1-2-4-3 La résilience des territoires
La résilience organisationnelle et la résilience
urbaine que nous avons exposées correspondent à des
stratégies ciblées sur un seul niveau systémique (groupe
humain organisé ou ville).
La résilience des territoires, aussi appelé
Ç résilience territoriale È, à la vertu
d'être plus générale et d'intégrer plusieurs niveaux
:
- les organisations (entreprises, administrations,...)
- les infrastructures et réseaux (de
télécommunication, d'électricité, d'eau,É) -
les zones urbaines (villes et métropoles)
- les espaces ruraux (bassins versants, massifs forestiers,
littoraux,É)
Comme nous l'avons vu (1-2-2), les territoires sont
liés aux risques majeurs de part la connaissance collective des risques,
et les Çclefs de voUteÈ des risques. En suivant ces deux
facteurs, la résilience des territoires peut donc s'adapter aux
différents niveaux. Cette conception permet ainsi de traduire
l'embo»tement des niveaux de résilience des territoires en suivant
le modèle des Ç poupées russes È.
L'embo»tement de ces différents niveaux constitue
un système complexe adaptatif. Le groupe de recherche multidisciplinaire
Ç Resilience Alliance »59 s'est
spécialisé dans l'étude des dynamiques de ces
systèmes complexes adaptatifs. Une méthode opératoire
comprenant quatre phases a ainsi été élaborée par
certains de ces auteurs. En appliquant cette méthode au système
ÇterritoireÈ, dont nous avons démontré la
pertinence pour les risques majeurs, nous pouvons esquisser le processus
d'élaboration d'une stratégie de résilience des
territoires.
Une stratégie de résilience des territoires
impose d'abord de bien définir le territoire, au niveau spatial et
historique, et de conna»tre les variables clés de son
évolution. Cette étape oblige à mobiliser des experts
à même de distinguer, pour un risque donné, les variables
contrôlables et les variables incontrôlables à
l'échelle locale. Par exemple pour un séisme il faudra associer
une expertise architecturale et urbanistique sur la résistance des
bâtiments, ainsi qu'une expertise géologique.
Au cours d'une deuxième phase, des experts sur la
dynamique des territoires, se penchent sur l'évolution du territoire
en tant que métasystème. C'est à dire qu'il leur
faut identifier chacun des systèmes techniques (réseaux et
infrastructures) et des systèmes
59 http://www.resalliance.org/
naturels (météo, ßeuve, massif
forestier,...), ainsi que leurs interactions pour pouvoir repérer les
comportements non linéaires et les seuils qui conduisent à des
changements brutaux. Ils établissent ensuite un ensemble de trajectoires
possibles et construisent ainsi quelques scénarios d'évolution
face à une catastrophe.
Pour finir, il faut considérer les comportements
humains face à une catastrophe. Ceux-ci sont des
phénomènes complexes liés à la psychologie, la
sociologie et la culture. Cependant, nous savons que le souvenir des
catastrophes passées, le retour d'expérience, et l'enseignement
de l'inattendu constituent des ingrédients qui intensifient la
résilience des territoires. Il est donc nécessaire
d'établir des mesures préventives à long terme
(information de la population, éducation, exercices d'évacuation)
et à court terme (gestion de la phase d'alerte) afin d'éviter
l'éclosion de comportements de panique, et de renforcer ainsi la
résilience du territoire.
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