre dans cette étude.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo