Conclusion 1
L'accès à un financement suffisant est
primordial pour assurer la longévité d'une entreprise, et les
femmes entrepreneures rencontrent davantage de difficultés que les
hommes pour cette phase de la création d'entreprise. Elles sont donc
plus nombreuses à se tourner vers le secteur des services, qui demande
moins de capital, mais qui aussi lutte pour survivre et se développer,
ce qui renforce l'image négative des femmes entrepreneures. Cela ne
signifie pas que toutes les femmes qui créent une entreprise soient
destinées à échouer.
Des études ont prouvé que les hommes sont
beaucoup plus aptes à entreprendre et à créer une
entreprise performante. Ils sont en effet dotés à plus grande
mesure des caractéristiques nécessaires à la
création et la réussite d'une entreprise. Ainsi, des
études scientifiques ont montré que les hommes sont plus
compétitifs que les femmes et qu'ils ont un goût plus
prononcé au challenge. De plus, ils ont une confiance en eux et en leur
réussite bien supérieure aux femmes, ce qui leur donne une
certaine aisance et une certaine assurance dans leur démarche. Ce qui
expliquerait la sous-capitalisation des femmes ne serait donc pas uniquement
due à la discrimination, mais bien aux choix de la part des
décideurs répondant à des critères précis,
pour lesquels les hommes sont plus nombreux à répondre.
Cependant, comme le défendent les féministes,
ces différences de caractéristiques propres aux hommes et aux
femmes sont en partie liées aux pratiques éducatives et aux
influences socioculturelles. Il est donc possible de limiter les
discriminations et, c'est en donnant les mêmes chances aux femmes qu'aux
hommes que l'on limitera les inégalités d'accès aux
ressources. L'Etat est en effet un acteur majeur qui a les capacités de
casser les barrières structurelles rencontrées par les femmes.
Bien que les politiques contemporaines relatives aux égalités
hommes-femmes apparaissent peu à peu, facilitant l'accès à
l'entrepreneuriat pour les femmes, elles sont loin d'atteindre
l'égalité hommes-femmes. Il s'agit là d'une des
clés de résolution des inégalités de financement,
mais les obstacles au financement ne sont pas uniquement dus aux
barrières structurelles, et au comportement des prêteurs.
Certains économistes pensent que les femmes, pour
réduire les différences entre les sexes, doivent adopter les
caractéristiques habituellement propres aux hommes et correspondre ainsi
d'avantage aux critères des banquiers. Les femmes doivent selon eux,
se
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motiver et s'éduquer au monde de l'entrepreneuriat pour
s'assurer d'être financées à même hauteur que les
hommes. Ainsi, les femmes qui réussissent dans le business sont des
femmes qui ont assimilé une compétitivité et un goût
au risque supérieur à la moyenne des femmes. Selon ces
économistes, les hommes ont des caractéristiques qui sont
naturellement plus enclines à l'entrepreneuriat telles que la
combativité ou la recherche de pouvoir, et c'est en les adoptant que les
femmes répondront au profil entrepreneurial recherché par les
banquiers, et que des prêts leurs seront plus facilement accordés.
Les banques doivent revoir leur comportement et leur critères de
sélection de projet pour être moins discriminatifs et plus
transparents, mais c'est aussi femmes de revoir leurs ambitions et leurs
motivations à la hausse, pour promettre un développement accru de
leur entreprise, et donc accéder à de plus gros financements.
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II Résultats des études quantitatives et
qualitatives
Afin de répondre au mieux à notre
problématique qui repose sur l'identification des éléments
qui expliquent les différences de financement bancaire entre hommes et
femmes, et qui confèrent aux femmes un financement inférieur
à leurs homologues masculins, nous allons comparer les critères
de choix des banquiers quant aux entreprises qui seront ou non
financées, avec les difficultés de financement effectivement
rencontrées par les femmes. Cette comparaison nous permettra de
constater les ruptures entre les critères énoncés par les
prêteurs, et les faits, et de révéler une éventuelle
discrimination vécue par les femmes entrepreneures face à leurs
homologues masculins quant à l'accès aux prêts
bancaires.
En effet, nous cherchons à déterminer si les
femmes répondant aux critères des banquiers reçoivent
effectivement leur financement plus facilement que les femmes dont les
caractéristiques sont moins conformes aux attentes des banquiers. Le but
de cette étude est également de confirmer ou non les
différents éléments énoncés dans les
littératures qui traitent le sujet, et dont nous avons parlé
ci-dessus.
