Gestion de l'information en période d'urgence. Etude comparative des stratégies de communication d'OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies) et le comité international de la Croix-Rouge( Télécharger le fichier original )par Claire Clarisse MUAMBA KUMANDE Institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Licence 2008 |
CHAPITRE TROISIEMEETUDE COMPARATIVE DES STRATEGIES DE COMMUNICATION DU COMITE INTERNATIONAL DE LA CROIX-ROUGE ET D'OCHALa présente partie porte sur l'étude comparative des stratégies de communication du CICR et celles d'Ocha. Ainsi, nous aurons comme tâche d'analyser premièrement les stratégies de communication de chaque organisation séparément, avant d'établir une comparaison en se référant à la théorie que nous avons adoptée comme base de notre recherche. Section I. Protocole méthodologiqueNotre étude est partie du constat selon lequel les organismes humanitaires utilisent différentes stratégies de communication dans la gestion des urgences auxquelles ils sont confrontés. C'est ainsi que nous avons pris comme centre d'étude le Comité International de la Croix-Rouge et Ocha ; afin de mener une étude comparative de leurs stratégies de communication. Pour comprendre l'efficacité de leurs actions, nous nous sommes posé la question selon laquelle : quelles stratégies de communication les deux organismes utilisent en période d'urgence ? Comme hypothèse, nous avons soutenu que les deux organismes utilisent les techniques de la communication de crise. Notre travail consiste donc à présenter les stratégies de communication du CICR et d'Ocha. Nous utiliserons la méthode analytique, afin d'analyser les deux stratégies de communication de deux organismes, ainsi que la méthode comparative qui nous permettra de déterminer entre les deux organismes lequel utilise les stratégies efficaces. Nous utiliserons comme techniques l'analyse documentaire et les interviews.
Section II. Les stratégies de communication du Comité International de la Croix-RougeLe Comité International de la Croix-Rouge est une organisation oeuvrant dans le domaine humanitaire. Sa mission est de protéger et assister les victimes (civiles et militaires) des conflits armés nationaux et internationaux ainsi que les violences internes. Il est également le gardien et le promoteur du Dih. Selon son mandat, le CICR est une organisation d'urgence, appelée à travailler dans les situations de crise provoquées par les conflits armés. Son intervention ne vise donc pas un bénéfice, mais tient à protéger la dignité des personnes. Ainsi, comme toute organisation, le CICR organise une communication envers ses publics cibles. Cependant, cette communication est dite « opérationnelle », car en tant qu'acteur humanitaire, le CICR communique en rapport avec ses opérations ou interventions sur terrain. Pour accomplir son mandat, le CICR a développé une stratégie de communication visant trois objectifs68(*) : 1. Améliorer la connaissance et la compréhension des activités du CICR en RD Congo dans le but de faciliter l'accès aux zones hébergeant les victimes et améliorer la sécurité des opérations du CICR. 2. Faciliter la gestion d'éventuelles crises et accompagner d'éventuels changements opérationnels et la couverture des nouvelles zones prioritaires. 3. Améliorer l'accès et le dialogue avec les parties aux conflits sur les problématiques liées à l'impact du conflit sur les populations civiles dans le but de prévenir des violations du Dih et/ou de responsabiliser les parties aux conflits. Pour communiquer, le CICR a mis en oeuvre une approche intégrée. La communication est inclue dans différentes activités qu'elle mène en faveur des victimes, notamment : l'assistance et la protection des victimes, la réunification des familles à travers les messages Croix-Rouge, la promotion du Dih, l'aide aux personnes victimes des violences sexuelles, la visite des prisons, etc., afin de faire valoir ses activités auprès des personnes affectées par les conflits. En tant qu'organisation intervenant en période de crise, le CICR a mis en oeuvre les stratégies de communication qu'il juge simples et a adopté des outils culturellement adaptés aux publics cibles. Il définit ses priorités en rapport envers les publics visés et tient compte des relations à entretenir avec ces publics. Cependant, ces publics sont d'une catégorie précise : il s'agit de toute personne susceptible d'entraver ou de faciliter les actions du CICR. C'est le cas notamment des principaux groupes des porteurs d'armes69(*), les acteurs d'influence tels que les autorités politico - administratives, les leaders communautaires, la société civile, les universités, la presse, la société nationale de la Croix-Rouge RDC. I.1. Stratégies de communication envers les groupes des porteurs d'armesEn tant que promoteur et gardien du Dih ; le CICR tient régulièrement des rencontres avec les groupes des porteurs d'armes, toutes catégories confondues. Cette démarche est menée pour plusieurs raisons. D'une part, selon la constitution de la République Démocratique du Congo, l'armée a pour