3.2. CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DES MENAGES
Les résultats de cette étude ont permis de dire
que l'agriculture constitue la principale activité des ménages
enquêtés suivie du petit commerce (21,5%). La proportion de ceux
qui n'ont aucun emploi est évaluée à 17,8% et 12% sont des
fonctionnaires de l'Etat contre 10% des fonctionnaires privés ou
confessionnels. Ces résultats dénotent la prévalence
d'activités précaires lorsqu'elles existent et donc de
fragilité du revenu et de moyens de subsistance des ménages.
L'occupation du chef de ménage influence très significativement
le recours aux soins de santé en cas de maladie dans le ménage (p
valeur <0,05), les responsables de ménage ayant une occupation
génératrice de revenu ont une grande probabilité de
recourir aux soins de santé en cas de maladie que ceux qui n'ont aucune
occupation (OR=6,17 IC 95%=4,13-8,86). L'ACF montre dans son rapport d'une
enquête réalisée dans la ZS d'Uvira en 2007, que
l'activité principale de la population de la zone est l'agriculture,
suivi du commerce, secondé par l'artisanat et la pêche artisanale
sur le lac Tanganyika. Ces résultats sont proches de ceux trouvés
par PU-AMI en 2005 dans la ZS d'Uvira, selon lesquels 19,5% des
enquêtés étaient des agriculteurs, secondé du
commerce tant formel qu'informel avec 16% qui pratiquaient les activités
artisanales.
Par rapport à la source de subsistance et l'utilisation
du revenu, les résultats démontrent que 27,8% des ménages
vivent des produits de l'artisanat ou du commerce, 27,3 % vivent de la
débrouillardise et 22% vivent des produits de l'agriculture ou de
l'élevage, 54,8% des ménages utilisent presque tout ou tout leur
revenu pour combler les besoins et 30% utilisent plus de la moitié. Dans
la définition des indicateurs de la pauvreté, la consommation
joue un rôle prépondérant : le fait pour un ménage
de consommer tout son revenu l'expose à beaucoup de risques car il
n'aura pas la possibilité d'épargner. Les résultats d'une
enquête résiliée par le Ministère du plan dans la
Province du Sud-Kivu, en 2005, affirment que l'agriculture constitue en grande
partie la principale source de subsistance dans les milieux ruraux et est
supplée par le petit commerce. Dans le milieu urbain, au contraire, on
observe une prédominance des activités commerciales et de la
débrouillardise. Les résultats de l'étude
démographique et de santé réalisée par le
Ministère du plan en 2007 montrent à leur tour que plus de la
moitié de la population congolaise utilise plus de la moitié de
leur revenu pour combler leur besoin.
Par rapport au statut d'occupation des maisons, les
résultats ont montré que 49,5% sont des propriétaires des
maisons qu'ils habitent contre 46,5% qui sont des locataires. La proportion des
locataires est assez élevée et constitue un facteur de
pauvreté car il augmente les dépenses du ménage. Ces
résultats s'écartent de ceux trouvés par MUSHAGALUSA dans
son étude dans la ZS de Kadutu en 2004, qui montrent que 60% des
ménages vivaient dans leurs propres maisons et 21% étaient des
locataires.
Par rapport aux activités agricoles, nos
résultats exhibent que 35% des ménages ont un champ. Quant
à ce qui est de l'utilisation des récoltes, 51% disent qu'ils
utilisent une partie pour l'alimentation et une autre est vendue et 45%
consomment toute la récolte. Ces résultats nous permettent
d'affirmer que l'agriculture constitue une activité importante pour les
ménages de la ZS d'Uvira. Ces résultats s'écartent de ceux
trouvés par PU-AMI dans une enquête réalisée en 2011
dans la ZS des Hauts Plateaux d'Uvira, qui ont montré que 80% des
ménages avaient un champ et 85% des récoltes étaient
utilisés uniquement pour l'alimentation familiale.
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Un tiers des ménages a déclaré avoir
vendu un bien de valeur au cours de 6 derniers mois. Quant au motif de la
vente, 37,8% disent que c'est pour payer la scolarité des enfants, 34,1%
accusent la paie de la facture des soins et 17,8% pour l'alimentation. Les
résultats des enquêtes réalisées par PU-AMI dans les
ZS de Kimbi-Lulenge et Hauts plateaux d'Uvira en 2010 montrent que 40% des
ménages dans la ZS de Kimbi-Lulenge et 37% dans celle des Hauts plateaux
d'Uvira avaient vendu un bien de valeur durant le dernier semestre. Quant au
motif de la vente, 60% dans la ZS de Kimbi-Lulenge et 53% dans celle des Hauts
plateaux d'Uvira ont dit que c'était pour des raisons des frais des
soins de santé.
Par rapport au revenu, les résultats de cette
étude ont montré que 50% des ménages avaient un revenu
inférieur ou égal à 46,6$ par mois, soit un revenu
inférieur ou égal à 0,3$ par habitant par jour. Le revenu
moyen par habitant par jour est de 0,36$. En moyenne les ménages ont
consommé 80% de leur revenu pour les besoins déclarés.