Pour cela, une étude quantitative a été
réalisée auprès d'un échantillon de trente femmes
entrepreneures, et nous permettra d'acquérir une vision d'ensemble des
motivations, des qualités et des objectifs de ces femmes ; puis de
déceler les difficultés récurrentes à
l'étape de recherche de financement que rencontrent les femmes
créatrices d'entreprises. Je précise que cet échantillon
n'est pas représentatif et que les résultats doivent donc
être considérés pour l'échantillon choisi. Cette
étude a été réalisée à partir d'un
questionnaire de 44 questions (cf. annexe) composé de questions
fermées, de questions numériques, de questions ouvertes et de
questions à choix multiples. Les créatrices d'entreprises ont
répondu de la manière la plus sincère possible sur leur
vécu et leur expérience personnelle.
Une seconde étude a été
réalisée auprès de 3 banquiers spécialisés
dans le crédit aux entreprises, chacun d'eux issu de banques
différentes (Banque populaire, Caisse d'épargne et une
troisième anonyme). Afin que les banquiers soient les plus neutres et
les plus fidèles à la réalité possible dans leurs
réponses, cette étude leur a été
présentée dans un contexte de création d'entreprise en
général et non spécifique à celui des femmes. Le
but de cette étude qualitative est de comprendre les critères de
choix des banques pour l'acceptation d'un prêt bancaire. Cette
étude a été réalisée à partir d'un
questionnaire de 23 questions, et
Université Catholique de LYON - ESDES 35
complétée par les témoignages et
déclarations de ces banquiers, qui apporteront l'aspect qualitatif de la
recherche.
Les résultats de ses études sont donc
présentés dans cette deuxième partie de mémoire,
accompagnées des différentes observations qu'on peut effectuer
depuis les résultats bruts. Nous allons traiter ces résultats
dans l'ordre des questions administrées aux femmes entrepreneures. Pour
chaque grande partie, nous observerons les attentes des banquiers et leurs
critères de choix des entreprises à financer, puis nous
étudierons les expériences vécues par les femmes
entrepreneures sur le même thème. Ce procédé nous
permettra de constater des premières observations quant à la
réponse aux critères de sélection des banquiers par les
femmes entrepreneures.
1. Origine de l'entreprise
La première partie du questionnaire administré
aux femmes repose sur les différents éléments qui ont
poussées ces femmes à entreprendre. Nous avons à ce titre
abordés les questions du type d'entreprise qu'elles ont
créée, de la date de création et de leurs motivations
à se lancer dans la création d'entreprise.
Nous avons parallèlement demandé aux banquiers
de sélectionner, parmi une liste prédéfinie, les
motivations à entreprendre des créateurs ou repreneurs
d'entreprises qui les convainquent le plus à accorder un prêt.
Nous leur avons enfin demandé quels types d'entreprise (secteur
d'activité, statut etc...) leur banque accepte
généralement le plus de financer.
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a. Origine d'entreprise recherchée par les
banquiers
Le premier tableau nous présente les types de
créations (ex-nihilo, reprise d'une entreprise familiale ou reprise
d'une autre entreprise) qui ont été citées comme
étant les plus facilement financés par les banquiers. Le banquier
de la Banque Populaire a choisi de ne pas répondre car il estime que sa
banque finance la création d'entreprise quelle que soit sa forme.
On remarque ici que la création ex-nihilo est le type
d'entreprise où la décision de financement est la plus difficile
à prendre par les banques, puisqu'elle arrive en troisième
position pour les deux experts en financement d'entreprise. La reprise d'une
entreprise non familiale est à l'inverse le type d'entreprise le plus
facile à financer par les banques.
Le graphique qui suit nous présente les motivations
à entreprendre qui, énoncées par le porteur de projet,
sont les plus appropriées pour convaincre les banquiers de lui accorder
un prêt.
Motivations à entreprendre
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On remarque que trois motivations ressortent principalement
puisqu'elles ont été énoncées par deux des trois
spécialistes. Ainsi, les entrepreneurs qui créent leur entreprise
par besoin d'autonomie professionnelle, par besoin d'accomplissement personnel
ou par croyance en un produit ou service se voient plus facilement obtenir leur
prêt (66,7%).
D'autre part, les personnes qui créent leur entreprise
pour le fait de raisons familiales, par influence de l'entourage, à
cause de possibilités d'évolutions limitées, parce qu'ils
sont demandeur d'emploi, parce qu'il y avait des conflits dans l'emploi
précédent ou à cause d'un déménagement, sont
moins enclins à se voir accorder un prêt de par leurs motivations
à entreprendre.
Il est intéressant de remarquer que les facteurs
d'attraction sont les seuls motivations citées comme étant
convaincantes par les banquiers, alors que les facteurs de répulsion ne
sont eux jamais cités. Les banquiers cherchent donc des entrepreneurs
qui ont choisi de créer leur entreprise par envie, par conviction et non
par obligations.
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