II/ Observations des loisirs traditionnels
Cette partie est consacrée à l'analyse
descriptive des observations effectuées en club. Pour des raisons
évidentes, l'identité des enseignants et des élèves
observés et décrits ci-après ne sera pas
dévoilée, ainsi que les clubs dans lesquels se sont
déroulées les observations... Comme pour la première
partie, nous verrons pour chaque observation, les points importants
dégagés dans l'entrainement d'hommes, puis de femmes, et enfin
nous essayerons d'établir des liaisons et/ou contre-liaisons qui peuvent
apparaître avec le discours de la Fédération
Française de Tennis. Pour des raisons de temps, seules deux observations
de club ont pu être retranscrites.
Quatrième observation :
L'observation ici était celle d'un jeune enseignant,
tout juste diplômé d'état, âgé de 20 ans.
Celui-ci enseigne dans une moyenne structure, club comprenant environ 350
adhérents. J'ai dans un premier temps, observé une séance
d'entrainement de quatre hommes âgés de 30 ans environ, dans le
cadre d'un cours collectif adulte hebdomadaire d'une heure. Les joueurs sont au
niveau perfectionnement, ils sont non-compétiteurs. Ce jour-là,
les objectifs étaient essentiellement tactiques. L'enseignant a un
volume de voix normal, assez dynamique. Les consignes sont données entre
les phases de jeu et de manière collective, jamais pendant. J'ai
constaté beaucoup de feedbacks positifs et d'encouragements pendant les
phases de jeu (« c'est bien ça », « parfait »,
« bien joué, continues »...). Les exercices observés
étaient basés sur des phases « au panier » en
début de séance, puis surtout des points. L'enseignant favorise
la continuité du jeu plutôt que les aspects techniques, on
pourrait interpréter cela comme une adaptation au public « loisir
» observé. Les élèves participent activement et
engagent même parfois des conversations extérieures au tennis.
L'enseignant garde une certaine distance relationnelle avec les
élèves. Celui-ci est majoritairement placé derrière
les joueurs, assez éloigné d'eux. Le regard est porté sur
le jeu, la distance prise avec les joueurs pourrait être
interprétée comme si l'enseignant souhaitait avoir une vision
plus globale du jeu et du terrain. Je constate peu d'individualisation dans les
consignes, davantage pour les encouragements.
J'ai par la suite, observé ce même enseignant sur
un groupe de six femmes âgées entre 30 et 45 ans, jouant à
un niveau perfectionnement, début de compétition. Celles-ci
étant joueuses d'équipe pour le club, l'entrainement
observé avait pour objectif la préparation de matchs. Comme pour
les hommes, le volume de voix est normal, mais cette fois-ci un peu plus
dynamique. Les consignes sont davantage individualisées. Celles-ci
apparaissent, même pendant les phases de jeu, et marquent un suivi des
joueuses permanent de l'enseignant. J'ai constaté beaucoup
d'encouragements également. Là encore, l'enseignant souhaite une
continuité du jeu, que les joueuses puissent frapper le plus de balles
possibles. La participation
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
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des femmes est moins active que les hommes, on
décèle plus de conseils de l'enseignant par rapport aux joueurs
observés auparavant. De manière générale,
l'encadrement est plus marqué, notamment sur le plan technique.
L'enseignant est placé derrière les joueuses, relativement proche
pour avoir l'occasion de corriger si besoin.
Plusieurs points importants sont à relever concernant
les parallèles louables avec la FFT. En effet, l'encadrement des femmes
est plus marqué, plus dynamique que celui des hommes. L'enseignant
conseille davantage les joueuses, individualise plus. Le comportement des
femmes correspond au discours tenu par la fédération, en ce sens
qu'elles sont plus « effacées », davantage sujettes à
l'anxiété et au doute, davantage en besoin d'encouragements que
les hommes. Néanmoins, subsistent beaucoup de similitudes, à tel
point qu'une observation sans grille de critères et sans un oeil averti,
pourrait ne rien donner à dire concernant les différences qui
apparaissent. Les différences observables apparaissent bien plus nettes
dans les séances d'entrainement de la Ligue de l'Essonne de Tennis.
