C.
L'Organisation Sociale de Wazzang-Kalliao
Elle concerne ici la tradition et la religion des villages, la
vie socioprofessionnelle, l'habitat et l'accès au foncier.
1. Organisation traditionnelle
et religieuse des villages
Les villages de Wazzang-Kalliao sont regroupés en deux
cantons dont les chefs-lieux sont à Wazzang et à Kalliao-Centre.
Ces cantons ont à leur tête un chef de deuxième
degré appelé « Lawane ». Il représente
l'administration auprès de la population. Ce chef est assisté
dans l'exercice de ses fonctions par des notables. Au niveau des villages,
l'administration est assurée par le « djaoro».
La population est répartie dans une mosaïque de
groupes ethniques dont les principaux sont : les Mofu, Gijiga, Peulhs et
de plus en plus les Magda, Ouléma, Koupouri, Mondant, et quelques autres
ethniques du Cameroun majoritairement fonctionnaires. L'autorité est
tenue par le père dans tous les clans. Il est représenté
en son absence par son fils ainé ou sa première femme qui est
aussi la conseillère du ménage. La coutume des peuples Mofou et
Guiziga est marquée par les rites du mariage. Ce dernier entraîne
la création d'une nouvelle unité économique (de production
et de consommation), et d'une nouvelle unité de reproduction biologique.
Ce ne sont pas deux individus seulement qui sont directement concernés
par le mariage, mais parfois deux villages, et en tout cas deux groupes de
parentés. Seul le mariage permet au jeune homme ou jeune fille de
devenir socialement des adultes. En fondant une nouvelle unité de
production, ils deviennent économiquement indépendants de leurs
parents, cette indépendance économique entrainant à son
tour une indépendance sociale. Les nouveaux mariés ne sont pas
bien sûr dégagés pour autant de leur devoir de respect et
même d'obéissance à l'égard de leurs parents,
toutefois, dans la mesure où ils n'habitent pas dans la même
« Hay » ou maison que leurs parents, et doivent assurer
leur propre survie en cultivant leurs propres champs, l'autorité
parentale aura de moins à moins l'occasion de se manifester.
C'est ici le nombre de femmes et d'enfants qu'il aura pu
capitaliser par le mariage qui déterminera en grande partie la richesse
d'un individu et son prestige au niveau de son village et de son lignage comme
l'avait démontré Beauvilan (A. Beauvilan, 1989 : 100).
Les critères d'homogénéité interne
sont la langue, à quelques exceptions près, l'organisation
sociopolitique, certains aspects de la culture matérielle et religieuse.
C'est aussi l'endogamie. En effet, dans les années 60, selon les
études de A. Podlewski en 1966, environ 95% des épouses
appartenaient à l'ethnie de leurs mari, depuis lors ; les mariages
interethniques tendent à se développer (A. Hallaire, 1991 :
54).
L'organisation sociale de Wazzang-Kalliao est aussi
marquée par l'appartenance religieuse des populations. Le type
d'organisation et le lieu de rencontres sont fonctions du groupe auquel on
appartient. Ces groupes religieux sont musulmans, chrétiens et
animistes. Ces différents groupes sont nettement engagés dans la
voie du développement et en sont même devenus les
éléments moteurs.
|