j. Les féministes sociales
Les pensées féministes sociales s'accordent
à dire que les hommes et les femmes ont effectivement des
différences de comportement, de capacités et des manières
de penser qui sont propres à chaque sexe (Fisher et al 1993), mais ils
cherchent à faire reconnaître ces différences dans un
contexte d'égalité. Selon eux, ces différences proviennent
de processus de socialisation sexués, suivant des idées
préconçues selon lesquelles les femmes seraient
par exemple plus empathiques et les hommes plus combatifs. Pour autant, ces
économistes ne disent pas que les femmes ont moins de capacité
à entreprendre, mais que chaque sexe détient ses propres forces
nécessaires à la création et au développement
d'entreprises. Les différences d'éducation entre les sexes
créent des différences significatives entre les stratégies
de développement des femmes et celles des hommes. Que les entreprises
soient tenues par des femmes ou par des hommes, elles peuvent et doivent
être semblables, au même titre que leur financement. Le but est le
même et chaque sexe doit donc utiliser leurs propres forces
différemment pour créer une entreprise pérenne et
rentable. Il faut donner les mêmes chances de réussite aux femmes
et aux hommes.
Que ce soit à cause de l'état, des
barrières socioculturelles ou même des deux, on remarque que les
femmes entrepreneures se financent toujours principalement depuis leurs fonds
personnels, et que lorsque les banques interviennent dans ce financement, elles
n'accordent qu'une somme dérisoire aux femmes en comparaison au montant
accordé aux hommes (Hisrich, 1989 décrit alors les
différences d'accès au financement entre les hommes et les
femmes). De ce fait, les entreprises créées par des femmes sont
plus petites et donc moins performantes que celles des hommes. En effet, une
enquête réalisé par Blau en 1984 et portant sur
l'architecture des entreprises de New York montre que plus les entreprises sont
grosses et embauchent d'employés, plus elles sont performantes.
Les femmes sont, une fois sur quatre plus susceptibles de se
voir refuser un prêt que les hommes. D'après les
féministes, ce chiffre s'expliquerait par les discriminations et les
idées préconçues selon lesquelles les femmes sont
incapables de créer des business à forte
Université Catholique de LYON - ESDES 20
rentabilité qui les empêcherait d'en créer
effectivement (Brush, Carter, Gatewood, Green et Hart, 2001). Alors qu'il
existe un certain nombre de cas déclarés d'exemples anecdotiques
de discriminations flagrantes au sein de la littérature (par exemple
Marlow, 1997 ; Moore and buttnet, 1997), une telle discrimination est difficile
à démontrer empiriquement, en raison du grand nombre de facteurs
extérieurs qui entrent en jeu, rendant l'isolement du facteur sexe
difficile. Quelques économistes ont essayé de prouver ces
discriminations : Fay et Williams (1993) ont trouvé des preuves
manifestes de discrimination entre les sexes, Koper (1993) a constaté
que des questions relatives à la formation de la famille sont
posées aux femmes (et pas aux hommes), et Carter et Kolvereid (1993) ont
également trouvé des preuves pour le traitement condescendant et
discriminatoire. Comme le soulignent Brush, Carter, Gatewood, Greene and Hart,
(2006), la discrimination se pose souvent comme une évidence. Mais il
est difficile d'affirmer avec exactitude que les différences
d'accès au financement sont dues aux discriminations de la part des
banquiers. Au contraire, les résultats d'une étude menée
en France sur la discrimination à l'obtention de financements pour les
femmes entrepreneures (Ohran, 2001) ne démontrent pas de discrimination,
et l'analyse des interviews indiquent même que les femmes
interrogées précisent ne pas s'être senties victimes de
discrimination à l'obtention de financement. En parallèle, une
enquête réalisée en 1987, auprès de 3 217
dirigeantes de PME canadiennes démontrent, a priori, que les femmes ont
des conditions de financement moins avantageuses que les hommes (taux de
financement, marges de crédit, endosseur,...). Mais s'il ne s'agit
effectivement pas de discrimination, comment expliquer ces différences
de financement bancaire entre les femmes et les hommes ?
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