Cinquième observation :
L'entraineur observé ici est un homme de 50 ans,
directeur sportif et technique d'un club comprenant environ 350
adhérents, donc moyenne structure. L'enseignant dispose d'une grande
expérience, puisque il a été directeur technique d'un
autre club auparavant. Il est titulaire du Diplôme d'Etat
Supérieur, équivalent au BE2. Dans un premier temps,
l'entrainement d'un cours collectif adultes hommes a été
observé, cinq élèves étaient présents, tous
âgés d'environ 40 ans et pratiquant le tennis à un niveau
perfectionnement, non compétiteurs. La séance observée est
hebdomadaire, une heure par semaine. L'enseignant a un volume de voix normal,
très dynamique. Il apparaît un flow continu de paroles.
L'enseignant fait beaucoup de blagues mais reste très exigent sur les
consignes techniques. Il exige une écoute quasi permanente. Les
exercices sont d'une difficulté particulièrement
élevée proportionnellement au niveau des joueurs. Les termes
employés sont généraux, bien que spécifiques
parfois sur quelques situations d'exercice. Les élèves sont
très actifs, discutent beaucoup entre eux et avec l'enseignant. Celui-ci
est systématiquement placé sur le côté du terrain,
toujours très proche des joueurs avec des interventions très
fréquentes voire continues. Le regard est porté sur le jeu, le
saut de balles est toujours à proximité comme pour montrer une
disponibilité et une implication permanente aux élèves.
Ce même enseignant a été observé
sur un groupe de trois dames âgées de 20, 30, et 50 ans, toutes
pratiquantes au niveau initiation, débutantes. L'entrainement est
hebdomadaire, une heure par semaine. Cette fois-ci l'enseignant parle fort,
toujours aussi dynamique. Le langage verbal employé est familier.
Beaucoup d'informations et de consignes sont données en dehors et
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femmes dans le système fédéral du tennis français
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femmes dans le système fédéral du tennis français
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pendant le jeu. L'enseignant fait des blagues, on pourrait
même y déceler une dimension « d'animation » avec un
discours parfois extérieur au tennis. Les termes employés par
l'enseignant sont très généraux, très
imagés, afin de permettre la compréhension des consignes
techniques par toutes.
Les consignes sont générales, une
individualisation apparaît durant le jeu, celle-ci n'étant pas
répartie également entre les joueuses. Les situations d'exercice
sont dîtes « au panier »52, les joueuses passent
chacune leur tour. Quelque soit la situation d'exercice, l'enseignant engage
toujours le jeu. Celui-ci questionne beaucoup les joueuses, il est d'une grande
exigence. Contrairement aux hommes, les élèves sont très
« effacées » et participent peu sur le plan verbal. On
pourrait penser à un certain manque de confiance en elles. Celles-ci
acquiescent la plupart des consignes, elles expriment un besoin de jeu.
L'enseignant utilise fréquemment des exercices correctifs, relatifs
à la notion de « tennis évolutif » mise en place par la
Fédération Française de Tennis. Comme pour les joueurs,
l'enseignant est toujours placé sur le côté du terrain,
proche des joueurs. Il est très présent aussi bien physiquement
que verbalement. Comme pour les hommes, l'enseignant a toujours le saut de
balles à proximité, prêt à engager. Les
élèves ne sont jamais en autonomie.
Si d'une manière globale, peu de différences
d'attitude chez l'enseignant sont visibles de l'entrainement des hommes
à celui des femmes, quelques points spécifiques font l'objet
d'une différenciation. En effet, avec les femmes l'enseignant utilise
davantage des exercices correctifs relatifs au tennis évolutif,
fortement conseillé par la FFT. Une individualisation des consignes
techniques pendant le jeu est visible, mais peu ou pas répartie de
manière égale sur chacune d'entres elles. On décèle
dans les observations, une dimension « d'animation » plus importante
chez les femmes avec un souhait de l'enseignant d'amener un côté
ludique dans la séance. Les termes employés par l'enseignant avec
les femmes sont plus généraux, compréhensibles par tous,
même les plus novices. J'ai pu constater que les femmes sont moins
participatives que les hommes, plus sujettes à un manque de confiance en
elles. Il me semble tout de même important de souligner que peu de
différences apparaissent dans le comportement général de
l'enseignant, quelque soit le sexe des élèves, celui-ci se place
et déplace de la même manière, toujours sur le
côté du terrain, proche des joueurs avec le saut de balles
à proximité. Le fait que l'enseignant ait une cinquantaine
d'années, avec une expérience solide, suggère une
méthode de travail et un code de conduite déjà bien acquis
et difficilement transposable et/ou modifiable.
52 La notion d'exercices « au panier
» signifie que l'enseignant engage la balle pour débuter
le jeu et les élèves passent chacun leur tour pour une
individualisation des consignes techniques.
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