Nous remarquons que les ménages ont un revenu moyen par habitant par
jour inférieur au seuil absolu de pauvreté utilisé par la
banque mondiale pour tous les pays du monde qui est de 1$ par habitant par
jour. Les résultats prouvent que 75% des ménages vivent dans la
pauvreté absolue et presque 95% des ménages vivent en moyenne en
dessous du seuil absolu de pauvreté. Ces résultats sont presque
similaires à ceux trouvés par MUSHAGALUSA, Op Cit, qui ont
montré que le revenu moyen journalier par habitant était de 0,33$
et que les dépenses des soins prennent en moyenne 16% des
dépenses du ménage. Dans une conférence internationale
conjointe ONUSIDA, Unicef, Banque Mondiale et OMS tenue à Addis-Abeba du
20 au 22 novembre 2006, on note également que plus de 60 % des
ménages africains vivent en dessous du seuil de pauvreté. Cette
situation de pauvreté influence le recours aux soins par les
ménages.
Dans un Rapport d'Etat sur la Santé et Pauvreté
en RDC, Banque Mondiale, 2005 on montre que tant dans les zones urbaines que
dans les régions rurales, l'utilisation des services de santé de
base diminue à mesure que l'on descend dans l'échelle
socio-économique. Par exemple, dans les zones urbaines comme dans les
régions rurales, à peu près 15 % des mères
appartenant au quintile le plus pauvre bénéficient d'un
accouchement médicalement assisté contre 45 % environ dans le
quintile le plus élevé. De même, dans les zones urbaines,
34 % des enfants fébriles des ménages issus du quintile le plus
pauvre seront traités, contre 66 % pour les ménages du quintile
le plus élevé. Dans les régions rurales, les proportions
sont respectivement de 29 % et 37 %. Les modèles de régression
montrent que, pour chaque passage d'un quintile de pauvreté au quintile
immédiatement supérieur, il y a entre 1,2 et 1,4 fois plus de
chances que les enfants soient vaccinés contre la rougeole et
reçoivent un traitement médical en cas de fièvre ou
d'infection respiratoire aigue.
Ces résultats confirment l'hypothèse selon
laquelle les caractéristiques socio-économiques du ménage
sont un facteur déterminant du recours aux services de santé.
Pour ce qui est de la consommation mensuelle du ménage,
les résultats de la présente étude ont montré que
50% des ménages dépensent un montant inférieur ou
égal à 47$ par mois. En moyenne les ménages ont
dépensés 62,4$ par mois pour les besoins déclarés,
dont les soins de santé prennent 21%. Les résultats d'une
enquête réalisée par PU-AMI dans la ZS de Kimbi-Lulenge en
2011 ont montré qu'en moyenne les ménages enquêtés
affectent plus de 60% de leur revenu dans la nourriture et 17% dans les soins
de santé. Ces résultats sont proches de ceux trouvés dans
une enquête similaire faite par la même organisation dans la ZS des
Hauts plateaux d'Uvira, où les dépenses de l'alimentation
prennent 65% de la consommation mensuelle et 15% pour les soins de
santé. Les résultats que nous avons trouvés montrent
à leur tour que les ménages ont consommé en moyenne 80% de
leur revenu pour les dépenses déclarés moins
l'alimentation. Si nous considérons la consommation alimentaire à
plus ou moins 60% telle que trouvée par les résultats ci-haut
cités, nous pouvons ainsi affirmer que la consommation moyenne des
ménages est très supérieure à leur revenu. Cette
situation affecte le niveau financière des ménages.
Aline Coudouel, Jesko S. Hentschel et Quentin T. Wodon ont
constaté, dans leur étude réalisée en 2002, que
lorsqu'il s'agit d'évaluer la pauvreté à l'aide de mesures
monétaires, il est quelquefois nécessaire de choisir les revenus
ou la consommation comme indicateur du bien-être. Ils montrent ensuite
que pour autant que l'enquête auprès des ménages fournisse
des données de consommation suffisamment détaillées, la
plupart des analystes estiment que la consommation est un meilleur
indicateur
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de la pauvreté que les revenus parce que les
dépenses de consommation ne reflètent pas uniquement les biens et
les services qu'un ménage peut obtenir sur base de ses revenus actuels,
mais aussi sa capacité d'accéder aux marchés du
crédit ou à ses économies lorsque les revenus sont plus
faibles, voire négatifs, que ce soit en raison des variations
saisonnières, de mauvaises récoltes ou d'autres circonstances qui
peuvent faire fluctuer considérablement les revenus, la consommation
serait moins sujette à de grandes variations au cours d'une année
donnée et à travers le cycle de vie. Toutefois, la consommation
résulte d'un choix individuel, et ce choix peut varier d'un individu
à l'autre, même chez des personnes ayant le même revenu ou
les mêmes possibilités de consommer. Ces résultats prouvent
à suffisance que la majorité des ménages
enquêtés vivent en moyenne dans la pauvreté absolue.
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