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Etude des déterminants de l'utilisation des services de santé par les ménages de la zone de santé d'Uvira, province du Sud- Kivu en RDC

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par Magnat KAKULE MUTSINDWA
Université officielle de Bukavu - Licence (BAC +5) en santé publique 2012
  

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O.5. CADRE THEORIQUE

Les barrières financières sont l'une des principales causes de la faible utilisation des services pour les pauvres. La faible couverture des services, l'insuffisance des moyens d'intervention et de la qualité des soins ont entraîné une réduction de l'utilisation globale des services, mais les pauvres sont les plus affectés en raison des obstacles financiers liés au manque de financements publics pour le système. Contrairement au constat dressé pour les résultats de santé (mortalité et malnutrition), l'influence du statut socioéconomique sur l'utilisation des services est évident entre toutes les couches socio-économiques, indiquant que la demande est fortement sujette au revenu des ménages et/ou le prix des soins (Rapport d'Etat Santé et Pauvreté en RDC, Banque Mondiale, 2005).

Les inégalités dans le domaine de la santé existent non seulement en fonction de la richesse mais aussi d'autres mesures socioéconomiques telles que le sexe, l'origine raciale, l'origine ethnique, la langue, le niveau d'éducation, la profession et le domicile. Par exemple, dans certaines régions de l'Inde et de la Chine, les bébés de sexe féminin ont plus de risques de mourir que ceux de sexe masculin en raison des préférences culturelles qui favorisent les petits garçons et placent les fillettes en situation défavorisée en matière de nutrition et de soins de santé au début de leur existence. Nombre d'initiatives ayant pour objet d'améliorer cette situation tentent de résoudre ces problèmes et d'autres difficultés d'ordre social (Lori S. Ashford et al., 2007).

En RDC au cours de la dernière décennie les salaires n'ont pas été versés de manière adéquate et continue avec pour conséquence l'inclusion de la rémunération du personnel de santé dans les tarifs des soins et le prix de revente des médicaments. Même si ces paiements ont permis de maintenir à un niveau minimal le système de santé, il semble que seule une amélioration du financement public (sur ressources internes et externes), couvrant au moins le salaire du personnel de santé, peut permettre d'aboutir à une amélioration de la qualité et une croissance des taux d'utilisation des services de santé (Rapport d'Etat Santé et Pauvreté en RDC, Banque Mondiale, 2005).

Le niveau d'instruction atteint est lié à l'utilisation des soins de santé et signale l'état de santé. La plupart des modèles statistiques des déterminants de diverses composantes de la situation sanitaire (mortalité des enfants, malnutrition, diarrhée et infections respiratoires) montrent que les enfants dont les mères ont une instruction, quel qu'en soit le niveau, courent moins de risques que les autres même lorsque l'on contrôle pour les effets du statut socio-économique. Ce constat concorde avec les conclusions notées dans de nombreux autres pays, et il peut s'expliquer par le fait que les mères qui ont un certain niveau d'éducation sont plus au courant des pratiques préventives de santé et plus enclines à consulter un prestataire de santé qualifié pour leur enfant (Rapport d'Etat Santé et Pauvreté en RDC, Banque Mondiale, 2005).

Selon un rapport publié par le National Center for Health Statistics, l'éducation d'un responsable adulte (chef de famille) contribue à la fréquence et le type de soins de santé utilisés. Les familles dont les chefs avaient effectué moins de 12 ans d'enseignement rapportaient juste de mauvais état de santé, des taux plus élevés de jours d'incapacité et de l'utilisation en milieu hospitalier. Il convient pour un Etat

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responsable d'assurer l'éducation de la population pour faciliter les pratiques saines de santé par la

population (Paula Diehr, Université de Washington, 2009).

Les enjeux en matière d'accès aux soins sont de différents ordres, ainsi que le rapporte l'OCDE, dans un rapport sur la santé dans les pays en développement. On relèvera parmi les principaux enjeux auxquels il les gouvernements doivent agir pour assurer des soins de santé de qualité accessibles à toute la population (OCDE, Santé et pauvreté dans les pays en développement, 2004) :

? Promouvoir l'accès aux soins : adaptation aux déterminants socioculturels de la population : comprendre les croyances et représentations de la maladie des populations pour adapter le discours des soignants ; comprendre et parler la(les) langue(s) locale(s), amélioration de la qualité des soins fournis et amélioration des conditions d'emploi, lutte contre les inégalités entre hommes et femmes et développement du partenariat public (ONG et entreprises).

? Améliorer et préserver l'accès aux soins : instauration d'un système de santé publique axé sur les plus pauvres : le secteur public doit s'acquitter au mieux de ses fonctions fondamentales de formulation des politiques, d'élaboration des réglementations et de prestation de services de santé, développement de structures sanitaires de proximité comme réponses aux populations isolées dans les campagnes et à la surpopulation urbaine, mise en place de mécanismes équitables et durables de financement de la santé, définition et réglementation des prix abordables pour les traitements (soins et médicaments) jugés préalablement essentiels, mise en place d'un service fiable d'approvisionnement des médicaments.

Cependant, ainsi que le note l'OCDE, « faire en sorte que les pauvres aient accès à des services de santé de qualité à un prix abordable ne suffit pas, en soi, à améliorer leur état de santé car celui-ci dépend essentiellement de facteurs extérieurs au secteur de la santé. Il est donc primordial, pour commencer, de mettre en oeuvre des politiques efficaces de croissance économique. Si leurs revenus ne progressent pas, les pauvres ne seront pas en mesure de payer les soins dispensés par les services de santé. Et si leurs recettes n'augmentent pas, les gouvernements ne pourront accroître les financements alloués à la santé » (OCDE, 2004).

Lori S. Ashford et al. ont développé certains programmes permettant d'assurer l'accès aux soins de santé à la population. Ils soulignent que les obstacles auxquels sont confrontés les pauvres ne sont pas insurmontables. Divers programmes permettent d'y faire face de différentes manières : par une amélioration de l'éducation et de la promotion de la santé, un meilleur ciblage des services, une l'amélioration de la qualité des soins, par des incitations pour les prestataires de santé et par des mécanismes de financement qui mettent les soins à la disposition de ceux qui en ont le plus besoin. Une série d'interventions bien pensées permet de réduire les inégalités dans le secteur de la santé et des soins médicaux. Par ailleurs, les chercheurs reconnaissent qu'il existe des réponses efficaces aux disparités dans le domaine de la santé en dehors de ce secteur même. Elles se trouvent notamment dans les secteurs de l'éducation, des finances, de l'environnement, de l'agriculture et de l'emploi (Lori S. Ashford et al., 2007).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault