VIII. CADRE METHODOLOGIQUE
A. Grille d'analyse
Nous avons adopté le modèle interactionniste
pour expliquer de manière synchronique et rendre compte des
stratégies et tactiques des bénéficiaires du projet PLID,
en fonction de leurs buts et de leurs pouvoirs ou ressources (Grawitz,
2001 :773). Mise au point vers 1950 par l'Ecole de Chicago, la
méthode interactionniste permet de comprendre que les interactions qui
se produisent au sein de la société traduisent les idéaux
ou les valeurs qui lui confère non seulement la cohésion, mais
aussi les oppositions d'intérêts qui entrainent les tensions,
modifient l'équilibre des rapports sociaux et déterminent le
rythme du progrès social (Grawitz, 2001: 321). Elle permet d'analyser la
construction de l'ordre social en insistant sur son caractère dynamique,
négocié et sans cesse réadapté par des
savoir-faire, des conflits, des divergences d'intérêts, en faisant
attention aux rôles des sujets marginaux ou déviants. Elle permet
de lire la voie de développement comme étant le domaine de
la pluralité caractérisé par un ensemble de conflits et de
coalitions entre différentes groupes d'acteurs, suivant des
règles du jeu nés des accords entre ces groupes (Kiamba, 2010).
Pour atteindre leurs objectifs, les acteurs du PLID utilisent des tactiques et
des stratégies.
Nous avons aussi fait appel au modèle
stratégique, pour étudier les relations de pouvoir dans la
communauté. Elle rejette toute idée de déterminisme
structurel ou social car, il n'y a pas de systèmes sociaux
entièrement réglé ou contrôlé. Les acteurs
individuels ou collectifs qui les composent ne peuvent jamais être
réduits à des fonctions abstraites et désincarnées.
Dans la communauté, les acteurs individuels ou collectifs en groupe,
malgré les contraintes que leur impose le système, disposent
d'une marge de liberté qu'ils utilisent de façon
stratégique dans leur interaction avec les autres. Ils créent des
zones d'incertitudes, face aux contraintes organisationnelles et
fonctionnelles. La persistance de cette liberté défait les
réglages les plus savants (Crozier et Friendberg, 1997 : 25).
Pour bien cerner le rôle du capital social dans
l'appropriation du PLID, nous avons complété les deux
précédentes approches par l'approche macro et méso
à travers des méthodes multiples. En effet, d'après une
recherche approfondie du Projet de Recherche sur les Politiques (PRP), il
existe trois grandes échelles pour l'étude du capital social qui
sont l'approche micro, l'approche macro, et l'approche méso (PRP, 2005).
L'approche macro est centrée sur la valeur d'intégration et de
cohésion sociale du capital social, mettant l'importance sur les
structures sociales et politiques d'une collectivité qui favoriseraient
un environnement de confiance et réciprocité pour la
participation civique (Grootaert, Narayan, Jones, Woolcock, 2004). Elle
s'intéresse aussi au capital social en tant que bénéfice
de l'ensemble de la communauté. L'approche méso est quant
à elle centrée sur la valeur instrumentale du capital social
comme mobilisateur et producteur de ressources comme l'information. Elle
s'intéresse aux structures qui favorise la coopération au sein
d'une communauté pouvant ainsi bénéficier autant
l'individu que le groupe (Paldam, 2000; PRP, 2005 : 25).
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