1.2. Historique de la recherche infirmière
En 1945, le procès de Nuremberg mettait à jour
les atrocités commises par les médecins nazis durant la Seconde
Guerre Mondiale. Ceux-ci déclarèrent avoir travaillé pour
faire avancer la médecine et les progrès de la science.
Choquée, l'opinion publique découvrit avec effroi cette
réalité. Les américains, instigateurs du procès,
proposèrent alors différentes recommandations visant à
encadrer les essais cliniques. Ces recommandations intitulées Code de
Nuremberg furent officialisées en 1947. Elles tomberont rapidement dans
l'oubli tant l'Europe a encore des difficultés à accepter ce qui
s'est déroulé durant cette guerre.
7 CHAMPAULT G, SORDELET S, (1995), Le métier
d'infirmière : des études à la pratique, Paris, Masson (p
48)
En France, les essais cliniques restent au point mort pendant
de nombreuses années. En 1964, l'Association Médicale Mondiale
élabore la déclaration d'Helsinki. Celle-ci énonce
plusieurs principes éthiques destinés à protéger
les personnes se prêtant à la recherche biomédicale.
Malheureusement la France a pris du retard dans la mise en place d'une
réglementation en matière d'essais cliniques. Et c'est
véritablement avec la loi du 20 Décembre 1988 dite loi
HURIETSERUSCLAT relative à la « Protection des Personnes qui se
prêtent à des Recherches Biomédicales » que la France
légifère en matière d'essais cliniques alors que certains
étaient déjà menés dans des établissements
de santé, sous la supervision de médecins, sans véritable
cadre légal.
A partir de ce moment-là, la France et l'Europe
n'auront de cesse de faire évoluer ces lois pour encadrer de
manière de plus en plus précise et sécuriser une recherche
sur l'être humain.
1.2.1. Et les IADE ?...
A la fin du XIXème siècle, l'anesthésie
n'était pas encore une discipline médicale reconnue, mais
plutôt comme une activité périphérique de la
chirurgie.
A cette époque, l'infirmière
anesthésiste la plus connue est Alice Magaw, qui travailla à
l'hôpital Ste Mary, sous l'impulsion des frères Mayo. A ce titre,
le docteur Charles Mayo conféra à Alice Magaw le titre de «
mère de l'anesthésie », notamment pour sa maîtrise de
l'hypnose associé au chloroforme ou à l'éther, afin d'en
diminuer les doses, et les risques associés, inaugurant de cette
façon la technique de l'hypno-sédation.
Alice Magaw élargit le rôle de
l'infirmière anesthésiste clinicienne afin d'inclure
l'enseignement, le tutorat et la recherche. A une époque où
l'anesthésie était plus crainte que la chirurgie elle-même,
Alice Magaw démontra que l'intégration des principes de soins
infirmiers dans le processus de l'anesthésie pouvait réduire les
appréhensions des patients et améliorer la sécurité
de l'anesthésie. La première recherche clinique infirmière
réalisée par une infirmière anesthésiste
était faite.
Dans le même temps, elle invente «
l'evidence-based practice ». Elle publie ses résultats
d'anesthésie dans les revues médicales, et présente ses
données bien avant l'existence de sociétés
médicales. En 1906, elle publie notamment une étude sur
l'utilisation de l'éther sur 14000 anesthésies sans
décès imputable à l'acte anesthésique
lui-même8.
8 Surg., Gynec.&Obst.3 :795, 1906
Elle a également publié de nombreux articles,
dès 1899, mais la plupart ignorées du fait de son statut
d'infirmière.
Dans la première moitié du XXème
siècle, toujours aux Etats-Unis, les infirmières
anesthésistes pouvaient enseigner dans les facultés de
médecine, comme Agnes McGee, ou Alice Hunt, qui enseigna à Yale
University School of Medicine à partir de 1922, et ce pendant 26 ans.
Alice Hunt publiera en 1949, un livre intitulé Anesthesia,
Principles and Practice, le premier ouvrage écrit par une
infirmière anesthésiste.
|