rôle d'assurer l'intégrité territoriale et défendre le pays contre les agressions extérieures, tandis que la police et les services de sécurité quant à eux assurent la protection des institutions démocratiques et maintiennent l'ordre public sur toute l'étendue du territoire. D'autre part, de ce qui précède, comme l'a dit Larry Diamond70(*) : « éduquer une armée au respect des droits de l'homme c'est construire une armée citoyenne, qui sait qu'elle n'existe que par rapport aux citoyens dont elle doit protéger la vie, l'existence et les droits ». Il découle clairement que les hommes armés ont besoin d'une éducation saine devant leur permettre d'intérioriser les exigences de la culture du respect des droits de l'homme, du Dih, des quatre Conventions de Genève et leurs Protocoles Additionnels. A ce titre, envers ce principal public composé des officiers militaires, étant donné que la conduite des opérations militaires relève de leur responsabilité fondamentale, le CICR a utilisé comme stratégie de communication, au cours de l'année 2008, des séances de diffusion sur le CICR et le Dih sur toute l'étendue de la République. Animées par son Assistant à la communication Eddy Tshibasu ; le CICR a tenu notamment, au cours du premier trimestre, 16 séances de diffusion qui ont réuni au total 384 Officiers dans le Nord et Sud Kivu, avec comme principaux thèmes : l'origine du CICR et son mandat pendant les périodes de conflits. Ces séances ont eu comme objectif d'améliorer la sécurité du CICR dans les zones des conflits. 167 FDLR ont également été sensibilisés au cours de 5 séances de diffusion du Dih ténues dans les villages du Nord Kivu, sur les règles essentielles du Dih, dans l'objectif de prévenir ses violations et obtenir des participants l'engagement à respecter le Dih. Dans le Nord Kivu, 122 éléments du CNDP ont également participé à 3 séances de diffusion du CICR, avec comme thème : la mission du CICR pendant les conflits armés. A Kinshasa, l'Assistant à la communication a organisé 3 séances de diffusion qui ont réuni au total 201 officiers FARDC toujours au premier trimestre et ont porté sur le CICR et les Quatre Conventions de Genève, afin d'informer les participants sur ces traités dont la RDC est Etat partie. Au cours du deuxième trimestre, le CICR a sensibilisé 72 officiers FARDC ex miliciens, en Ituri, en Province Orientale, sur le rôle du CICR lors des conflits armés, en vue d'améliorer la sécurité de ses opérations. 158 officiers et sous-officiers FARDC de la province du Kasaï Occidental ont aussi été sensibilisés sur la mission du CICR dans les conflits. A Mbuji-Mayi, 120 officiers et sous-officiers FARDC ont eu 3 séances de diffusion avec le Chef de Bureau du CICR Kasaï Oriental sur les règles essentielles du Dih. 2 séances de diffusion ont été par ailleurs tenues à Matadi, dans le Bas-Congo, en présence de 48 officiers FARDC, autour du CICR et les Conventions de Genève. En menant ces activités de sensibilisation, le CICR tient à intérioriser que la guerre n'est pas une négation absolue de l'humanité des acteurs et des intervenants. Il apprend ainsi aux belligérants le respect des textes et lois dont la RDC est Etat partie. Ces traités impliquent donc le respect de la dignité des populations civiles et militaires, ainsi que la sécurité des acteurs humanitaires intervenants lors des conflits. Envers les officiers de la Police Nationale et le Service de sécurité, le CICR a tenu des journées d'information qui ont porté sur l'origine et le mandat du CICR, ainsi que les principes fondamentaux humanitaires, les droits des droits de l'homme, au Katanga, ainsi que les droits applicables lors des maintiens de l'ordre. A Lubumbashi, dans la province du Katanga, l'Assistant à la communication du CICR a tenu deux journées d'information qui ont réuni 514 officiers et sous-officiers de la Police Nationale au cours du premier trimestre. 160 officiers ont également été informés au cours de trois séances ténues à Kinshasa, par l'Assistant à la communication, alors que 150 officiers ont participé à une séance de diffusion tenue à Matadi dans le Bas-Congo. 75 agents de la Direction Générale de Migration ont aussi participé à une séance de diffusion sur le mandat du CICR à Mbuji Mayi dans le Kasaï Oriental, tenue par le Chef de bureau du CICR au cours du quatrième trimestre. Dans le Kasaï Occidental, 100 officiers de la police ont participé à une séance de diffusion tenue par l'Assistant à la communication du CICR, au troisième trimestre. * 68 Entretien avec Eddy Tshibasu, Assistant à la communication du CICR, le 15 aout 2009 * 69Il s'agit ici des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (Fardc), la Police Nationale Congolaise (Pnc), les services de sécurité et les autres groupes armés tels que le Congrès National pour la Défense du Peuple (Cndp), les maï maï, les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (Fdlr), et d'autres groupes armés. * 70 DIAMOND, L., Le rôle de l'armée en démocratie, Ed. Nouveaux Horizons, Paris, 2000, p. 10 |
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