2. Les courants de pensée
La solvabilité et l'accès au financement est
primordial pour entreprendre, et détermine souvent la rentabilité
future de la nouvelle entreprise. D'après l'étude d'OpinionWay,
un tiers des femmes considèrent encore qu'être une femme est
désavantageux dans le cadre d'une création d'entreprise, et
énoncent les difficultés à convaincre les banquiers et les
investisseurs comme étant la seconde difficulté la plus
importante après le manque de crédibilité dans le milieu
professionnel. Des fonds insuffisants à la création d'une
entreprise ont souvent pour conséquence une performance future bien
moindre. On remarque que le résultat moyen d'une entreprise d'homme est
plus élevé que le résultat moyen d'une entreprise de
femmes, 54.000 dollars contre à 46.000 dollars dans l'étude de
« l'Academy of Management Journal ».
Dans la littérature, deux grands systèmes de
pensée se distinguent concernant le financement des femmes
entrepreneurs. D'un côté, les théories «
féministes » selon lesquelles les femmes rencontrent de multiples
inégalités lors de leur recherche de financement, impactant leur
potentiel de création d'entreprise en général, d'où
cette différence de résultat. De l'autre, certains
économistes expliquent qu'il n'existe en réalité aucune
inégalité quand à l'accès au financement entre les
hommes et les femmes, mais qu'il s'agit uniquement d'une différence de
faculté à entreprendre entre certains individus et notamment ici,
entre les hommes et les femmes, qui expliquent les différences de
performances de leurs entreprises.
a. Les féministes
Les féministes cherchent à démontrer que
les femmes ont plus difficilement accès au financement que les hommes.
Lors de leurs analyses sur les expériences des femmes entrepreneures,
deux grands concepts en ressortent : le féminisme libéral selon
qui l'état et l'organisation sont les causes de ces différences,
et le féminisme social qui accusent les barrières
socioculturelles.
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i. Les féministes libérales
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La pensée libérale indique que pour mettre fin
à la discrimination, il faudrait s'attaquer aux barrières
structurelles
que les femmes rencontrent, et que l'état est donc la
principale cause des inégalités entre les hommes et
les femmes entrepreneurs. Cockburn défend ce système de
pensée, et explique que pour faciliter les
activités économiques des femmes, l'état doit assurer une
éducation méritocratique, mettre en oeuvre des
législations anti discrimination ainsi que des règles relatives
à l'égalité des salaires. La théorie repose donc
sur le principe d'égalité des droits de chacun et notamment
l'égalité des sexes. Selon la pensée libérale, il
est évident que les femmes sont désavantagées, par un
accès inégalitaire aux ressources nécessaires à la
création d'une entreprise durable. Marlow en 2002, explique que la
ségrégation envers les femmes, ainsi que leurs
responsabilités domestiques, les empêchent d'acquérir une
crédibilité, notamment envers les institutions de financement, et
donc un capital suffisant pour engager un processus de création
d'entreprise. Watson, lors d'une analyse réalisée en 2002 sur les
performances des entreprises en Australie, s'accorde avec les théories
féministes libérales et déclare que les femmes et les
hommes ont des différences en termes de ressources, et donc d'emploi.
Les femmes ayant moins de ressources financières que les hommes, doivent
créer des entreprises de plus petites tailles. Les entreprises du
secteur des services nécessitent généralement moins de
fonds pour être lancées, les femmes sont donc plus enclines
à créer leur entreprise dans ce secteur d'activité, du
fait de leur faible capital de départ. Aussi selon une étude de
l'observatoire Amarok, en partenariat avec Malakoff Mederic et le Centre des
Jeunes Dirigeants (CJD), les femmes entrepreneurs auraient plus de mal à
concilier la vie de famille avec un emploi du temps de dirigeant, d'autant plus
lorsqu'elle dépassent le seuil fatidique des 10 salariés (50%
contre 33% pour les dirigeantes de TPE). Ce qui expliquerait également
leur réticence à créer des entreprises de tailles plus
importantes.
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