VI. PROBLEMATIQUE
Les résultats des projets
de lutte contre la désertification entrepris depuis plus de quarante ans
dans le Sahel ont été pour le moins mitigés, malgré
les bonnes volontés et les moyens financiers mis déployés.
Les causes des échecs de ces projets sont multiples et aussi
variées que la diversité des cas de figure, chaque projet
étant quasiment unique en son genre en ce qu'il a d'acteurs, de contexte
et de contraintes spécifiques. Cependant, s'il y a une constante dans la
plupart des projets mis en oeuvre dans la région de l'extrême-nord
comme dans le monde rural au Cameroun, c'est probablement que la
démarche technique, voire techniciste, a été
privilégiée par rapport à l'approche sociale. On a
planté des arbres suivant les meilleures techniques enseignées,
construit des ouvrages, introduit de nouvelles emblavures. On a d'abord
réalisé des travaux en régie, en payant la main d'oeuvre
locale. Par la suite, on a décidé (à la place des
populations) qu'elles doivent être impliquées : C'est
l'ère de l'implication des populations. L'observateur notera une
évolution très positive des décideurs et des
planificateurs, et leur prédisposition à désormais compter
avec les populations.
Le Comité Diocésain de Développement
à Maroua a mis sur pied le Projet de Lutte Intégrée contre
la Désertification (PLID) dans ce contexte, avec pour ambition de
susciter l'adhésion du plus grand nombre. La question qui se pose est de
savoir s'il suffit seulement d'impliquer les populations pour s'assurer de la
réussite du projet. En d'autres termes, s'agit-il de convaincre les
populations d'adhérer aux objectifs des projets, ou de les amener
à s'en approprier? Nous allons pousser la réflexion encore plus
loin sur PLID dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao, en nous demandant
si le capital social peut aider les membres de la communauté à
s'approprier le projet et si tel est le cas, dans quelle mesure?
VII. HYPOTHESES
Pour donner une réponse provisoire à cette
question, nous retiendrons une hypothèse principale de laquelle
découlent deux hypothèses secondaires.
Hypothèse principale
Le capital social favorise l'implication des membres de la
communauté dans les activités du projet, mais cette implication
est limitée par leur niveau d'accès aux ressources du projet, et
leur comportement basé sur les principes de sélection et de
détournement du projet.
Hypothèses secondaires
1. Le fort développement des réseaux sociaux
informels dans la communauté a facilité aux populations,
l'accès aux ressources du projet.
2. Le niveau de confiance élevé dans la
communauté n'a pas limité les principes de sélection et de
détournement des activités du projet par les
bénéficiaires.
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