IV.2 Stratégies pour
rendre effectif l'enseignement de la Culture nationale dans le Secondaire.
Tout changement occasionne toujours des réactions de
rejet de la part de ceux à qui il s'adresse. Ce qui demande aussi de la
part de ceux qui ont l'intention de promouvoir ce changement beaucoup de tact
et de prudence. En ce qui concerne l'introduction de la Culture nationale dans
le Secondaire, plusieurs obstacles doivent être brisés à
savoir l'obstacle psychologique et l'obstacle de la mondialisation.
IV.2.1 Obstacle
Psychologique
Lessivée par une école essentiellement
extravertie, la mentalité des Camerounais vis-à-vis de la Culture
nationale en a pris un coup. Les élèves et même les parents
pensent que aller à l'école est synonyme d'apprendre le
Français et/ou l'Anglais puis passer les diplômes et chercher un
emploi, l'adaptation des contenus des enseignements à la
réalité camerounaise important peu. Face à cette
mentalité, il faudrait donc une véritable campagne de
sensibilisation en direction des élèves, des parents, et
même de toute la communauté éducative afin qu'ils
comprennent la nécessité de la récupération de
notre patrimoine culturel à travers l'école.
Par ailleurs,le complexe de colonisé qui anime
certains Camerounais fait qu'ils sont plus prompts à relever les aspects
négatifs de nos valeurs culturelles traditionnelles qu'à en
rechercher la signification réelle et profonde. Or au stade actuel,il
est question de mettre à la disposition des jeunes les pratiques
traditionnelles telles qu'elles sont et non telles qu'on aurait voulu qu'elles
fussent. C'est d'ailleurs ce que pense Djobia dans la préface de
l'ouvrage de Manyi Njeukwe (2008 :6)
IL s'agit de sauver d'abord notre culture telle qu'elle
est ; la critique viendra après. Nos enfants veulent d'abord
connaître leurs langues et par ricochet leurs cultures d'origine pour
pouvoir les confronter plus tard aux valeurs étrangères et de se
forger une culture moderne et authentique.
Ceci signifie que l'heure n'est pas à la critique des
pratiques traditionnelles mais d'abord à leur appropriation.
Le second obstacle qu'il faut briser c'est celui du
piège de la mondialisation.
IV.2.2 Obstacle de la
mondialisation
Les technologies de l'information et de la communication
(T.I.C) ont permis à l'humanité certes de réaliser des
progrès considérables. Cependant, les pays africains en
général et le Cameroun en particulier, dans certains aspects de
la vie, sont plutôt des victimes : des cultures entières sont
ravagées, au nom des prétendues nouvelles valeurs venues de
l'occident à travers l'Internet, la télévision. Au nom de
la mondialisation, les repères de vie qui ont fondé jadis
l'existence des peuples sont en train de s'effondrer sans qu'on ne les remplace
véritablement par d'autres. Tout ceci pour dire que l'introduction de la
Culture nationale dans l'Enseignement Secondaire passe par une maîtrise
raisonnée des TIC qui ne devront être perçues, comme leurs
noms l'indiquent, que comme des instruments d'information et de communication
et non des instruments du suicide culturel. Et comme l'exprime si bien Djobia
dans la préface de l'ouvrage ci-dessus cité,
La traite négrière, la colonisation,le
néocolonialisme,la mondialisation sont autant d'épreuves
endurées par le continent africain depuis des siècles et qui ont
laissé des séquelles très néfastes dans plusieurs
domaines de la vie africaine. Le domaine culturel, puisqu'il est le plus
englobant et le plus sensible quant à l'identité d'un peuple,
s'avère être le plus touché par toutes ces formes de
colonisation.
La mondialisation a créé le village
planétaire où les plus faibles et les plus vulnérables
consomment à longueur de journée la culture des grandes
puissances. Les mentalités, les pratiques économiques, politiques
et culturelles sont dictées par ces derniers ; en
conséquence l'aliénation culturelle des pays de la
périphérie s'accentue chaque jour. L'introduction de la Culture
nationale dans les programmes et son enseignement effectif au Secondaire
apparaissent donc comme une panacée à cette course
effrénée vers la mondialisation, dévastatrice des
cultures.
|