j. Le comportement face aux risques
L'article de Rachel Croson et Uri Gneezy explique que les
hommes sont plus exposés aux risques que les femmes. En effet, des
enquêtes économiques (Catherine c ; Eckel et Philip J. Grossman
2008) et psychologiques (James P.Byrnes, David C. Miller et William D. Schafer
1999) montrent que les femmes ont une plus grande aversion pour le risque. Ces
différences dans la prise de risque s'expliquent d'abord par les
différences de réactions émotionnelles entre les deux
sexes. Les femmes éprouvent des émotions plus fortes que les
hommes (Review in R.A. Harshman and A. Paivio 1987), et notamment, elles
ressentent une nervosité et une peur de l'échec plus intense que
les hommes. Si l'échec est moins bien vécu par les femmes que par
les hommes, il est naturel qu'elles aient une plus grande aversion au risque.
Les femmes ayant plus peur de l'échec, elles prennent bien moins de
risques que les hommes pendant la création et le développement de
leur entreprise. Un autre élément qui explique ces
différences de prise de risque est la confiance en soi. Il a
été démontré que les hommes ont une plus grande
confiance en leur succès et leur performance que les femmes (Mary A.
Lundederg, Paul W. Fox et Judith Punccohar 1994). Un nombre croissant de
chercheurs convient que la conviction d'avoir de bonnes opportunités
représente le comportement le plus représentatif de
l'entrepreneur (Shane et Venkataraman, 2000). En effet, la création de
nouvelles entreprises est une tâche qui demande de la
persévérance, et donc la conviction que des opportunités
(perçues ou réelles) existent. Agir sur les opportunités
perçues nécessite bien sûr de la confiance en soi, et la
conviction en sa
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capacité à réussir. De plus, les hommes
ont plus tendance à considérer les situations à risques
comme des challenges qui appellent à la participation, alors que les
femmes les considèrent comme des menaces qu'il faut éviter. Ils
ont donc plus de facilité à prendre des risques, un atout
apprécié par les prêteurs. Les différences dans les
comportements face aux risques ne résultent pas de différences
dans la capacité, la persistance, ou l'empressement à effectuer
des tâches correctement. Au contraire, les différences
résultent d'une motivation différente entre les sexes. Les hommes
sont plus stimulés par le challenge alors que les femmes ne sont pas
stimulées par les mêmes facteurs. Ce qui peut d'ailleurs expliquer
que, parmi les jeunes de grandes écoles, les femmes sont encore beaucoup
moins nombreuses que les hommes à vouloir créer leur propre
entreprise (62% contre 72% dans une étude menée aux Etats-Unis en
1998 par le « Journal of business Venturing »).
Il est aussi remarqué dans l'étude du «
Academy of Management Journal » que les entreprises dirigées par
des hommes offrent des gammes de produits et de services plus larges que celles
dirigées par des femmes, s'exposant plus facilement à des risques
de gestion. De plus, parmi les entreprises de femmes, celles qui sont
généralistes connaissent moins d'échec que les
spécialistes, tendance qui ne se détache pas pour les entreprises
d'hommes. Ce succès du généralisme peut refléter
une meilleure adaptation des femmes dans un environnement stable et connu.
k. Les préférences sociales
Les préférences sociales ont été
modélisées dans la littérature économique sous la
forme de l'altruisme (James Andreoni 1989), l'aversion pour les
inégalités (Gary E. Bolton et Axel Ockenfels 2000) ou la
réciprocité (Martin Dufwenberg et Georg Kirchsteiger 2004). Les
préférences sociales des femmes varient selon la situation, elles
ne sont ni plus ni moins orientée dans le social que les hommes, mais
leurs préférences sociales sont plus malléables. Tous ces
modèles décrivent comment un individu peut être soucieux de
son prochain.
Les recherches psychologiques suggèrent que les femmes
sont plus sensibles aux indices sociaux que les hommes et ajustent leur
comportement à ceux-ci (Carol Gilligan 1982). Les expériences
scientifiques sont elles contradictoires. Certaines d'entres elles montrent que
les femmes sont plus altruistes, contre les inégalités,
réciproques et coopératives que les
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hommes, et d'autres qu'elles le sont moins. Ceci est dû
au fait que les femmes ont une plus grande sensibilité au contexte que
les hommes, et donc que de petites différences dans leur environnement
ont un plus large impact sur le comportement des femmes que sur celui des
hommes. Les décisions des hommes sont donc moins influencées par
le contexte, les informations et les acteurs extérieurs. Les femmes ont
besoin d'un environnement plus stable que les hommes pour se sentir à
l'aise.
l. La compétitivité
De récentes recherches montrent que la performance des
hommes est plus affectée par la compétitivité de
l'environnement que les femmes. Il est démontré que dans un
contexte de non concurrence, les hommes et les femmes ont une performance
relativement similaire, mais dès que l'environnement devient
compétitif, quand seul le meilleur est récompensé, les
hommes réagissent avec des efforts plus importants, et leur performance
s'accroit significativement alors que celle des femmes ne fluctue que
très peu. Les hommes sont donc plus réactifs à la
compétition que les femmes. Il a été
démontré que les hommes préfèrent des
rémunérations compétitives (primes ou variables) alors que
les femmes préfèrent être payées par un salaire fixe
et égalitaire. Les hommes préfèrent évoluer dans un
environnement de compétition et les femmes dans un environnement
stable.
Lors d'une étude parue dans « The academy of
Management Journal » en 1991, et réalisée en 1987
auprès des entreprises d'Indiana, des chercheurs ont par ailleurs
démontré que sur un marché compétitif, les
entreprises de femmes sont plus nombreuses à connaître
l'échec. On peut expliquer cette observation par le fait que la
négociation est un domaine dans lequel éviter la
compétition peut avoir un réel impact négatif. Dans un
livre sur le sexe et la négociation, écrit par Linda Babcock et
Sara Laschever (2003), elles expliquent que les femmes évitent autant
que possible les situations de négociations concurrentielles. Il est
notamment expliqué que seulement 7% des femmes négocient leur
salaire contre 57% des hommes.
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Dans d'autres cultures, toutes ces tendances sont
inversées, ce qui peut démontrer que la structure de la
société et la culture jouent des rôles très
importants dans la compétitivité des femmes.
Des points de vue opposés défendent que ces
différences entre hommes et femmes sont basés sur des
différences génétiques.
De nombreux évolutionnistes et psychologues estiment
que la structure de base du cerveau est génétiquement
déterminée, et que les différences entre hommes et femmes
sont des caractéristiques naturelles. Lors du développement de
l'Homme, les hommes et les femmes auraient développé des
stratégies différentes afin de maximiser l'aptitude de leurs
gènes. Ces différences de compétitivité pourraient
par exemple être dues aux différences hormonales. La
littérature défendant le rôle de la testostérone
dans la compétitivité est riche (Helen S. Bateup et al. 2002). Il
a également été prouvé que l'aversion aux risques
financiers est en corrélation avec les hormones prénatales,
à savoir le rapport entre le deuxième et le quatrième
doigt, et ce ratio est fixé à vie. D'autres études ont
montré que la compétitivité des femmes dépend de
leur cycle menstruel et de leur pilule contraceptive. La nature serait donc une
des causes des différences de compétitivité entre hommes
et femmes.
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