i. Les motivations à entreprendre
Alors qu'un certain nombre d'études ont examiné
les raisons pour lesquelles les hommes se lancent dans la création
d'entreprises, les textes concernant les motivations des femmes entrepreneures
sont rares. (Birley et Westhead 1994). Les chercheurs ont majoritairement
constaté que les hommes créent leur entreprise, principalement en
raison de facteurs d'attraction tels que la possibilité de travailler de
façon autonome, d'avoir un plus grand contrôle sur son travail, ou
de gagner plus d'argent. L'influence des facteurs de répulsion tels des
possibilités d'évolution limitées, la frustration dans
l'emploi, un patron désagréable ou des conditions de travail
dangereuses est elle bien moindre.
Les études de Hisrich et Brush (1985) ont montré
que pour les femmes au contraire, les facteurs de répulsion tels que la
frustration et l'ennui dans leur emploi précédent étaient
les principales raisons de la création d'entreprise. En effet,
l'enquête de l'INSEE de 2011 montre que 69 % des femmes pense que la
création d'entreprise est une voie plus épanouissante que le
salariat. « Confrontées au plafond de verre quand il s'agit de
devenir cadre supérieur, elles préfèrent opter pour
l'entrepreneuriat. Comme un effet de levier, ce dernier leur
donne une crédibilité supplémentaire. La femme n'est plus
perçue comme la collègue menaçante qui risque de prendre
la place, elle devient alors un prestataire auquel on accorde du crédit
» souligne André Letowski. Stokes, Riger et Sullivan dans une
étude datant de 1995, ont constaté que l'environnement de travail
dans les grandes entreprises est perçu comme étant bien plus
hostile pour les femmes, et que cette perception explique le turnover important
chez les femmes. L'étude de Hisrich et Brush a démontré
aussi qu'un grand nombre d'ex-salariées de grosses entreprises
décident de créer leur entreprise à cause de
barrières qui les empêchent d'atteindre les postes de cadres
malgré leur expérience et leur ancienneté.
Les responsabilités familiales importantes pour les
femmes jouent également sur les motivations de celles-ci à
entreprendre. Dans les moeurs, les hommes sont censés faire passer leur
carrière avant tout, concentrer leur énergie sur celle-ci au
cours de leurs années de travail, alors qu'il est encore attendu des
femmes qu'elles assument d'abord la responsabilité de la famille et la
tenue de la maison avant de penser au travail. Même si il y a une
reconnaissance croissante de la responsabilité des pères et des
maris dans les tâches domestiques, les femmes assument encore une part
disproportionnée de ces responsabilités.
Belcourt et al. (1991) expliquent que selon une enquête
menée auprès de 400 entrepreneures canadiennes, 40 % d'entre
elles étaient uniques responsables des enfants au moment du lancement de
leur entreprise. En effet, bien qu'étant responsables d'une entreprise,
elles demeurent les premières responsables des enfants (Belcourt et al.,
1991; Lee-Gosselin et Grisé, 1990; Putnam, 1993; Ferguson et Durup,
1997). Les attentes de la société envers les hommes et les femmes
diffèrent et ces pressions socioculturelles exercent des influences
différentes sur la carrière d'un homme et d'une femme. Ainsi, un
homme considérera plus la création de son entreprise comme une
continuité, une évolution dans sa carrière, alors que les
femmes plutôt comme la solution pour avoir une plus grande
flexibilité pour gérer leurs doubles responsabilités, et
une vie plus équilibrée (Fierman,
Université Catholique de LYON - ESDES 13
1990 ; Taylor, 1986 ; Zellner, 1994). Olson et Currie (1992)
ont conclu que la valeur la plus importante pour les femmes entrepreneurs, est
la sécurité de la famille.
Bigoness (1988), Brenner et Tomkiewicz (1979) ont tous
démontré que les femmes ont une plus forte
préférence pour les emplois qui offrent des possibilités
de croissance professionnelle, tandis que les hommes préfèrent
des emplois qui offrent un revenu plus élevé. Ces constatations
indiquent que la croissance et le développement professionnel, ainsi que
l'épanouissement sont des objectifs importants pour les femmes alors
qu'ils le sont moins chez les hommes.
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